N°10 - 2003

Révision de la loi sur l'assurance chômage

Un projet au cœur de l'offensive patronale
Voir Licenciements: revue 2002

En 1997, le vice-directeur de l'OFIAMT (l'actuel Secrétariat à l'économie, Seco, du Département fédéral de l'économie), Volker Kind, se voyait infliger une amende de 500 francs par la Confédération, pour avoir «tenu publiquement des propos disqualifiants à l'égard des chômeurs». Il avait déclaré devant un parterre de patrons que les «deux tiers des chômeurs sont des fainéants ou des ivrognes»1. C'était quelques mois avant la victoire, en votation populaire, du référendum contre une diminution des indemnités de chômage.

Dans le contexte d'une campagne gouvernementale pour péjorer le statut des chômeurs et chômeuses, la Confédération n'a pas imaginé infliger une amende similaire au conseiller fédéral Pascal Couchepin - lui croit à l'action politique et le fait savoir, avec l'aide d'un philosophe, dans son ouvrage «Je crois à l'action politique». Il a pourtant affirmé craindre que les syndicats n'aient «lancé le référendum [contre la révision de l'assurance chômage]sous l'impulsion de chômeurs professionnels de La Chaux-de-Fonds».

Dario Lopreno

«Je fais partie de cette famille d'esprit qui déclare l'objectif au départ et qui cherche à l'atteindre», écrit Pascal Couchepin. Cela peut éclairer notre lanterne sur les motifs de cette nouvelle insulte officielle à l'égard des chômeurs et chômeuses. Et éclairer aussi les motivations de Pascal Couchepin & Co de balayer du paysage politique ces opposants coupables d'abus (puisqu'ils sont «chômeurs professionnels»)2 en leur infligeant une défaite décisive avec la révision de la LACI.

«Chaque jour nous apporte son lot d'incertitudes» 3...

Nous ne traiterons pas ici des changements intervenus suite à l'explosion du chômage au cours des années 1990. De même, nous n'examinerons pas en détail - car cela a été fait dans la presse - la révision de la loi sur l'assurance chômage votée le 24 novembre 4. Quant au congrès de l'Union syndicale suisse (USS), qui s'est déroulé du 24 au 26 octobre dernier, nous nous limiterons à souligner un point. Le Conseil fédéral, ministre social-démocrate en tête, se bat pour faire avancer la privatisation de La Poste. Dans cette perspective, à cette étape, il impose la restructuration des centres de tri du courrier. Elle impliquera 2000 à 3000 suppressions d'emplois. Et les salarié·e·s concernés manifestent une forte volonté de résistance, de grève. Or, des collègues du ministre social-démocrate qui sont à la tête de l'USS ont réussi à faire adopter par le congrès la décision de ne pas appeler à une grève simultanée dans les 18 centres de tri de La Poste ou à la soutenir activement. De ce fait, ils soustraient un appui - au moins public et médiatique - à une première lutte nationale contre la privatisation de l'ancienne régie fédérale5.

«A la sueur de son front»...

La Suisse est située au troisième rang - après le Luxembourg et les Etats-Unis - du club mondial des 30 pays les plus riches du monde regroupés au sein de l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), en termes de revenu par habitant en parité de pouvoir d'achat. En 1999 ou 2000 6, selon les données de l'OCDE, la Suisse a l'un des coûts du travail les plus élevés du monde (le 4e sur 19, après l'ex-Allemagne de l'Ouest, la Norvège et le Japon) et l'un des coûts de l'énergie les plus élevés (le 4e sur 17, après l'Italie, le Japon et le Portugal). Mais elle a aussi l'un des niveaux les plus bas de l'impôt sur les entreprises (le 13e, sur 17) ; l'un des plus hauts niveaux de bénéfice après impôts en pourcentage du chiffre d'affaires des entreprises multinationales (le 3e rang sur 14, après l'Espagne et la Suède) ; le 8e rang du ratio investissements directs étrangers dans le pays sur investissements directs du pays à l'étranger (après des géants comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne, le Japon) ; l'un des niveaux les plus bas en matière de dépenses de l'Etat. A ce propos, bien qu'entre 1970 et 2000 la part des dépenses de l'Etat - selon un calcul qui peut être contesté - en pourcentage du Produit intérieur brut (PIB) n'a cessé d'augmenter (passant de 26 % à 38 %), la Suisse n'en reste pas moins à l'antépénultième rang, sur 19, en 2000. Enfin, l'industrie suisse a l'un des temps travail les plus élevés (le 2e sur 18, après les Etats-Unis) ; sans même faire mention du temps de travail effectif des plus élevés, car le taux d'absentéisme est parmi les plus bas au monde et la densité du travail parmi les plus hautes. Le taux d'activité (personnes travaillant en pourcentage de la population de 15 à 64 ans) est le plus élevé sur 18 pays. Le taux d'activité féminin est au 4e rang, après la Norvège, la Suède et le Danemark). Quant au taux de travail à temps partiel, il atteint un record, seuls les Pays-Bas font mieux.

Comment synthétiser ces informations officielles ? On peut le faire en donnant la parole au Secrétariat à l'économie: la richesse de la Suisse «s'explique par l'intensité et l'ardeur au travail prodiguée par ses habitants», autrement dit la Suisse «gagne sa richesse à la sueur de son front, en travaillant beaucoup et en exploitant à un très haut niveau l'offre de travail. [...] on peut dire qu'en Suisse, la main-d'œuvre est moins productive que la moyenne, mais qu'elle est proportionnellement plus nombreuse et qu'elle travaille plus longtemps que la main-d'œuvre de la plupart des autres pays de l'OCDE» 7. On pourrait ajouter, à propos des «coûts du travail», que les études faites par la Banque des règlements internationaux (BRI) montrent que, depuis le milieu des années 1980, les coûts unitaires de main-d'oeuvre (la part du salaire dans chaque unité produite) ont décliné en Suisse à un rythme supérieur aux autres pays. Or, en termes de côuts du travail, c'est cette donnée qui intéresse avant tout le patronat. Elle ne fait que refléter «l'intensité et l'ardeur au travail» indiquées par le Seco.

Au centre de l'offensive pour la baisse des salaires

De ce point de vue, l'enjeu principal de la 3e révision de la LACI est clair: c'est l'intégration européenne ou, plus exactement, l'intégration européenne des salaires à la baisse, indépendamment des accords bilatéraux et de l'entrée ou non dans l'Union européenne (UE).

Les salarié·e·s de Suisse doivent déjà fournir une intensité au travail parmi les plus élevées qui soient. Le patronat est désormais décidé, afin d'accroître encore ses marges concurrentielles et bénéficiaires, à abaisser le niveau salarial général. Cette baisse ne doit pas seulement affecter les personnes touchant des bas salaires pour des travaux peu ou non qualifiés. Les salarié·e·s - nationaux, étrangers avec permis ou clandestins - travaillant dans des segments précarisés sont utilisés pour déstabiliser les mécanismes de fixation des salaires. Ce qui est visé, c'est aussi le niveau des salaires en vigueur dans des branches entières. Patronat et gouvernement visent à abaisser leur niveau moyen et les seuils salariaux à l'embauche.

Pour les employeurs et les actionnaires, l'objectif est de pouvoir jouer pleinement la carte de la «mondialisation»: c'est-à-dire la mise en concurrence des salariés - et de l'ensemble du système salarial: salaire direct, primes, salaire indirect, dépenses sociales - entre pays («marchés du travail nationaux») et régions du monde. A cela s'ajoute le mécanisme de concurrence entre entreprises à l'intérieur même de la Suisse, puisque la fixation des salaires se fait pour l'essentiel entreprise par entreprise, et de plus avec des différenciations salariales importantes à l'intérieur des entreprises.

La loi sur l'assurance chômage constitue un rouage essentiel de cette politique. Le chômage touche de façon brutale un nombre très important de salarié·e·s. Cette expérience reste traumatisante dans notre société: punition financière avec la diminution du revenu (allocation chômage), pressions légales pour accepter un travail dit «convenable» souvent moins bon que le précédent, humiliation de la prise en charge personnelle par un fonctionnaire, opprobre public au nom de la morale du travail.

Quant au nombre de personnes touchées, directement et indirectement, il est beaucoup plus important que les statistiques officielles ne le laissent penser. D'une part, le flux des personnes passant par un épisode de chômage est élevé. On peut calculer que pour une personne statistiquement recensée dans le «stock» de chômeuses et chômeurs, un mois donné, il y a en fait trois ou quatre personnes physiques différentes qui, sur une période de deux ans, vont connaître le chômage8. Illustration de ce raisonnement: de janvier à septembre 2002, on a compté en moyenne 93 935 chômeuses et chômeurs. Si l'on suppose que le nombre de chômeurs recensés restait stable - ce qui est loin d'être le cas, compte tenu de la vague actuelle de licenciements (voir p. 24) - cela signifierait que, sur une période de deux ans, quelque 330 000 personnes seraient passées par le chômage. D'autre part, le chômage affecte, de fait, tout le ménage du / de la salarié·e ou touché·e. Il met ainsi sous pression un nombre démultiplié de personnes, travailleurs, futurs travailleurs et retraités.

«Sans travail ou en sous-emploi»: 11,7 % de la population active

Le Seco annonce que le chômage a touché 101 889 personnes en septembre 2002. Pour le Seco, les chômeurs sont les «personnes annoncées auprès des offices du travail, qui n'ont pas d'emploi et sont immédiatement disponibles en vue d'un placement [...] qu'elles touchent, ou non, une indemnité de chômage»9.

L'Office fédéral de la statistique (OFS), quant à lui, nous donne d'autres indications: 120 000 personnes étaient sans emploi au printemps 2000 selon les critères du Bureau international du travail (BIT), c'est-à-dire qu'elles étaient sans travail et prêtes à prendre un emploi dans le mois. Mais, surtout, l'OFS ajoute à cette statistique celle des personnes en sous-emploi, c'est-à-dire, toujours selon les critères du BIT, les personnes à temps partiel souhaitant travailler davantage: elles étaient 357 000 au deuxième trimestre 2002 10.

Cette réalité est à mettre en rapport avec la formidable croissance du travail à temps partiel. Entre 1991 et 2001, le nombre de femmes employées à temps partiel a passé de 789 000 à 965 000, tandis que celui des hommes augmentait de 168 000 à 243 000. En 2001, il y avait ainsi 1 208 000 salarié·e·s à temps partiel, soit près d'un tiers de la population active. Une grande partie d'entre eux sont de fait des chômeurs partiels, pour des motifs divers: pas de choix face à une offre d'emploi à temps partiel, répartition des rôles entre homme et femme au sein du ménage, sous-qualification, etc.11 L'OFS lui-même laisse clairement entendre qu'une très grande partie de ce type d'emplois à temps partiel n'est pas le résultat d'un choix, mais de contraintes.

Ainsi, selon l'OFS, si l'on additionne sous-emploi et chômage, on arrive à un total de 11,7 % de la population active qui, à la mi-2002, était à la recherche d'emploi. Cela donne la vraie mesure de l'enjeu de la 3e révision de la LACI.

Toujours selon la toute dernière statistique du chômage de l'OFS, le volume de travail manquant et qui serait nécessaire pour combler le chômage s'élève à l'équivalent de quelque 202 000 emplois à plein temps. Ce chiffre peut, par exemple, être comparé à celui des heures supplémentaires effectuées en Suisse. En l'an 2000, leur volume correspondait, en heures cumulées, à plus de 160 000 emplois à plein temps, un chiffre qui est d'ailleurs vraisemblablement largement sous-évalué dans la statistique suisse 12.

Il est clair que ces deux réalités (heures supplémentaires et chômage) ne peuvent être mises directement en relation: les qualifications, les aptitudes, la répartition géographique des personnes effectuant des heures supplémentaires ne correspondent pas nécessairement au profil des personnes à la recherche de travail. Il n'en reste pas moins que ce volume d'heures supplémentaires s'ajoute à une durée du travail normale particulièrement élevée (41,8 heures, soit la 2e durée hebdomadaire du travail la plus élevée de l'OCDE).

Que fait l'USS ?

Dès lors, que penser du fait que l'USS, «au nom de l'équilibre budgétaire, ait accepté des sacrifices sur les chômeurs»lors des négociations de la Table ronde fédérale ? 13. A cette occasion, en 1998, 2 milliards de francs d'économies étaient prévus. En 2001, la dette de l'assurance chômage n'était plus que de 2,3 milliards de francs 14...

On peut se poser une autre question: pourquoi l'USS a-t-elle soutenu inconditionnellement les accords bilatéraux Suisse-UE, alors qu'ils contenaient en germe la mise en œuvre des mécanismes de concurrence en termes de salaire ? Et sans qu'une interrégionalisation effective de l'activité syndicale soit préparée depuis longtemps ?

Que penser de l'affirmation de l'USS que «notre assurance chômage actuelle a pour l'instant réussi à endiguer la montée de la pauvreté et de l'exclusion» ? Or, 13 % des chômeurs actuels sont des chômeurs de longue durée, c'est-à-dire sans emploi depuis plus d'un an15. Et le Seco prévoit une augmentation de 30 % du chômage d'ici à fin 2002. En outre, mles perspectives pour 2003 sont des plus incertaines. Sans même mentionner la façon dont se passe la «sortie du chômage» pour une majorité des chômeurs de longue durée, repoussés vers l'assistance sociale, avec ce que cela implique d'emprisonnement dans une dépendance durable et culpabilisante.

De façon plus générale, une interrogation émerge lorsqu'on lit le document de l'USS Non au démantèlement de l'assurance-chômage16. Prisonnière du passé immédiat, l'organisation syndicale faîtière se limite à défendre le triste et terrible statu quo. Un système qui est fabricateur de «fin de droits», un terme éloquent, et qui, souvent, contraint les salarié·e·s à devoir accepter un travail qualifié de «convenable», c'est-à-dire généralement moins bien rémunéré, moins responsabilisé et géographiquement plus distant que le précédent.

Chômage, temps de travail et salaire social se situent au centre des conflits entre capital et travail. Une opposition réaliste à la politique gouvernementale et patronale doit partir de l'enregistrement de cette conflictualité. Il est peut-être possible de faire avancer le débat, car le vote sur le référendum s'insère dans un climat qui exprime, dans des couches de salariés, la compréhension pratique des effets de quelque treize ans de crise-chômage.

1. Cf. Département fédéral de l'économie publique, Service de presse et d'information, Communiqué du 31 octobre 1997 (sous www.admin.ch, Archives des communiqués) et Chantal Thévenoz, «La résurrection de Jean-Luc Nordmann» in L'Hebdo, Lausanne, 6 janv. 2000.

2. Tribune de Genève, Chômage, «Couchepin défend une loi "sociale et efficace"», 15.10.2002 ; Le Temps, Pascal Couchepin: «Il n'y aura pas d'Etats-Unis d'Europe», 24.10.2002.

3. Discours de Ruth Dreifuss, conseillère fédérale, au 51e Congrès de l'Union syndicale suisse, Berne les 24, 25 et 26 octobre 2002 (sur la page Internet http://www.sgb.ch/postnuke/html/modules.php?op=modload & name=news & file=index & catid= 9&topic=).

4. Jean-François Marquis, «Le chômage recommence à augmenter en Suisse. Dans quel contexte ? Les traces des années 1990» in à l'encontre, n° 3, déc. 2001 ; Dario Lopreno, «La révision de la loi fédérale sur l'assurance chômage est sur le point d'aboutir. Coupables de chômage» in A l'Encontre n° 4, janv. 2002, disponible sur http://www.alencontre.org/page/archives/04/09-4.html ; Sofia Ferrari, «Il congresso dell'USS. Una crisi senza fine», in Solidarietà, Bellinzona, 24 ott. 2002.

5. Cf. Congrès de l'USS, motions n° 12, Fermeture des centres de tri (REMA), l'USS demande le retrait du projet et n° 13, Pour faire face à REMA il faut un mouvement de grève (à l'adresse http://www. sgb.ch/postnuke/html/index.php?catid=8).

6. Il s'agit de statistiques prenant en compte les 15 à 20 pays les plus riches de l'OCDE selon le cas. Cf. Institut der deutschen Wirtschaft Köln, Deutschland im globalen Wettbewerb. Internationale Wirtschaftszahlen 2002, Cologne, 2002 ; Union patronale suisse, Travail et pauvreté, Zurich, févr. 2002 ; economiesuisse, Finances publiques et quote-part de l'Etat. Hausse de la quote-part de l'Etat: la Suisse un cas à part, Zurich, 2002

7. B.A. Weber et B.A. Zürcher, «Une Suisse travailleuse: de la corrélation entre productivité du travail et richesse» in La Vie économique, mensuel du Secrétariat à l'économie, Berne, 3 / 2001, pp 28 et 33.

8. Nous pouvons déduire cette proportion des données du Seco Statistiques du marché du travail: chômeurs inscrits pour septembre 2002, chômeurs selon la durée écoulée, disponibles sur http://alt. seco-admin.ch/db/AMS/ Resultate/f_Talregal.asp

9. Seco, Statistiques du marché du travail. Explications, définitions disponibles sur http://alt.seco-admin.ch/db/AMS/Definitionen/f_ Defini.html.

10. OFS, Nette hausse du chômage et du sous-emploi (résultats provisoires de l'ESPA 2002), Communiqué de presse, Neuchâtel, septembre 2002.

11. OFS, ESPA 2001 en bref. Principaux résultats de l'enquête suisse sur la population active, Neuchâtel, 2002, p. 7.

12. OFS, Heures de travail en 2002. La durée hebdomadaire du travail s'est réduite d'une demi-heure en dix ans, Communiqué de presse (sur les statistiques DNT et SVOLTA), Neuchâtel, février 2002.

13. Eric Decarro, Lausanne, «Le syndicalisme doit adopter des orientations de lutte» (interview) in Services publics, n° 11, 24 juin 1999.

14. P. Gasser et U. Greub, «La révision de la LACI: assurer le financement à long terme» in La Vie économique, mensuel du Secrétariat à l'économie, Berne, 10 / 2002, pp 28 à 31.

15. USS, Non au démantèlement de l'assurance-chômage, Documentation n° 81, octobre 2002, p. 7 et note n° 9 ci-dessus.

16. Idem.


Licenciements: revue 2002
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Les annonces de licenciements, de préretraites et de «départs naturels» empruntent le sentier montant des chiffres du chômage. Dispersées dans la presse, nombre d'entre elles restent à l'ombre des titres de une sur les «difficultés» ou restructuration des grandes sociétés helvétiques, d'ABB à Swiss Life en passant par La Poste. Plus d'une fois, l'écho des réductions d'emplois ne dépasse pas les limites d'un canton. Pour cette raison, nous donnons ici une liste, non exhaustive, des réductions de postes touchant divers secteurs de l'économie suisse. Echappent à ce relevé des fermetures de «jeunes sociétés», de start-up, dont le décès ne prend pas la même place que l'acte de naissance fin des années 1990 et encore en 2000-2001. Alors que l'âge donnant droit à la retraite devrait être relevé, le nombre de préretraité·e·s croît. Les secteurs des machines-outils, des assurances... dans les mois à venir, vont connaître de nouveaux «dégraissages». La nouvelle LACI doit être appréciée à la lumière de ce cumul de «réduction des coûts»... et donc des emplois. - Réd.

3G Mobile: filiale suisse du groupe espagnol Telefonica, a décidé de supprimer 125 emplois sur 130, début septembre.

ABB: dans le cadre de la crise et de la restructuration conduite sous la houlette du nouveau PDG Jürgen Dormann, des suppressions d'emplois, non encore déterminées, vont intervenir au siège du groupe à Oerlikon. Elles semblent devoir toucher prioritairement le secteur administratif et financier.

Agfa: groupe international de la photographie et de l'imagerie, supprime 30 emplois à Genève.

Air Switzerland: début octobre, licenciait 47 employés à Berne et 11 à Glattbrugg (ZH). L'avenir de la société est en question.

Alcatel: filiale suisse, affirme ne pas envisager de licenciements en Suisse en 2002, malgré les coupes sombres à l'échelle internationale. Toutefois, sur les 4050 emplois en Suisse, des suppressions semblent plus que probables au cours de 2003.

Analysa et AMS: ont fusionné pour créer GSLab (Groupe suisse de laboratoires) qui compte 8 sites en Suisse romande et 178 employés. Le non-renouvellement des «départs naturels» devrait réduire le nombre de postes à hauteur de 20.

Banca del Gottardo: acquise par Swiss Life, a conclu son plan de réduction d'emplois à mi-2002 à 120 postes, combinant licenciements, retraites anticipées et départs naturels.

Banque Edouard Constant: affirme qu'elle «a gardé plus de personnel qu'elle aurait dû». Ce ne sera plus le cas.

Banque Leu: contrôlée par le Credit Suisse Group, réduit ses emplois (depuis 2001) avec un gel des embauches et des licenciements. La réduction des postes est de 30 au cours de 2002.

Banque Sarasin: qui passe dans le giron de Rabobank (Pays-Bas), annonce des licenciements. Rapportés à la «moyenne» des réductions de postes dans la banque privée genevoise, ils devraient se situer à hauteur de 10 % de l'effectif. La direction annonce un taux inférieur: aux alentours de 3 %

Baumgartner Papiers: a son siège à Crissier (VD), va supprimer 75 postes en Suisse. Préretraites, licenciements et non-renouvellement de contrats à durée déterminée feront l'affaire.

Berna Biotech: société de fabrication et vente de vaccins, va supprimer 60 à 65 emplois à Berne ; les coûts de main-d'œuvre pour le conditionnement et l'emballage étant inférieurs en Espagne (Madrid).

BNP Paribas:début novembre, annonce la suppression de 67 postes dans ses diverses unités en Suisse. Se combinent des licenciements et des départs en préretraite.

Bühler: leader mondial des machines de meunerie et de fabrication de chocolat (Utzwill, SG), a supprimé des postes de travail en novembre 2001 et supprime au moins 200 postes en 2002, dont 50 % par licenciements.

Dätwyler: conglomérat industriel d'Uri, va supprimer 90 postes à Uri (télécoms et unité gomme plastique) jusqu'à fin 2002, par licenciements, préretraites et départs naturels.

Flextronics Technology: sous-traitant dans la téléphonie, a licencié, au premier trimestre 2002, 85 salariés.

Geberit: supprime dès le début 2002 quelque 55 postes en Suisse.

Geneprot: société du secteur pharma, basée à Genève, a annoncé le licenciement d'une vingtaine de salariés sur un effectif de 116.

Getronics (Suisse): basé à Wallisellen (ZH), technologie de l'information et de la communication, supprime 22 emplois sur 290.

Hanro: fabrique de lingerie sise au Tessin, licencie 122 salariés.

Hewlett Packard: suite à la fusion avec Compaq réorganise, dès le mois de juin, son implantation et prévoit des licenciements pour les mois à venir.

Huber & Suhner: spécialisé dans la technique d'information et de la transmission d'énergie, va supprimer plus de 300 emplois entre juin et décembre 2002. Le «redimensionnement» avait commencé en novembre 2001.

Julius Bär: banque zurichoise, qui emploie 1600 salariés en Suisse, pense que «des licenciements ne pourront être évités» en 2002 ou 2003.

Kodak: licencie 50 salariés à Renens (VD).

Kudelski: son patron André Kudelski pense «qu'il est trop tôt [septembre 2002] pour donner des détails» sur les suppressions de postes à venir. Il n'est jamais trop tard.

Leica Geosystems: le groupe saint-gallois supprime 150 postes, dont 60 en Suisse, par licenciements, retraites anticipées et départs naturels.

Lista:Erlen (TG), fabricant de mobilier de bureau, a supprimé 30 de 650 emplois en Suisse, «sans licenciements» selon le communiqué.

LODH:la fusion Lombard Odier et Darier Hentsch aboutit à un départ échelonné de 300 employés jusqu'à juin 2004, dont l'essentiel à Genève.

Müller-Martini: société active dans le matériel d'impression et de reliure, a supprimé 100 emplois à Zofingue (AR) et à Felben (TG)

Neopost: groupe français ayant racheté le secteur des appareils de traitement de courrier du bernois Ascom, annonce en juillet le licenciement de 127 personnes à Bumplitz (BE).

Oscilloquartz: filiale du groupe Swatch, début 2002, licencie 10 % de 142 collaborateurs.

PricewaterhouseCoopers: la société d'audit et de conseil, ballottée par les scandales de la branche, envisage en Suisse un dégraissage prenant appui sur les départs d'employés liés à la rotation du personnel qui est élevée.

PubliPresse: principale division de PubliGroupe, va supprimer 150 postes de travail au cours de fin 2002 et de l'année 2003. Retraites anticipées et non-renouvellement des «départs naturels» semblent pour l'heure l'instrument de la politique de réduction du personnel.

Rondchâtel: basée à Péry (Jura bernois), société active dans la pâte à papier, licencie 35 personnes en septembre.

Ruag: à Altdorf (UR), a supprimé 23 postes. Ruag Aerospace supprimera 120 postes, entre le dernier trimestre 2002 et l'année 2003, à Emmen (LU), sur un total de 900. Cette restructuration ne semble pas terminée.

Siemens Suisse: face à la crise des télécommunications, réduit les emplois de 252, dont 115 par licenciements en janvier 2002.

Swiss Dairy Food: 30 septembre, 110 employés du Mont-sur-Lausanne (VD) et 200 à Gossau recevaient leur lettre de congé. Le total des licenciements et des réductions de postes dépendra des rachats et de la restructuration.

Swiss Life: 900 emplois seront supprimés en Suisse. Préretraites et départs naturels étaient envisagés. Des licenciements semblent aussi vraisemblables que les gains spéculatifs obtenus par les directeurs.

TXU:société texane de courtage d'énergie, au 5e rang des groupes énergétiques américains, a licencié 80 salariés sur un total de 135 en Suisse.

Union Bancaire Privée (UBP): a annoncé à la fin du premier semestre 2002 la suppression de 275 emplois, suite à sa fusion avec Discount Bank and Trust Company, sur un total de 1170 en Suisse.

Valiant Holding: issu de la fusion en août 2002 des banques Valiant / Banque privée Valiant (BE), IRB Interregio (AR), Luzerner Regiobank, envisage une réduction de 10 % de ses effectifs, sur plus d'un millier d'employés. La direction parle de «départs naturels».

Veillon: le plan de restructuration initial implique le licenciement collectif de 194 salarié·e·s.

Vontobel: la banque zurichoise a licencié 50 personnes en août.

Zellweger Luwa (Luwa Suisse): va supprimer 30 emplois à Uster (ZH) par le biais de retraites anticipées et de licenciements.

Zurich Financial Services: avait initialement annoncé une réduction de 500 emplois à partir de «départs naturels». Le 23 octobre, 180 salariés ont reçu leur lettre de licenciement. D'autres licenciements sont à attendre dans les semaines et mois à venir.

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