Brésil Le plébiscite populaire: une victoire du mouvement Diego Cruz * En date du 8 septembre 2007, nous avons publié sur ce site un article concernant le plébiscite populaire organisé par un ensemble de mouvements sociaux. Nous publions ci-dessous un des premiers bilans de cette campagne. (réd.) La coordination du plébiscite populaire, entre autres en faveur de l’annulation de la privatisation (en 1997) du conglomérat industriel Compagnhia Vale Do Rio Doce, a présenté les résultats officiels de la votation lors d’une conférence de presse, tenue le 8 octobre 2007 à Brasilia. Le retard avec lequel ces informations ont été divulguées était lié aux difficultés de réunir et comptabiliser l’ensemble des votes enregistrés dans les différentes régions du géant brésilien. La majorité a voté sur les quatre questions Au total, ce sont 3'729'538 personnes qui ont participé au vote. Plus de 24'000 urnes étaient mises à disposition dans 3157 villes. Parmi le total des votants, 94,5% ont dit Non à la privatisation de Vale Do Rio Doce, malgré le boycott de la CUT [Centrale unique des travailleurs étroitement liée au gouvernement Lula]. Les trois autres questions qui mettaient en cause l’actuelle politique économique du gouvernement ont aussi suscité une réponse de la part de la grande majorité des participant·e·s au plébiscite. Plus de 92% des 2'492'320 personnes qui se sont prononcées sur le paiement de la dette publique ont rejeté la politique gouvernementale consistant à donner la priorité au paiement des intérêts au détriment des investissements. Parmi les 2'536'136 votants qui ont répondu à la question concernant la privatisation du secteur de l’énergie électrique, 93,7% se sont prononcés contre un contrôle privé de ce secteur. C’est le thème de la prévoyance sociale qui récolta le plus de votes, après celui de Vale Do Rio Doce. Se sont prononcées 2'895'965 personnes, dont 93,4% ont dit Non à la réforme du gouvernement Lula. A Bahia (capitale Salvador de Bahia) et dans le Sergipe (capitale Aracaju), une cinquième était posée: elle portait sur la déviation de la rivière Sao Francisco. Sur les 144'780 votants 90% se sont prononcés contre cette mesure. Défaite de la CUT Quoique la participation ait été significative, elle fut inférieure à celle qui eut lieu lors des deux plébiscites ayant trait à la dette extérieure et à l’ALCA en 2002. La raison réside avant tout dans le boycott actif mené par la CUT. La centrale syndicale n’a pas participé la préparation de la campagne et ne s’est faite présente que pour mettre en question les trois thèmes qui attaquaient la politique économique du gouvernement. Tout en rompant avec les organisations qui posaient les quatre questions, la CUT, qui formellement n’en posait qu’une (Vale Do Rio Doce), n’a pas engagé le plus petit effort dans cette activité. La quasi-totalité des 3 millions de personnes qui ont dit Non à la réforme sur la prévoyance sociale ont démontré que la CUT s’isolait de la lutte de l’ensemble des mouvements sociaux et sortait battue de cette épreuve, seulement pour défendre le gouvernement Lula. La centrale syndicale ne fut pas capable de faire taire les millions de travailleurs et d’étudiants qui ont dit Non aux contre-réformes de Lula qui leur enlèvent des droits. Victoire du mouvement Quand bien même la participation aurait pu être plus grande, ce plébiscite a renforcé la position des forces militantes dans la lutte contre le gouvernement. La presse et le gouvernement furent obligés de répondre à cette campagne. On n’a jamais vu autant de publications en défense de l’entreprise privée, ce qui démontre que ce vote mettait mal à l’aise beaucoup de secteurs économiques. Cela dit, la question sur la privatisation de Vale Do Rio Doce va servir à renforcer le mouvement contre la nouvelle vague de privatisations que le gouvernement Lula initie. La reprise de thématiques telles que celle de la dette publique ou de l’énergie électrique a permis de redonner une actualité à des questions qui n’étaient pas connues par un secteur militant nouveau. Après cette large activité de conscientisation, la marche sur Brasilia, le 24 octobre 2007, sera la première concrétisation de la lutte contre la politique néolibérale du gouvernement. * Diego Cruz est journaliste auprès de l’hebdomadaire brésilien Opiniao Socialista (24 octobre 2007) A l'encontre, case postale 120, 1000 Lausanne 20 Soutien: ccp 10-25669-5 |
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