Egypte

Affrontement sur la place Tahrir

Rédaction

Ce mardi 2 février 2010, des heurts opposent les manifestants pro et anti-Moubarak sur la place centrale du Caire. L'agence officielle Mena a annoncé un peu plus tôt que le Parlement ne siégerait plus jusqu’à la révision des résultats des législatives. Elles avaient été contestées, il avait été question ouvertement de fraudes massives à l’occasion de ces scrutins de fin 2010. Malgré tout, l'opposition maintient son appel à une nouvelle grande manifestation pour le samedi 5 février 2011.

Le pouvoir tente semble-t-il de reprendre la situation en main en organisant ce mercredi 2 février un défilé de soutien au président Moubarak. Déjà mardi, quelques dizaines de manifestants pro-Moubarak avaient défilé au Caire. Ce mercredi, plusieurs milliers de personnes manifestent à nouveau dans la capitale pour la «stabilité» du pays, et ces manifestations tournent à l'affrontement. Il y aurait déjà plus de 500 blessés. Des manifestants ont été capturés par les «pro-Moubarak» et remis aux forces de police, selon al-Jazira. Dans les environs, on ne trouve aucune ambulance. Des groupes liés au régime ont pris position sur des toits environnants la place de la Libération (Tahrir) et lancent des pierres et des morceaux de béton.

Des manifestants pro-Moubarak ont forcé les barrages de l'armée pour rejoindre la place où se trouvaient des centaines de milliers d'opposants au régime qui étaient restés depuis la nuit dernière. La télévision al-Jazira montre des scènes d'affrontements impressionnantes avec deux foules se faisant face à face, courant l'une vers l'autre, se lançant des projectiles. Des journalistes ont également été pris à partie, bousculés, frappés.

C'est à dos de dromadaires ou à cheval que les pro-Moubarak ont chargé les manifestants dans le centre du Caire. Ils ont ensuite été encerclés et désarçonnés, frappés à coups de bâtons et traînés au sol alors que leur visage était en sang. Plusieurs sources indiquent qu’il s’agit d’hommes de main ou de policiers du régime. De plus, selon diverses sources, le régime paierait 17 dollars certaines personnes paupérisées pour les faire participer aux manifestations pro-régime.

Un reporter de la BBC fait aussi état de tensions à Alexandrie ou des manifestants pro et anti Moubarak s'affrontent.

Ce que demandent ces personnes soutenant le régime c'est la «stabilité». Ils appellent les opposants à rentrer chez eux, estimant que la réputation de l'Egypte a été «assez entachée». Le mot d’ordre des pro-Moubarak: «Trente ans de stabilité. Huit jours d’anarchie.»

Ils utilisent un probable ras-le-bol d'une fraction de la population car il y a des pénuries, des pillages (difficiles à mesurer et dont les auteurs sont douteux), et peut être aussi une crainte de l'avenir si Moubarak s'en va.

El-Baradei a lancé un appel à l’armée afin qu’elle intervienne «pour protéger la vie des Egyptiens».

Un geste politique

Le Parlement égyptien a suspendu ses séances jusqu'à la révision des résultats des dernières législatives, marquées par des accusations de fraude massive et de violences, a rapporté mercredi l'agence de presse officielle Mena. «Le président de l'Assemblée Fathi Sorour a chargé le secrétaire général du Parlement Sami Mahrane de contacter la Haute commission électorale pour obtenir les noms des députés visés par des décisions de justice.»

La justice avait prononcé l'annulation des résultats des élections dans de nombreuses circonscriptions, après les législatives qui se sont déroulées les 28 novembre et 5 décembre 2010.

M. Sorour a indiqué que «le Parlement déclarerait nulle l'élection des députés visés par la cour d'appel» et annoncerait «un nouveau scrutin dans les circonscriptions concernées», selon Mena.

L'armée a par ailleurs demandé aux manifestants de rentrer chez eux. Mais l'opposition souhaite au contraire que ces manifestations continuent. Elle maintient son appel à descendre dans la rue de vendredi, contre le régime Moubarak.

Ce mercredi, le couvre-feu a été allégé et internet refonctionne partiellement.

(2 février 2011)


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