Vote du 25 septembre 2005
 
 

Moins de frontières et plus de droits pour les travailleurs

POUR · Ismail Türker * se prononce en faveur de l'extension de la libre circulation en votation le 25 septembre.

Contrairement à ce que certains à gauche laissent entendre, un refus de l'extension de la libre circulation le 25 septembre serait ressenti à l'étranger comme l'expression d'une Suisse fermée sur elle-même, voire xénophobe. Or ce n'est pas sur cette base que nous pourrons contribuer à améliorer les droits des travailleuses et travailleurs, Suisses et immigré-e-s. De plus, le risque est réel que nous perdions le droit au regroupement familial, la liberté de changer d'employeur, de secteur économique, de canton, et que le statut de saisonnier ressuscite. Autant de droits acquis après d'âpres luttes et qui sont menacés.

Le Conseil fédéral et la droite veulent limiter l'immigration, notamment venant hors de l'Union européenne. Or, notre expérience dans la défense des sans-papiers ainsi que la situation actuelle de l'immigration de l'Union européenne démontrent clairement que l'essentiel des salarié-e-s ne vient pas de la zone de libre circulation (1,5% d'immigration) mais d'au-delà. C'est pourquoi le SIT lutte et continuera de lutter contre les politiques migratoires restrictives du Conseil fédéral et celles des droites xénophobes.

Nous sommes favorables à l'extension de la libre circulation aux dix nouveaux pays membres de l'Union européenne parce que nous luttons depuis longtemps pour une libre circulation intégrale et pour davantage de droits pour les salarié-e-s suisses et immigrant-e-s. Notre longue expérience de lutte au quotidien pour la défense des immigré-e-s et contre tous les racismes et les discriminations nous prouvent clairement qu'il n'y a pas de «mauvais droits» pour les immigré-e-s. Au contraire, chaque nouveau droit politique ou social fait reculer le racisme.

Notre soutien à l'extension s'inscrit dans donc une perspective de lutte syndicale et d'unité entre les salariée-s, quelle que soit leur nationalité.

De nouveaux droits pour les salarié-e-s.

Or les droits des salarié-e-s en Suisse sont parmi les plus faibles d'Europe. En obtenir de nouveaux (tant pour les Suisses que pour les étrangers-ères) au travers des mesures d'accompagnement à la libre circulation constituera une avancée non négligeable. L'extrême droite favorable au référendum ne s'y trompe pas puisqu'elle les combat également avec vigueur.

Les mesures d'accompagnement rapprocheront, en cas de victoire du OUI, le droit suisse du droit européen en matière de rapports de travail et de sécurité sociale. Elles apporteront de nouveaux droits aux personnes venant en Suisse et à celles qui y travaillent déjà, afin de lutter contre la sousenchère sociale et l'augmentation du chômage. Elles permettront également de lutter contre la plus grande précarité dont peuvent pâtir les salarié-e-s étrangers-ères, particulièrement en provenance de l'extérieur de l'UE.

Ces mesures ne sont pas suffisantes, ni suffisamment contraignantes. Notre objectif demeure l'alignement sur la législation européenne, notamment en matière de protection contre le licenciement, de droits syndicaux, d'extension facilitée des conventions collectives et d'instauration de contratstype obligatoires. Seuls la lutte syndicale et l'existence de tels droits légaux nous permettront d'éviter le dumping salarial et la dégradation du climat social en Suisse.

Egalité de traitement entre Européen-ne-s et non-Européen-ne-s.

L'extension de la libre circulation donnera aux ressortissants des dix nouveaux pays de l'UE des droits équivalents à ceux des travailleurs-euses suisses ou des quinze premiers pays de l'UE. Mais nous luttons pour l'unité de l'ensemble des salarié-e-s, non pour leur mise en concurrence. Cette extension ne doit pas entraîner davantage de précarité pour les non-Européen-ne-s. Il serait inacceptable que celles et ceux qui ont droit de travailler et de vivre en Suisse soient traité-e-s différemment que les ressortissant-e-s des vingt-cinq pays européens.

Légalisation de tou-te-s les non-UE se trouvant en Suisse.

Actuellement, près de 100 000 emplois sont occupés par des non-UE, dont une partie de sans-papiers. La politique xénophobe actuelle du parlement et du Conseil fédéral pousse ces personnes dans la précarité et l'isolement.

C'est pourquoi le SIT lutte pour régulariser les sans-papiers se trouvant actuellement en Suisse et pour qu'ils/elles obtiennent donner les mêmes droits que les autres salarié-e-s. Cette légalisation doit pour nous s'effectuer avant l'entrée en vigueur de l'élargissement de la libre circulation. · Stopper la LETr par un référendum. C'est la même logique qui nous amène à nous opposer à la nouvelle Loi sur les étrangers (LETr), qui ne fera qu'accroître le nombre de sans-papiers. Une politique migratoire respectueuse des droits humains et garantissant les droits des non-européen-nes employés-es en Suisse ne peut voir le jour si une telle loi est adoptée. Notre soutien au référendum contre la LETr va de pair avec notre soutien à la libre-circulation.

Un combat syndical sur le terrain.

Les mesures d'accompagnement, mais aussi et surtout leurs lacunes, nous font repenser notre action syndicale et développer de nouveaux axes de lutte. Le contrôle de l'application des CCT a été pendant longtemps une composante importante de l'action syndicale. Mais il s'agissait de mesures administratives coercitives («chantage» aux permis de travail ou au marché publics envers les entreprises) qui ont parfois dispensé les syndicats d'avoir une réelle présence sur les lieux de travail. Nous affirmons que c'est par le travail de terrain et l'organisation de l'ensemble des travailleurseuses, sans distinction de nationalité, que cette lutte doit se poursuivre et s'amplifier.

Car notre conviction demeure: la xénophobie, de droite ou de gauche, ne peut améliorer les droits des travailleuses et travailleurs, qu'ils/elles soient suisses, européen-ne-s ou non, et encore moins aider à la régularisation des sans-papiers. On ne peut obtenir des droits pour les immigré-e-s en luttant contre l'immigration, et donc contre l'extension de la libre circulation. C'est pourquoi nous dirons oui le 25 septembre.

* Syndicat interprofessionnel de travailleuses et de travailleurs

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