N° 4 Janvier 2002

Sommaire

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Etats-Unis
Enron: La «justice immuable» du «nouveau capitalisme» (Catherine Sauviat)

Armement: envol vertical (William D. Hartung)

Un présidentialisme impérieux (Paolo Gilardi)

Israël - Palestine
Des alternatives émergent (Edward Saïd)

Le point de vue d'un dirigeant du Fatah, Marwan Barghouti

Argentine
La «multitude» s'empare de la place publique (C.-A. Udry)

Une rébellion pour un «pays différent» (Nora Ciaponi)

Suisse
Le difficile apprentissage d'une réappropriation du conflit (J.-F. Marquis)

Coupables de chômage(Dario Lopreno)

Concentration et hiérarchisation dans la presse en Suisse (J.-F. Marquis)

A lire
Alain Gresh, Israël, Palestine. Vérités sur un conflit, Fayard, 2001

Enzo Traverso, La violence nazie. Une généalogie européenne,La Fabrique, Paris, 2002

György Lukàcs,Dialectique et spontanéité. En défense de Histoire et conscience de classe, La Passion, Paris, 2001


Editorial

Le père de G. W. Bush cherche à prendre ses distances avec Enron, le géant texan failli de l'énergie . En effet, les liens entre la Maison-Blanche et les artificiers de la faillite la plus grosse de l'histoire américaine sont trop évidents.

Le secrétaire au Trésor, Paul O'Neil, et le secrétaire au Commerce, Don Evans, ont admis avoir conversé avec les dirigeants d'Enron qui leur demandaient d'empêcher la faillite. Les deux affirment n'être pas intervenus dans cette affaire. Mais aucun des deux n'eut l'idée de demander une enquête.

Dick Cheney, le vice-président des Etats-Unis démocratiques, admet que lui-même ou ses collaborateurs ont rencontré à six reprises les dirigeants d'Enron au cours des six premiers mois de la présidence de Bush. Dick Cheney était le PDG de Halliburton Co., la plus grosse entreprise de forage pétrolier du monde. Ses bureaux sont aussi à Houston. Mais Dick Cheney, le vice-président éclipsé " à cause des potentielles attaques terroristes ", fait savoir qu'il est blanc comme neige. A la Maison-Blanche, la guerre contre le terrorisme occupe tous les esprits. Le «terrorisme économique», qui met à la rue des milliers de salarié·e·s, est de l'ordre de la normalité. O'Neil déclare: "Les firmes apparaissent et s'en vont"Cela fait partie du capitalisme.»Ce n'est pas faux. A ce propos, une seule remarque: la même franchise devrait être de mise quant aux motifs effectifs des opérations militaires états-uniennes à l'échelle planétaire.

James Baker, secrétaire d'Etat sous la présidence de George H. Bush et Robert Mosbacher, secrétaire d'Etat au commerce, ont été engagés par Enron après que Bush père eut quitté la présidence en 1993. Mosbacher a passé l'essentiel de sa vie à Houston. Il y a gagné ses premiers millions dans le gaz et le pétrole.

Harvey Pitt, président de la SEC (Securities and Exchange Commission) " la commission de surveillance de la Bourse " a été l'avocat de l'entreprise d'audit Arthur Andersen, qui a détruit des milliers de pages de documents sur Enron. Lawrence Lindsey, le conseiller économique du président, a été un consultant d'Enron. L'ancien sénateur Spencer Abraham, actuellement au secrétariat à l'énergie, a reçu l'argent versé au Parti républicain par Enron. Karl Rove, un conseiller de Bush, a vendu 100000 dollars d'actions Enron en avril 2001. Robert Zoellich, secrétaire d'Etat au commerce, a été membre de la structure des conseillers d'Enron. Ed. Gillepsie, qui a joué un rôle significatif dans la campagne électorale de Bush, a été engagé par Enron comme lobbyiste au Capitole.

Le ministre de la Justice, John Ashcroft, a reçu 57499 dollars d'Enron pour sa campagne électorale"qui a échoué"pour redevenir sénateur du Missouri. Ces «révélations» l'ont obligé de se retirer de l'enquête en cours sur la firme qui se situait au septième rang, en capitalisation boursière, du palmarès des sociétés américaines. Par contre, il préside avec fermeté à la nouvelle chasse aux sorcières. Mais, surprise, l'enquête est tombée dans les mains de Larry Thompson, un ancien partenaire du bureau d'avocats qui travaillait pour Enron.

Kenneth Lay, le PDG d'Enron " cette société qui fait perdre à quelque 11000 salarié·e·s leur retraite et leur épargne " s'y connaissait pour mobiliser des ressources en faveur du Parti républicain. Enron était le plus important donateur de la campagne de Bush.

Les élections démocratiques aux Etats-Unis s'achètent, comme les seigneurs de guerre en Afghanistan. Les similitudes sont plus grandes qu'il n'y paraît à première vue entre la Maison-Blanche et les régimes dénoncés, au dernier moment, comme relevant du «crony capitalism» (capitalisme des copains) en Indonésie (Suharto) ou en Argentine (Menem). Demain en Italie (Berlusconi)? Et où encore? -réd

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