N°10 - 2003
Sommaire
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Brésil
- Le Brésil de Lula et les défis de la gauche sociale (Ricardo Antunes)  

Palestine
- La Naqba de 1948 et son actualité
(Illan Pappé) 
                                                          

Etats-Unis
- Le militarisme, la guerre et la crise
du capitalisme (Claude Serfati)  
      

Sociétés transnationales
- Travail socialisé et appropriation
sociale (François Chesnais)
                

Suisse - Chômage et LACI
- Un projet au côur de l'offensive
patronale (Dario Lopreno)  
                  

Suisse- Enquête
- Le crescendo la précarisation
(Angelica Lepori)   
                                        

Suisse - Grève de la construction
- L'action directe légitimée
(David Gygax)   
                                                 

Socialisme en débat
- «Qu'est-ce que le socialisme-à-partir-d'en-bas ?» VI
(Hal Draper
)

A lire
- Détruire la Palestine, ou comment terminer la guerre de 1948
Tanya REINHART


Guerres: une norme...

C es jours, les inspecteurs de l'ONU débarquent en Irak. Les médias vont suivre leurs «prospections» et le degré se «soumission» du régime irakien. La «guerre en Irak» aura lieu - ou non - pour une «seule raison»: le régime de Saddam Hussein va-t-il satisfaire toutes les exigences des inspecteurs et de la résolution 1141, adoptée à l'unanimité par le Conseil de sécurité de l'ONU ?

On croit rêver ou cauchemarder. L'engagement d'une opération militaire de la plus grande puissance impérialiste du monde serait déterminé par le respect, ou non, d'une résolution de l'ONU...

Une première question: quel Etat pourrait, dans les trente jours, établir la liste des programmes nucléaires, biologiques et chimiques, y compris ceux qui n'ont pas de fonction militaire, mais pourraient en avoir une (article 3 de la résolution) ? On imagine le Département militaire helvétique établir un tel tableau, en un mois, avec l'aide de l'industrie chimique ! Et tout oubli - mesuré à l'aune des «informations» détenues par les Etats-Unis - sera considéré comme une violation de la résolution (article 4). Ce qui peut entraîner une «guerre préventive» ! Certains se rappellent «l'incident du Tonkin» - mise en scène par MacNamara en 1964 - pour justifier les bombardements massifs sur le Vietnam du Nord, un Vietnam qui paie encore le prix de cette dévastation. Or, comme le rappelait l'économiste Paul Krugman, en citant le Wall Street Journal et USA Today, les «services de renseignements sont poussés à biaiser délibérément leurs évaluations, afin de satisfaire à des considérations politiques»(New York Times,25.10. 2002).

On trouve ans cette résolution l'expression la plus arrogante de la domination de la plus grande puissance impérialiste, non seulement sur un pays, mais sur des régions et peuples entiers du monde. Le vote de la France de Chirac, au Conseil de sécurité, n'a fait que donner une couverture «légale» à une politique qui marque le retour au protectorat du début du siècle. La politique du gouvernement de la Suisse impérialiste - «si bien reçu pour son entrée à l'ONU»- est conforme à son passé: se mettre dans le sillage de la puissance impérialiste hégémonique, de façon pas trop visible, afin de ne pas perdre un centime.

Une deuxième question: pourquoi ne pas mettre en relation étroite le budget militaire entériné par le Congrès américain et les grandes manôuvres dont l'Irak - dans cette phase - est la cible ? Le Congrès a endossé un budget militaire se situant à hauteur de 355,1 milliards de dollars. La domination impérialiste - avec ses effets en termes de transfert de richesse et d'inégalité à l'échelle mondiale - ne relève pas de seuls mécanismes économiques. Elle a aussi, entre autres, des dimensions politiques et militaires. Parmi ces dernières, il faut mettre en lumière la volonté de secteurs puissants des élites dirigeantes américaines d'utiliser un armement nucléaire «miniaturisé».

Troisième question: au-delà du pétrole et de l'aide au vaste complexe militaro-industriel, une guerre contre l'Irak ne s'inscrit-elle pas dans un projet plus vaste ? La réponse est donnée par l'administration Bush et la machine idéologique mise en point pour mener, demain, cette guerre ; car il ne faut pas oublier ce que déclarait - le 10 novembre, après le vote du Conseil de sécurité - le secrétaire général de la Maison-Blanche, Andrew Cart: «Les Etats-Unis n'ont pas besoin de la permission de l'ONU.» La «guerre contre le terrorisme» permet de faire de la «guerre préventive» et du «changement de régime» une norme de la politique états-unienne. Car le «monde doit être sécurisé». Ce qui est l'autre facette des mesures sécuritaires prises dans l'ensemble des pays impérialistes. Le discours «démocratique» est, de plus, fonctionnel à un redéploiement dans le Moyen-Orient. Si un régime ne sert pas le dessein impérialiste, la démocratie type Afghanistan de Karzaï peut toujours être brandie. D'ailleurs l'Allemagne de Schröder ne vient-elle pas d'assurer une présence militaire plus ample en Afghanistan, alors qu'une anodine manifestation d'étudiants à Kaboul se solde par quatre morts.

Le mouvement contre la guerre est vraiment un mouvement pour «un autre monde». - C.-A. Udry

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