N°7 - 2002

Le «tout sécuritaire» de droite et de gauche accompagné de l'évanouissement du PCF

Quand la gauche réinvente les «classes dangereuses»

Charles-André Udry

L'élection présidentielle française a fait jaillir des flots de commentaires. Nous ne nous attarderons pas ici sur les résultats en tant que tels. Il nous paraît plus crucial de tenter une analyse de deux objets.

Le premier: la thématique dite «sécuritaire» que la droite et la social-démocratie - y compris dans sa version dite de gauche, représentée par le député Julien Dray - ont installée au «premier rang» des prétendus «problèmes de société». Elles continuent à le faire, dans le discours et la pratique. Cela n'est pas sans rapport avec l'affirmation de Le Pen sur la scène politique.

Nous avons analysé le sens du vote Le Pen dans un texte que les lecteurs et lectrices peuvent consulter sur notre site www.alencontre.org: «Quelques réflexions plus générales, suite aux élections présidentielles en France», J.-F. Marquis et C.-A. Udry.

Le second: le déclin du Parti communiste (PCF). Nous soulignerons quelques aspects de ce déclin qui posent des questions d'envergure aux forces qui pourraient imaginer, sous l'angle d'une approche substitutive quelque peu simpliste, de le «remplacer». Des interrogations à ce sujet transperçaient déjà dans les contributions du dossier de à l'encontre(N° 6).

De 1978 au marketing sécuritaire

Un rappel peut être utile: en 1978, lorsque le ministre gaulliste Alain Peyreffite lançait son projet de «Loi sécurité et liberté», la gauche institutionnelle s'était mobilisée. Elle avait affirmé, en quelque sorte, une contre-identité, en mettant l'accent sur les atteintes aux libertés et sur l'importance de la prévention et de l'éducation. Des thèmes chers aux «professionnels du travail social». Or, aujourd'hui, un texte comme celui de Peyreffite apparaîtrait comme tiède parmi les énarques du PS français.

En 1978, il n'y avait pas de consensus entre les forces politiques traditionnelles, classées à droite et à gauche. C'est à la sauvette que la «Loi sécurité et liberté» fut adoptée par le parlement français, en 1981, quelques semaines avant la «victoire de la gauche».

L'affrontement politique et d'idées sur ce thème, était, alors, à la base d'une certaine didactique démocratique. Il a disparu. Rien d'étonnant. S'est parachevé le ralliement du PS à une orientation social-libérale. La social-démocratie est un parti lié organiquement à des fractions du Capital, avec «l'ordre social» qui lui est nécessaire. En outre, le PS est devenu une stricte machine de marketing politique. Y domine un Jacques Séguéla comme le montrait fort bien le film de Serge Moati sur la campagne présidentielle. Ce marketing colle à «une opinion publique» dont il contribue à forger les perceptions, qu'il «redécouvre» avec les sondages, et qu'il renforce à son tour. Une spirale de la violence du discours politico-publicitaire, qui renvoie à une agressivité plus structurelle de la société capitaliste.

Jospin: une «naïveté» complice

La réaction de Lionel Jospin à cet égard est significative. Il déclara «qu'il avait été naïf de croire que la baisse du chômage aurait des effets sur les questions de sécurité». Jospin n'est pas un naïf. Sa phrase révèle une attitude bien plus grave.

1° La baisse du chômage fut limitée. Les emplois jeunes créés furent, pour l'essentiel, quelques centaines de milliers d'emplois précaires. La galère continue pour un grand nombre de ces jeunes. Ce sont des emplois sans formation. Ils dépendent souvent des municipalités avec la dimension aléatoire que cela comporte: les résultats aux élections municipales ! Un thème qui est utilisé par la droite et l'extrême droite.

De surcroît, des études sociologiques montrent que l'accession à des ressources fragiles - emplois précarisés - peut se transformer, soit directement, soit par l'intermédiaire du milieu social où ces ressources se «montrent», en un facteur rendant plus opportun les actes de violence-délinquance contre des biens ou des personnes.

La «création d'emplois» ne concerne que marginalement des quartiers entiers où le chômage se situe à hauteur de 30 à 40 %. Les emplois créés ne modifient pas - de très loin - la situation de ce néo-sous-prolétariat que constituent des jeunes soumis à de multiples formes de discrimination: dans la socialisation, dans la vie scolaire, urbaine, culturelle, dans l'emploi. Tout est fait pour les stigmatiser.

Enfin, depuis des années (et encore plus depuis 1996-1997), la politique d'allocation budgétaire de la droite, comme celle de la gauche, a conduit à un démantèlement des instruments de «prévention» dans diverses régions. Celles qui souffrent encore de l'urbanisation des années 60-70, quand la main-d'œuvre immigrée et autochtone devait être parquée pour satisfaire les besoins du patronat. Celles qui ont été frappées par le déclin brutal des industries lourdes (sidérurgie, mines) ou des branches dites anciennes (textile, habillement, chaussure...). Là, la majorité des jeunes - qui, par ailleurs, travaillent et vont à l'école - rencontre en priorité un service public actif: la police.

Une police dont l'essentiel des membres font leurs classes, cherchent à gagner des points pour sortir de ces quartiers et qui sont étrangers - dans tous les sens du terme - à ces lieux1. Mieux les équiper, selon la droite actuelle - mais dans la suite logique de la politique du gouvernement Jospin -, revient à leur octroyer des flash-balls. La police des Etats-Unis donne l'exemple.

2° Il serait de même utile d'appréhender de plus près les mécanismes pervers de la pratique et de la présentation médiatisée du «travail policier» dans ces quartiers. Ces policiers sont qualifiés - par leur hiérarchie, par les autorités politiques et les médias - comme «faisant le sale boulot». Les conséquences sont transparentes. D'une part, les pratiques apprises dans l'institution policière doivent correspondre à cette qualification. Au même titre, les sanctions doivent être légères (ils «sont couverts»), lorsqu'un «excès» (en réalité, un acte délictueux) est commis. D'autre part, les policiers sont, à partir de l'image cultivée et de l'idéologie distillée, en situation de devoir se différencier de la «lie sociale» à laquelle ils craignent d'être assimilés. Cela d'autant plus quand la «carrière de policier» leur offre la possibilité d'une certaine «ascension» sociale. D'où la distance brutale qu'ils instaurent avec des jeunes qui, eux, soupçonnent, par ailleurs, leur situation et leurs origines.

Le «dialogue» entre des jeunes et les forces répressives relève de la propagande lorsqu'il est replacé dans ce dispositif institutionnel étatique. Ce «face à face» se retrouve - même s'il peut être d'un autre ordre - lors d'interventions policières contre des grèves menées par des jeunes salarié·e·s.

Les «classes dangereuses»

Ces constats - qui ne sont pas méconnus d'énarques de la social-démocratie - conduisent toutefois à des conclusions alarmantes au plan politique.

La «gauche gouvernante» a remis à l'ordre du jour - comme la droite dès le XIXe siècle - les pratiques «rationalisées» d'une posture sociale: pour elle, «il y a des classes dangereuses dans la société». Il faut les neutraliser. Au même titre où «nous devons neutraliser la conflictualité sociale.»

Voilà la cohérence pro-capitaliste d'une social-démocratie pénétrée des idées de la refondation sociale du MEDEF (organisation du patronat français).

Pour «désigner» ce péril social, la droite et cette gauche institutionnelle procèdent à une double réduction.

1° Elles multiplient les déclarations - appuyées sur quelques reportages ponctuels - ayant trait aux «zones de non-droit». Ce qui appelle, en retour, du «droit» (une «justice en temps réel»: la comparution immédiate) et de «l'ordre» (la répression, la présence policière et la «tolérance zéro»). Les résultats de ces «mesures» sont cependant des plus négligeables, selon les critères mêmes fixés par ceux qui les proposent.

L'existence des «vastes zones de non-droit» est sans fondement. Cette représentation n'est pertinente ni au plan social, ni au plan juridique. Les enquêtes conduites avec une temporalité qui correspond aux «faits sociaux» - et non pas avec celle qui obéit aux impératifs électoraux - le démontrent.

2° Les discours focalisent les regards sur une image apocalyptique des quartiers pauvres. Ils sont qualifiés de «sensibles». Le cliché du «bouc émissaire», des «classes dangereuses» est tangible. A l'inverse - par un effet de symétrie sociale qu'illustre un Laurent Fabius ou une Elisabeth Guigou - la délinquance des cols blancs a disparu du «champ politique». Le député social-démocrate A. Montebourg se profile comme un héros..., alors qu'il répète ce que de sages juges disent depuis longtemps. Ces délinquants (ou border line) sont des entrepreneurs qui animent la «société civile» et «l'économie française». Respect est dû à leur esprit d'initiative ; il est par contre refusé à des «sauvageons», qui, de même, en ont.

Sécurité ou sûreté-liberté ?

Les modalités de fabrication de la «haine» sont occultées. Un cercle vicieux est mis en place: les pratiques discriminatoires - raciales et sociales - engendrent des sentiments (fondés) d'injustices et peuvent stimuler des actes de délinquance envers des personnes et des biens. Puis, le discours politico-médiatisé renforce la représentation discriminatoire, avec ses suites prévisibles.

L'ordre des «préoccupations des Français», établi selon les sondages, conforte le mécanisme: l'«insécurité» est citée en premier lieu, puis le chômage et les retraites. Or, les enquêtes d'opinion qualitative, menées dans divers quartiers auprès des ménages par l'INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques), démentent ces résultats ; cela n'invalide évidemment pas l'existence d'une délinquance.

Ces études plus fines mettent en lumière la complexité des préoccupations des salarié·e·s, tout simplement parce qu'elles n'évacuent pas le social et les expressions variées des affrontements de classes ainsi que de l'exploitation comme de l'oppression. Par contre, les sondages évacuent, ou au mieux marginalisent, ces «données sociales». Or, les politiques et les allocutions électorales de «la gauche» prennent appui sur eux et les valident.

En réalité, les harangues «sécuritaires» reposent sur un axiome néo-conservateur classique: «La plus grande des libertés est la sécurité.» Il y a trucage de la pensée libérale bourgeoise. Il y a escamotage des insécurités sociales, économiques ; des questions de santé publique et mentale..produites par un système économique qui fragilise l'essentiel des statuts, pour mieux puiser dans une force de travail malléable.

Ce système marchand sans rivage produit aussi une perte de repères sociaux (une crise symbolique) qui est remplie par le bal fou de la marchandisation, illustrée par une publicité (et tous ses jeux connexes) travaillant sur la psychè et façonnant la psychè individuelle et collective. La répression doit contenir la pression endogène au système, et rendue irrépressible, vers l'accès aux biens.

Dans la pensée libérale, le terme traditionnel utilisé - qui est ancré dans la Déclaration des droits de la personne humaine - est celui de sûreté et non de sécurité. La liberté est associée à la sûreté. Et cette notion de sûreté se rapporte à la protection des biens individuels (et non pas institutionnels, dans le sens de la propriété des grandes multinationales), à celle de la famille et d'une personne et, surtout, à la sûreté face aux excès de l'Etat. Donc face, entre autres, au «tout sécuritaire».

C'est à une vraie subversion de la pensée libérale que s'adonnent la droite et la social-démocratie. La droite lepéniste et populiste - dans ses variantes européennes fort différentes - pêche dans ce vivier, approvisionné par ceux qui construisent un «front républicain», une unité nationale, contre le danger «de l'extrême droite».

Or, Le Pen accentue simplement l'option d'une sorte de nettoyage social. Il ne peut plus mettre aussi fortement l'accent sur le refoulement massif des immigré·e·s, car leur intégration dans la machine capitaliste est un fait que le patronat reconnaît et cultive, de façon fonctionnaliste. Par contre, il peut établir une jonction immigration-criminalité: «il faut nettoyer la société des criminels, des délinquants», dit-il. «Il faut les punir et, en cas de récidive, les évacuer». Il revivifie ainsi le refoulement des immigré·e·s et propose 250 000 places dans les prisons. Son discours ne se démarque pas beaucoup de celui des partis institutionnels. Le croisement, en sens inverse, des budgets de répression et «d'ordre» avec ceux liés à la «politique sociale» - la plus traditionnelle - risque de se produire, comme aux Etats-Unis.

Ce leitmotiv de vidange sociale est accessible à une opinion travaillée depuis des années. Il s'énonce sur le ton de l'évidence: il y a des méchants qui doivent être punis ; alors les autres (qui ?) seront plus «heureux». A une condition supplémentaire: que les «réformes» (privatisations, affaiblissement du droit du travail et de la sécurité sociale etc.) proposées par le MEDEF prennent leur envol.

Le thème de la sûreté et de la sécurité sociale - qui nécessite une action directe et collective des personnes concernées - est noyé. De plus, règne, même dans des franges de la gauche, une réponse strictement délégationiste en direction de l'Etat. Elle ne fait pas appel à la population (depuis les enseignants, les parents, les élèves, les associations diverses), aux «acteurs professionnels» (chercheurs, éducateurs..), à des collectifs de jeunes afin de déterminer des propositions et des initiatives qui, elles, devraient s'insérer dans un plan d'urgence social et économique pour la sûreté.

C'est ici qu'intervient le deuxième élément mentionné en introduction: la crise du PCF. Ce dernier a fonctionné, dans un passé assez éloigné, comme une ossature dans des quartiers et des municipalités. Mais il l'a fait sur le mode du «dévouement» et de l'appel permanent à l'Etat.

Quelle représentation politique ?

Le PCF (Parti communiste français) est réduit à un «groupuscule» électoral, selon une formule qu'il chérissait. Depuis la Seconde Guerre mondiale, il joua un rôle important dans la structuration de la vie politique. En 1978, son score électoral rapporté aux électeurs inscrits se situait quasi à hauteur de 18 %. Le 21 avril 2002, à un peu plus de 1 %. En 1977, le «novateur» Henri Fizbin, dirigeant de la fédération de Paris, rassemblait 47 % des votes lors de la première élection du maire de Paris au suffrage universel...à quelques longueurs derrière Jacques Chirac. L'écart, en 25 ans, est étourdissant.

Cet évanouissement - même si les législatives permettaient un sursaut - exige des explications. Voici quelques premiers éléments.

1°L'histoire du PCF, comme une forme de représentation à vocation monopolistique d'une classe ouvrière (figée par lui dans une représentation simpliste), prend appui sur des vagues d'adhésion: 1934-1936, 1944-1947, 1968-1973 (de Mai 68 au Programme commun). La direction du PCF, depuis 1978-1979 et la rupture du Programme commun, en a attendu une nouvelle. Elle n'est pas venue. Pendant ce temps, une partie de son électorat s'entraînait à «voter utile»: pour le PS et Mitterrand..au second tour.

2°De 1997 à 2002, le PCF est resté cinq ans au gouvernement, pour la première fois dans son histoire. Une présence silencieuse. Marie-George Buffet a accompagné, une fois, des chômeurs occupant un bâtiment des Assedic (institution responsable du versement des allocations de chômage). Jospin la réprimanda. Elle resta dès lors coite. Une priorité s'affirmait: s'encastrer dans l'appareil d'Etat, dans les municipalités, les régions, avoir des postes..pour faire survivre l'appareil de permanents, le bâtiment de la Place Colonel Fabien (où un défilé du couturier italien Prada est organisé de concert avec la vente des acquis..immobiliers).

Après l'implosion de l'URSS, la fin d'un «vision internationale» (certes captieuse) et l'hémorragie militante, la survie de l'appareil dépend, en très grande partie, de ce parasitisme para-étatique. Le programme est secondaire ; ce n'est pas nouveau, mais plus visible. Le 24 mai 2002 Marie-George Buffet déclare: «La droite dit qu'elle a compris le message des Français, mais elle s'apprête à mettre en œuvre un programme qui n'a rien à voir avec nos attentes. Les députés communistes ne soutiendront que les lois qui sont vraiment à gauche.»

3°La mutation du PC est une chimère. Les cadres dirigeants ont été formatés à l'école stalinienne. Pierre Blotin, responsable de la communication, en est l'emblème. Cela comporte une manipulation éhontée des «compagnons de route», des «personnalités», une distance maintenue avec les militants et une mauvaise gestion..de «l'entreprise PC». Quand changement il y a: c'est en direction d'une social-démocratisation et d'une adaptation à la politique marketing et aux sondages, dont Robert Hue est accro 2. Le réseau militant qui reste est mis sur le bas-côté.

4°Le communisme municipal résiste un peu mieux (malgré la perte de grandes villes). Mais il dépend encore plus des alliances électorales, des magouilles financières ; tout cela combiné avec un «dévouement militant» vidé de projets politiques. Du fragile.

5°Reste un problème plus substantiel: celui d'une représentation politique d'une classe ouvrière, qui est, en nombre, aussi importante qu'avant la Première Guerre mondiale, contrairement à des mythes bien diffusés.

Toutefois, une double interrogation existe. Tout d'abord, dans la société française très politisée, la représentation politique et syndicale des travailleuses et travailleurs a toujours été, quantitativement, assez faible. Le PC a réussi, à certains moments, à «offrir» une représentation, mais avec une forte dimension d'appareil diversifié, offrant un marchepied socioculturel à des secteurs de salarié·e·s. Cela n'est plus le cas. Les transformations du salariat et du système scolaire - encastrées dans l'extension de la société marchande - ont retourné le terrain. Ensuite, le discrédit (une sorte de «racisme social») jeté sur les «porte-parole populaires» de la gauche radicale (on le voit face à Laguiller) renvoie à une disqualification politico-médiatique d'une partie du néo-prolétariat. Ces deux éléments renforcent dans une large couche de salarié·e·s le sentiment d'être, encore une fois, ceux qui ne comptent pas vraiment aux yeux de «leurs représentants».

Dès lors, un projet politique communiste - porté par la «gauche radicale» (comme la LCR) - se doit de trouver des nouvelles médiations valorisant une représentation contrôlée par les salarié·e·s (des expériences syndicales existent) et un programme qui se popularise dans des «slogans» traduisant les aspirations des salarié·e·s, au-delà de leur diversité. Et non pas l'identité relative d'une force de la gauche radicale (par exemple le «100 % à gauche» de la LCR) par rapport à la gauche institutionnelle, qui, de plus, n'a plus rien de gauche. n

1. Voir Fabien Jobard, Bavures policières ? La force publique et ses usages, La Découverte, 2002.

2. Voir au plan de la «petite histoire», l'ouvrage de Cécile Amar et Ariane Chemin: Jospin et Cie: histoire de la gauche plurielle, 1993-2002, Le Seuil, 2002.

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