Il y a dix ans, la bourgeoisie helvétique publiait son premier «Livre blanc». Où en est-on aujourd'hui? (I)
Procès-verbal d'une victoireet de quelques conséquences
«Il faut ralentir le rythme de la dérégulation.» Ce propos n'est pas celui d'un notable social-démocrate, encore tout impressionné par sa propre audace. Il est celui du nouveau président de l'organisation patronale economiesuisse, Ueli Forster, lors d'un entretien accordé au quotidien «Le Temps» (27 novembre 2001).
Qu'est-ce à dire? Après une décennie «néolibérale», et au début d'un nouveau retournement conjoncturel et d'une remontée du chômage, le patronat helvétique a-t-il changé de politique? L'époque des «Livres blancs» ..Ueli Forster en avait lui-même publié un en Suisse orientale il y a 10 ans ..est-elle révolue? Est-ce la confirmation du «tournant» ..la «victoire du politique sur l'économie» ..célébré cet automne en coeur par la direction du Parti socialiste suisse (PSS) et celle de l'Union syndicale suisse (USS), suite à l'intervention massive de la Confédération dans la débâcle Swissair?
L'analyse des dynamiques sociales et politiques à l'oeuvre en Suisse amène à des conclusions quelque peu différentes.
Nous reviendrons dans une seconde partie sur les résistances sociales qui se sont manifestées, sur leurs dynamiques et sur quelques conclusions politiques découlant de ce tableau.
J.-F. Marquis
«Du point de vue de la flexibilité, la Suisse est plus proche des Etats-Unis que de l'Europe», se réjouissait cet été Peter Buomberger, économiste en chef de l'UBS (Cash, 27 juillet 2001).
Le «Livre blanc» gravé dans la réalité
Peter Buomberger s'est notamment fait un nom au moment de l'explosion du chômage en Suisse, en 1992-1994, en lançant l'idée d'une privatisation de l'assurance chômage.
Aujourd'hui il clame victoire: le patronat et la bourgeoisie helvétiques sont premiers de classe pour adopter le «modèle américain» de refaçonnage de la société, un modèle fondé sur la liquidation des droits et des protections collectives des salarié·e·s, sur le creusement des inégalités sociales et sur l'accroissement du pouvoir et des richesses concentrés dans les mains d'une infime minorité.
Voilà le secret de la feinte «modération» de Ueli Forster. En tant que patron des patrons, il a aujourd'hui moins besoin d'afficher de nouveaux ordres de marche, comme le «Livre blanc» de Stephan Schmidheiny en 1991 puis celui de David de Pury en 1995. Pas parce que les dominants de ce pays auraient renoncé à leurs projets. Mais parce que depuis leurs publications, ces «Livres blancs» ont été tout simplement gravés dans la réalité économique, sociale, politique et culturelle helvétique.
Contre-réforme: an X
Un rapide tour d'horizon de l'avancement des contre-réformes conservatrices imposées par la droite et le patronat permet de s'en rendre compte.
• Rapports salariaux. C'est le domaine où la victoire patronale est la plus écrasante. La déréglementation ..c'est-à-dire la destruction des protections collectives des salarié·e·s ..a avancé à tous les niveaux.
Législatif: la nouvelle Loi sur le chômage (1995) et la nouvelle Loi sur le travail (1998) se complètent pour imposer une flexibilité toujours plus ample aux salarié·e·s. La liquidation du statut de fonctionnaire fédéral et son remplacement par la Loi sur le personnel fédéral/LPers (2000) renforcent cette évolution en faisant disparaître des règles (protection contre les licenciements, grille salariale valable pour toutes et tous) qui faisaient un peu contrepoids à la jungle du privé.
Conventionnel: l'annualisation du temps de travail s'est banalisée dans les conventions collectives de travail (CCT). Simultanément ont été progressivement éliminés les mécanismes garantissant une négociation collective des salaires (compensation automatique du renchérissement, négociations salariales nationales. Cf. p. 32).
Résultat: la présence syndicale dans les entreprises est aujourd'hui insignifiante dans la majorité des branches. Sans trop forcer le trait, on peut dire non pas qu'il y a des déserts syndicaux en Suisse, mais que la Suisse est un désert syndical.
• Privatisations. Les deux grandes régies fédérales - CFF et PTT - ont disparu, sans vagues ou presque. Si les statuts de Swisscom, de La Poste et des CFF diffèrent actuellement, ces trois entreprises sont entièrement rentrées dans le moule de la rentabilisation financière et elles ont été radicalement transformées en fonction de cet impératif. Avec, à la clé, la suppression de milliers d'emplois et un chambardement complet des repères qui, durant des décennies, avaient défini la manière dont les salarié·e·s des régies concevaient leur travail et leur mission.
Dans le sillage, les privatisations se sont multipliées: infrastructures majeures comme l'aéroport de Kloten devenu le modeste Unique Airport, banques cantonales, entreprises d'électricité, nombreuses compagnies locales de transport. Les difficultés rencontrées par la droite dans le domaine de l'électricité ne changent rien au fait que la libéralisation de fait de ce secteur est déjà largement avancée.
• Marché intérieur. Au nom de la «lutte contre les cartels», en réalité d'un «Standort Schweiz» encore davantage subordonné aux intérêts des secteurs les plus mondialisés du capital helvétique (banques et assurances, chimie, industrie des machines, etc.), les branches «protégées» ..agriculture, transports routiers, des pans entiers des «arts et métiers», de la construction aux concessionnaires automobiles ..sont soumises depuis des années à des pressions majeures sur leurs marges, qui aboutissent à un processus de concentration des entreprises et à une précarisation rampante des salarié·e·s.
• Fiscalité. La bourgeoisie a redéfini la manière dont sont envisagées la fiscalité et les finances publiques.
Ainsi, la «nécessité» de baisser les impôts est désormais incontestée. Le fédéralisme fiscal joue à plein pour relancer la ronde, particulièrement dans la région du grand Zurich, le coeur économique de la Suisse. Au niveau fédéral, la baisse des impôts a été massive pour les entreprises. Elle est aussi devenue le bras de levier pour atteindre un vieil objectif bourgeois: affaiblir l'impôt fédéral direct (IFD), qui est un peu progressif, au profit de la fiscalité indirecte (TVA), pesant davantage sur les bas et moyens revenus.
Il en va de même de l'enfermement des finances publiques dans une camisole de force, au nom du sacro-saint «équilibre budgétaire». Un pas décisif dans cette direction a été franchi au printemps 1998, avec la caution apportée par le PSS et l'USS à la fameuse «table ronde» de Kaspar Villiger sur les finances fédérales. Trois ans plus tard, le même Kaspar Villiger peut faire passer en votation le mécanisme du frein à l'endettement, de fait sans opposition, et remporter un plébiscite (85% de oui le 2 décembre dernier).
santé sont complètement déportés du côté des coûts et des moyens d'en stopper la progression, présentée comme insupportable (rationnement des soins, fin de l'obligation de contracter pour les caisses maladies, pressions sur les conditions de travail du personnel (cf. p. 35). La Loi sur l'assurance maladie (LAMal) a, dans ce cadre, le double effet: 1° de faire des caisses maladies des acteurs de plus en plus puissants de la définition de la politique de la santé publique en Suisse, au détriment du débat démocratique; 2° d'enfermer les assuré·e·s ..confronté·e·s à des charges totalement différentes en fonction de leur situation familiale, de leur revenu et de leur domicile ..dans un mécanisme de recherche perpétuelle de la «meilleure caisse». Cela rend encore plus difficile de poser la question d'un passage du système actuel, avec des cotisations par tête, à une assurance sociale solidaire, sur le modèle de l'AVS, avec des cotisations proportionnelles au revenu (et participation patronale).
Quant au système de retraites, les actuelles révisions conjointes de l'AVS (11e) et de la prévoyance professionnelle (1re) se profilent comme un exercice d'affaiblissement de l'assurance sociale (l'AVS ) qui est peu à peu réduite à une sorte de «socle social minimum» pour les personnes âgées. Des parlementaires radicaux (Christine Egerzegi) et socialistes (Rudolf Rechsteiner) ont en effet oeuvré conjointement à une proposition d'extension de la couverture de la prévoyance professionnelle aux bas salaires et aux personnes travaillant à temps partiel, grâce à une diminution du montant de coordination (actuellement de 24720 fr.) déterminant le revenu à partir duquel il est obligatoire de cotiser. La droite entend bien en faire un argument démontrant que la réduction des prestations de l'AVS est ainsi «socialement acceptable» (Neue Zürcher Zeitung, 10 octobre 2001).
Armée, police politique, politique à l'égard des étrangers, formation..: on pourrait continuer ce tour d'horizon. Dans tous ces domaines, la bourgeoisie a surmonté des crises de légitimité (la votation de 1989 sur l'initiative du GSsA, l'affaire des fiches), a imposé un nouveau cadre de référence (armée XXI..), a maintenu inchangé un cap extrêmement répressif (les révisions successives de la Loi sur l'asile, la nouvelle Loi sur les étrangers, le refus de la régularisation collective des sans-papiers), a approfondi la subordination de la formation aux exigences directes de l'«économie» ..dans la recherche et la formation supérieure pour commencer.
Déjà, la nouvelle vague
Bien entendu, un tel ensemble de contre-réformes ne progresse pas de manière linéaire, ni sans contradictions. Les conflits d'intérêts importants qui se jouent autour de l'avenir de l'industrie électrique freinent l'adoption de la Loi sur le marché de l'électricité, menacée d'un référendum. Il a fallu changer de cocher au milieu du gué, et remplacer le patron Braun pour le social-démocrate Gygi, pour relancer la «modernisation» de La Poste. Les expériences faites à l'étranger comme en Suisse freinent les ardeurs en matière de privatisation des chemins de fer. Les débats au Conseil des Etats ont montré une droite en partie divisée sur la meilleure manière de faire reculer la protection des locataires.
Mais prendre ces événements pour des indicateurs d'un retournement de tendance serait confondre l'orientation stratégique et les problèmes de mise en oeuvre, la lame de fond et l'écume qui la chevauche.
D'ailleurs, les indices s'accumulent de la préparation d'une nouvelle vague, en harmonie avec ce qui se dessine dans les pays voisins. «La législation du travail manque de souplesse», titre ainsi sans ciller, en éditorial, Employeur Suisse(6 décembre 2001), l'organe de l'Union patronale suisse. La nouvelle Loi sur le travail ne suffit déjà plus..Les radicaux, eux, fourbissent leurs armes pour se profiler, dans leur concurrence avec l'Union démocratique du centre (UDC), comme le parti de la liquidation «intelligente» du service public, avec le slogan, que ne renierait pas Tony Blair, du «service au public plutôt que service public» (Le Temps, 5 décembre 2001).
Une conscience aiguë de sa force
Le pendant de ce bilan, esquissé à grands traits, est que le patronat et les partis de droite ont eu tout loisir au cours de cette décennie de mesurer le rapport de force social effectif, et d'apprécier combien ils n'avaient pas à redouter de contestation substantielle des syndicats comme de l'arc-en-ciel de la gauche parlementaire (PSS, Verts, POP/PdT, Alliance de gauche, etc.).
Le patronat a depuis longtemps une expérience d'un pouvoir pour l'essentiel incontesté sur les lieux de travail. Il a pu constater que la crise des années 90 a, en général, encore affaibli la présence syndicale et la capacité de résistance collective des salarié·e·s. Au niveau social et politique, l'émergence au début de ces années-là de ce qui pouvait apparaître comme une orientation un peu plus combative, portée par le Syndicat industrie & bâtiment (SIB), a fait long feu. La bourgeoisie sait donc qu'il n'existe pas pour l'instant de force syndicale, sociale ou politique d'ampleur contestant sérieusement les lignes de force de ses contre-réformes.
Ce constat de victoire a une double conséquence sur sa manière de gérer la situation:
• Une grande brutalité dans la manière d'imposer ses choix et ses priorités, ainsi que son ordre sur les lieux de travail. La rapidité avec laquelle les licenciements se multiplient depuis le début du retournement conjoncturel est révélatrice de ce sentiment de force. Cela annonce une remontée du chômage qui pourrait être rapide. La dureté de secteurs économiques clés (chimie, banques) pour effacer l'idée même d'augmentation généralisée des salaires (aux profits des adaptations individuelles, des primes, etc.) en est un autre exemple. De même que la brutalité des grands distributeurs Coop et Migros, cherchant à casser le syndicat Uniterre, qui a «osé» en novembre organiser le blocage (dont la levée a été ressentie comme précipitée par de nombreux adhérents) de leurs centres de distribution.
• En même temps, plus elle se sent forte, plus la bourgeoisie cultive la fiction d'un partenariat social et développe tous azimuts de nouveaux canaux de cooptation. Novartis qui fait de la publicité pour le livre de Richard Gerster, ex-ponte du «tiers-mondisme» et ancien secrétaire des oeuvres d'entraide, n'est qu'un exemple de ces pratiques.
Compte tenu du rapport de force, maintenir cette fiction de concertation ne coûte pour ainsi dire rien. Par contre, cela permet de faire systématiquement apparaître les choix de la bourgeoisie comme des «compromis, durement négociés». Les organisations et les personnes cooptées deviennent ainsi les meilleurs marchands ambulants de la camelote patronale. Cela contribue en même temps à amortir le mécontentement, puisque ce qui est proposé est un «moindre mal». Les exemples de ces pratiques abondent: la table ronde sur les finances, la deuxième révision de la Loi sur le travail défendue par l'USS; le syndicat de la communication qui co-élabore le plan Gygi de fermeture des bureaux de poste, etc.
Querelles de riches
Cette position de force n'est pas synonyme d'absence de conflits ou de compétitions entre options et secteurs bourgeois. Le contexte international – les réalignements économiques et politiques dans le sillage de la fin de la guerre froide et de la remontée en puissance de la force impériale américaine; l'avenir de l'Union européenne (UE); la mondialisation du capital ..change les repères. De plus, s'aiguise la compétition entre nouveaux secteurs économiques ..par exemple celui coagulé autour du banquier Martin Ebner et de Christoph Blocher ..et «puissances» en place (dans la banque ou la chimie) ou déclinantes (Sulzer, ABB à nouveau ébranlé). Tout cela nourrit aussi des débats stratégiques. Comment défendre au mieux la place du «Standort Schweiz»? Quels liens avec l'UE? Comment gérer les impacts sociaux et politiques de ces mutations? En misant sur la cooptation du PSS, comme le privilégient certains radicaux et démocrates-chrétiens? En affirmant plus brutalement les objectifs bourgeois tout en développant un discours populiste et nationaliste pour capter et dévier le mécontentement social (la voie de l'UDC)?
Ces contradictions alimentent une partie du débat politique. Mais elles ne portent pas sur les objectifs fondamentaux. Tous les secteurs essentiels du patronat et de la droite ont contribué, ces dix dernières années, à la réussite éclatante de la contre-réforme conservatrice. Faire, comme cela est courant «à gauche», et même «à la gauche de la gauche», de l'UDC un épouvantail, porteur d'un projet social et politique qualitativement plus réactionnaire que ceux des radicaux et du PDC, est trompeur. Cela contribue à dissimuler le partage des rôles implicites au sein de la droite, utile pour déplacer les débats toujours plus sur son terrain (les révisions de la Loi sur l'asile sont l'exemple typique de ce mécanisme). Cela apporte enfin de l'eau au moulin à l'idée d'un partenariat social rénové entre forces «raisonnables» -PS, des pans du PDC et des radicaux -pour bâtir la paix du travail du XXIe siècle.
Quand le lien est rompu avec le salariat
Le who's who des maîtres d'oeuvre des principales contre-réformes de cette dernière décennie invite précisément à réfléchir à ce qui, par convention, est encore appelé la «gauche».
Ainsi, c'est la conseillère fédérale PS Ruth Dreifuss qui a «vendu» aux habitant·e·s de ce pays la réforme de l'assurance maladie et qui pilote le lent grignotage de la seule assurance sociale en Suisse, l'AVS. C'est le conseiller fédéral social-démocrate Moritz Leuenberger qui a mené à bien le démantèlement des régies fédérales CFF et PTT. C'est le social-démocrate Benedikt Weibel et l'ancien syndicaliste (et encarté PS) Daniel Nordmann qui «rentabilisent» les CFF. C'est le socialiste Ulrich Gigy qui restructure La Poste. C'est le socialiste Peter Hablützel, à la tête de l'Office fédéral du personnel, qui a «négocié» la suppression du statut de fonctionnaire et son remplacement par la LPers. C'est le social-démocrate Peter Siegenthaler qui a géré l'opération Swissair, appuyé par une cohorte de pilotes du PS, y compris par l'ancien président Peter Bodenmann. C'est la socialiste Micheline Calmy-Rey qui se vante de tenir les finances du canton de Genève avec plus de fermeté que le conseiller fédéral radical Kaspar Villiger ne conduit celles de la Confédération. C'est le socialiste Elmar Ledergerber qui postule à la présidence de la ville de Zurich et qui pose une colle au Parti radical de la métropole économique de la Suisse: il leur a «piqué» leur programme (le secrétaire du Parti radical de Zurich dixit).
Ce coup de projecteur sur la nomenklatura social-démocrate, reliée par mille fils aux directions de l'USS et des principales fédérations syndicales, donne la mesure de son intégration pratique ..et sociale, par les postes occupés – à l'ordre mis en place par les contre-réformes conservatrices. Les rituels déclamatoires (par exemple, les revendications salariales à la fin de l'été )ne doivent pas faire illusion.
Dans les faits, le PSS se profile et agit comme un «meilleur» gestionnaire, avec une sensibilité «moderne» et «sociale», des intérêts de la «nation». Sur tous les dossiers importants, les propositions du PS prennent pour point de départ les objectifs bourgeois et ne se distinguent que par une touche «sociale».
C'est encore plus manifeste depuis que Christiane Brunner préside le PSS. Le PSS se rallie à la baisse des impôts, mais avec une pondération un peu plus favorable aux «familles». Le PSS se rallie à l'objectif de «maîtrise des coûts de la santé», mais avec une méthode «plus sociale», etc. Jusqu'au grand rôle de «stratège du sauvetage» de Swissair (voir encadré).
En même temps, les liens de ce parti avec le salariat sont de plus en plus distendus. Les idées d'organisation et de luttes collectives ont définitivement disparu de sa conception de l'action politique et sociale. Cette évolution est d'autant plus forte que la crise des années 90 a creusé la distance entre ses relais traditionnels (les appareils syndicaux) et la population travailleuse.
Une telle force politique n'a donc plus rien à voir avec ce que pouvait être un parti social-démocrate traditionnel des années 30 ou de l'immédiat après-guerre, freinant les revendications, cassant des luttes, mais restant inséré dans un mouvement ouvrier vivant, et continuant à évoquer quelques réformes.
L'aiguillon émoussé
Quel est dès lors le sens des grandes alliances oecuméniques rouges-roses-vertes et autres «Alternatives», auxquelles les organisations qui se définissent comme l'«aiguillon» de la gauche (POP/PdT, Alliance de gauche) choisissent avec constance d'apporter leurs voix et leur caution? Cela n'est certainement pas un moyen permettant aux salarié·e·s de se sentir plus forts parce qu'unis. Cela n'est pas davantage un instrument pour s'adresser à d'amples couches de salarié·e·s qui se reconnaîtraient dans le PSS, et de faire ainsi avec eux des expériences de luttes, en misant sur les maturations et les radicalisations que cela pourrait engendrer. Cela n'a, en réalité, qu'un seul effet: donner du crédit à la prétendue identité de «gauche» dont s'affuble cette politique de «gestion sociale» des intérêts de la bourgeoisie. Les résultats sont connus: confusion maximale et voie libre aux populismes, comme celui de l'UDC.
Celles et ceux qui veulent contribuer à la construction d'une alternative anticapitaliste et socialiste ne peuvent que choisir une autre voie. (A suivre)