Libye Halte aux massacres ! Rédaction Le nom officiel de la Libye, depuis 1977, est celui d’«Etat des masses»: Jamahiriyya arabe libyenne. C’est en 1969 que Mouammar Kadhafi prit le pouvoir. La dictature militaro-policière-tribale du colonel – qui se présente aussi comme une «démocratie directe», sans partis politiques et dirigée par des «comités populaires locaux» – a réussi à vendre durant des années (souvent au sens strict et trébuchant du terme) à des «progressistes genevois» ses mérites démocratiques et populaires. D’aucuns ont même accepté des diplômes des «Droits de l’homme» que leur attribuait le «Guide de la révolution verte». En ces jours tragiques – depuis le 15 février 2011 – les masses libyennes, avec un courage incommensurable et une détermination sans faille, affrontent les sbires armés du clan Kadhafi. Un médecin d’un hôpital de Benghazi, le 21 février déclare à rfi: «On a reçu un patient atteint pas balle. C’est un petit enfant d’environ trois ans. Je ne crois pas qu’un enfant de trois ans ait pris une arme pour tirer sur des militaires…». Un constat, plein d’émotion, qui, à lui seul, résume la politique criminelle de ce pouvoir. Un pouvoir qui s’est exprimé, dans la nuit du 20 au 21 février 2011, à la télévision d’Etat, par la voix de Seif Al-Islam Kadhafi, l’un des fils de Mouammar Kadhafi. Il déclara que le pouvoir «allait combattre jusqu’au dernier homme et même jusqu’à la dernière femme… pour ne pas laisser la Libye aux Turcs et aux Italiens.» Le «complot étranger» est mis à l’honneur, comme à chaque fois par les pouvoirs dictatoriaux aux abois. Pourtant les accords entre l’honorable gouvernement Berlusconi et la Libye sont bien connus: ils portent d’abord sur le pétrole et ensuite sur le financement par l’Italie d’une politique répressive du pouvoir libyen afin d’empêcher l’arrivée de réfugié·e·s en Italie ! Les menaces de ne plus contrôler le «flux de réfugiés» ont été d’ailleurs directement mentionnées par le pouvoir libyen. Et, l’Italie ainsi que l’Union européenne sont plus sensibles à ces menaces qu’aux tueries effectuées par «les troupes d’élite» du colonel. De plus, les compagnies pétrolières sont inquiètes. Une partie d’entre elles rapatrient leurs membres. La station essence libyenne n’est plus sûre ! La combinaison pétrole et dictature assure mieux la profitabilité des majors que les droits sociaux et démocratiques d’un peuple. Les informations – éparses – indiquent que l’ampleur et la détermination de la révolte ainsi que la brutalité sans pareil de la répression suscitent des démissions de diplomates (ambassade de Libye en Suède, par exemple), de ministres (entre autres celui de la Justice) et de défections de membres de l’armée; y compris un dirigeant connu d’une des plus importantes tribus – Akram Al-Warfalli, de la tribu Alwarfalla – a déclaré à Al Jazira: «nous avons dit à notre frère Khadafi qu’il n’est désormais plus notre frère; nous lui avons dit de quitter le pays.» Cette tribu vit au sud de Tripoli. A Benghazi, deuxième ville du pays et région où l’emprise du colonel a toujours été moins ferme, des militaires ont rejoint les manifestants. Selon des témoignages recueillis par la chaîne du Qatar Al Jazira, dans cette seule ville, quelque 200 personnes auraient déjà été tuées. Toutefois, si la ville de Benghazi est partiellement aux mains des hommes et des femmes luttant pour abattre la dictature, des forces spéciales sont retranchées dans certaines casernes et sont prêtes à commettre nouveaux massacres. Depuis le dimanche soir 20 février, des manifestations se déroulent dans la capitale, Tripoli. Des tireurs d’élite visent les manifestants, des voitures foncent sur eux et tirent. Malgré cette politique répressive – qualitativement plus violente qu’en Tunisie, en Egypte, au Yémen ou à Bahreïn –, la mobilisation ne semble pas faiblir. En effet, des manifestations sont mentionnées dans les villes de Bayda, Derna, Tobrouk et Misrata. Dans diverses villes du monde, des manifestations de solidarité sont organisées devant des consulats ou ambassades de Libye. Un exemple à suivre. (21 février 2011) A l'encontre, case postale 120, 1000 Lausanne 20 Soutien: ccp 10-25669-5 |
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