Brésil

La Rencontre Nationale de Conlutas
contre les réformes réunit 5000 personnes

Nous publions ci-dessous un compte rendu de la Rencontre nationale contre les réformes qui s’est tenue le 25 mars 2007 à Sao Paulo. Ce compte rendu a été publié au Brésil dans l’hebdomadaire Opiniao Socialista du PSTU [Parti Socialiste Unifié des Travailleurs]. Réd.

En présence de nombreuses composantes du mouvement social de tout le pays, comme le MST (Mouvement des sans terre), les pastorales sociales, les syndicats et le nouveau regroupement socio-syndical Conlutas (qui constitue une sorte de coordination nationale des luttes), la Rencontre nationale contre les réformes s’est tenue le dimanche 25 mars 2007. L’événement a réuni cinq mille personnes dans le Gymnase d’Ibirapuera, à São Paulo, avec comme objectif celui de discuter et de définir des actions permettant d’unifier les luttes contre les réformes prévues par le gouvernement de Luiz Inácio Lula da Silva – contre-réformes  concernant autant le travail, que la prévoyance sociale, la réglementation syndicale, le fonctionnement des universités, etc.

La rencontre a approuvé la formation d’un Forum national de mobilisation réunissant un large spectre de forces politiques opposées au véritable retrait de droits que signifient les contre-réformes à venir. Au calendrier des activités de ce Forum, trois dates fondamentales: le Premier Mai, avec la réalisation d’actions classistes dans tout le pays ; une semaine de lutte entre les 21 et 25 mai, avec le 24 mai, une «Journée Nationale de Lutte et de Mobilisation Contre les Réformes» ; et enfin une mobilisation nationale, à Brasilia, au mois d’août 2007. D’autres initiatives doivent être prises en compte, telles que la campagne salariale des fonctionnaires fédéraux, l’Avril Rouge [multiples initiatives d’occupations de terres, etc.] du MST et la Journée Nationale de Lutte des Retraités.

D’importantes composantes du mouvement social brésilien ont participé à la rencontre [les acronymes sont explicités dans la suite du texte]: Conlutas, l’Intersyndicale, la FST, le Mouvement Terre et Liberté, le MTST, les Pastorales Sociales, Conlute, ANDES-SN, ASSIBGE, Condsef, Fenafisco, FENASPS, Sinasefe et Sinait. Le MST a été représenté par Gilmar Amauro et le CSC (courant syndical du Parti Communiste du Brésil), par Gilson Reis. Quant aux partis politiques, étaient présents le PSTU, le PCB et le PSOL, représenté par Heloísa Helena [candidate aux dernières élections présidentielles pour la coalition du PSOL et du PSTU] et Plinio de Arruda Sampaio [membre du PSOL, proche des milieux de la théologie de la libération].

C’est José Maria de Almeida (dit Zé Maria), de la coordination nationale de Conlutas, qui a fait l’intervention d’ouverture. Selon le syndicaliste, la lutte contre les réformes est une bataille contre le gouvernement Lula. «Lula a déjà choisi ses héros. Ce sont les patrons d’usines et les entrepreneurs. Nos héros à nous continuent d’être les mêmes. Les travailleurs agricoles de la canne à sucre, les ouvriers, les sans-terre et les sans-toit», a-t-il affirmé.

Membre de la coordination nationale du MST, Gilmar Mauro a dit que la direction du mouvement se joindrait à Conlutas, à l’Intersyndicale et à d’autres forces politiques pour discuter d’une journée unifiée de lutte contre les réformes. «Nous voulons discuter de la manière de faire parvenir toute la colère que nous voyons ici jusque dans les régions les plus reculées du pays», a-t-il dit.

Des représentants internationaux – de l’organisation haïtienne Bataille Ouvrière, de la COB (Centrale Ouvrière Bolivienne), un représentant de la Fédération des Travailleurs Agricoles de La Paz et des syndicalistes uruguayens également – étaient présents, ce qui constitue une avancée dans la tentative d’unifier les mobilisations dans toute l’Amérique Latine. La présence de troupes de l’Armée Brésilienne à Haïti a été condamnée par les participants.

Zé Maria: «Nos héros sont toujours les mêmes»

Le discours de Zé Maria, de Conlutas a ouvert officiellement la Rencontre Nationale Contre les Réformes.Il a salué toutes les personnes présentes en insistant sur l’importance de l’unité qui est en train d’être construite pour fortifier la lutte contre les réformes. Selon Zé Maria, il s’agit d’une lutte contre le Gouvernement Lula: «Lula a déjà choisi ses héros. Ce sont les patrons d’usines et les entrepreneurs. Nos héros à nous continuent d’être les mêmes. Les travailleurs agricoles de la canne à sucre, les ouvriers, les sans-terre et les sans-toit.»

Zé Maria a terminé cette allocution d’ouverture en rendant hommage au peuple haïtien et en lançant un appel afin que tous soutiennent la campagne pour le retrait des troupes brésiliennes en Haïti.

Mancha: «Le sursaut de mobilisation de l’Amérique Latine va passer par chez nous»

Luis Carlos Prates, nommé Mancha, directeur du Syndicat des Métallurgistesde São José dos Campos [état de Sao Paulo] et militant du PSTU, a parlé de la continuité du mouvement après la rencontre. «La tâche la plus importante est devant nous. Nous devons unir les travailleurs pour affronter Lula et l’impérialisme. Pour cela, nous appelons à la formation du Forum, pour donner une continuité aux luttes, pour faire des grèves, des occupations, des mobilisations, bloquer des routes et occuper Brasilia».

Il a rappelé diverses insurrections et journées de luttes qui se sont passées récemment dans des pays voisins pour affirmer: «Ce sursaut de mobilisation qui est en train de se produire en Amérique Latine va passer par ici. Et pour que celui-ci se produise, il faut qu’il y ait une direction conséquente qui organise les luttes. Nous devons sortir d’ici avec la ferme intention de redoubler nos forces et nos énergies pour organiser les luttes dans tout le pays».

Janira Rocha, du MTL de Rio de Janeiro, a réaffirmé l’unité comme étant un facteur décisif pour la période à venir. «Sans unité il n’y a pas de plan de luttes. Et cette unité ne doit pas seulement être celle des directions. Cette rencontre est le premier pas effectué par ceux qui ont conscience du fait que cette unité doit servir à la construction de la lutte à l’intérieur de notre classe. C’est là que la vraie unité va se faire», a-t-elle affirmé.

Baba: «Ne montrez pas vos décorations»

L’ex-député fédéral João Batista, dit Baba, du PSOL, a donné la dimension exacte de la signification de cette rencontre. Dans son intervention, et au cours du débat sur le plan de luttes, il a rappelé que le mois de mars avait été un mois très important, avec des actions contre la visite de Bush. «Au-delà des actions de rejet, nous nous trouvons face à un événement historique. Ne montrez pas vos décorations [allusion ironiqueà l’attitude des membres du PT gouvernemental qui étalent leurs titres et leurs décorations]. Un événement que va être un levier pour  les luttes dans tout le pays et faire barrage aux contre-réformes.»

Heloísa Helena: l’unité contre les réformes

Heloísa Helena, ex-candidate à la Présidence du Front de gauche [coalition PSOL-PSTU], a parlé au nom du PSOL. En raison de problèmes techniques de transmission, cette dernière a adressé un bref salut. Insistant sur l’importance de la présence de travailleuses et de travailleurs noirs, de femmes et d’homosexuels dans cette rencontre, Heloísa a commencé son discours en affirmant «Il est nécessaire de reconnaître le rôle que les camarades du PSTU ont joué dans ce processus initial de réorganisation du mouvement syndical. Il est nécessaire d’être humbles pour avancer ensemble. Et si cette unité devait dépendre du PSOL, l’on doit être certain que celle-ci se ferait, parce que cette unité constitue une tâche unique et nouvelle  de tout le mouvement pour affronter le gouvernement Lula».

Finalement Heloísa Helena a insisté sur le fait qu’il était nécessaire d’avoir de la patience dans ce processus. Mais que cette patience devait s’adresser à ceux et celles qui étaient encore «confus» et non à ceux qui appuyaient le gouvernement. En terminant son discours, Heloísa a envoyé un message en direction de Lula et des milieux proches du gouvernement: «Il peut bien, lui, se montrer chaud parce que nous, nous sommes en train de bouillir !»

Valério Arcary: «Il est possible de lutter. Il est nécessaire de vaincre !»

Au nom de la direction nationale du PSTU, Valério Arcary a commencé son message de salutation en répétant: «Il est possible de lutter. Il est nécessaire de vaincre». «Il y a quatre ans, beaucoup de gens disaient qu’il ne serait pas possible de regrouper la gauche, que sortir de la CUT [Centrale Unique des Travailleurs] serait un suicide, que les socialistes ne seraient pas capables de se réorganiser. On disait aussi que Bush allait imposer un nouvel ordre mondial à travers la déroute en Irak. Aujourd’hui en Irak le projet de Bush a été mis en échec par la résistance irakienne. Et aujourd’hui, nous sommes en train de démontrer que non seulement il est possible de réorganiser la gauche, mais aussi qu’il est possible de lutter et possible de vaincre.»

Dans son intervention Valério a encore insisté: «Dans les dernières années, on a aussi dit que le néolibéralisme allait sortir vainqueur, que nulle part la lutte ne serait possible. Mais ce que la réalité a démontré est exactement le contraire.»

En disant que dorénavant la journée du 25 mars 2007 constituerait une date historique pour le mouvement ouvrier, Valério a aussi dit que la première année du second mandat de Lula serait très différente de 2003: «Aujourd’hui nous sommes en train de construire un front unique de résistance et j’ai la conviction que chacun qui est ici retournera vers son école, son hôpital, son atelier ou son campement pour apporter le message de cette rencontre. Lula lui a déjà choisi ses alliés et ses héros, ce sont Bush, Collor [président qui devra démissionner pour corruption, 1990-1992 ], les amis de Fernando Henrique Cardoso [président durant deux mandats avant la présidence de Lula], les vieux patrons d’usines, les banquiers et les entrepreneurs. Mais 2007 ne se passera pas de la même façon que le premier mandat de Lula. Celui-ci va se trouver face à une muraille de lutte qui l’empêchera de poursuivre son projet. C’est cela que désire le PSTU et c’est à cela qu’il consacre son activité militante».

Finalement, le mot d’ordre «Me parece, me parece, que o socialisme cresce»Il me semble, il me semble, que le socialisme croisse») a été scandé par la salle.

Bush hors d’Irak et Lula hors de Haïti

Didier Dominique, syndicaliste haïtien du groupe Bataille Ouvrière, qui se trouve au Brésil depuis le début du mois, parcourant les capitales des états de la république fédérale pour dénoncer l’occupation de Haïti par les troupes de l’ONU, a parlé de son activité dans le pays et s’est adressé à celles et ceux qui participaient à la Rencontre: «Nous sommes ici pour dénoncer la présence des forces répressives en Haïti. Nous savons que celles-ci n’ont pas été envoyées par le peuple du Brésil mais par les réactionnaires du Brésil. C’est une différence importante».

A la fin de son intervention, presque tous les gens présents étaient en train de chanter le mot d’ordre «Fora já, fora já daqui, Bush do Iraque e Lula do Haiti» («Dehors tout de suite, dehors tout de suite, Bush de l’Irak et Lula de Haïti»).

Didier a conclu en affirmant que «la paix qu’ils  veulent maintenir en Haïti est la paix des cimetières et la paix de l’impérialisme». Une énorme banderole de Conlutas, utilisée lors des protestations contre la visite de Bush, a été déroulée dans la partie supérieure du gymnase.

Plinio de Arruda Sampaio: «La Rencontre marque le retour à l’offensive de la classe ouvrière»

L’ex-candidat du Front de Gauche au Gouvernement de l’Etat de São Paulo, en 2006, a parlé de sa joie et de son émotion à participer à la Rencontre nationale Contre les Réformes et sur l’importance historique de l’événement: «Maintenant nous allons avancer. Maintenant nous montons. Nous allons faire se mettre debout la classe ouvrière. Dans quelques années, n’importe quel historien pourra dire que le 25 mars 2007 a marqué un retour à l’offensive de la classe ouvrière».

Et il a conclu sur des applaudissements, en affirmant que «l’unité pour avancer» pourrait être le mot d’ordre de la Rencontre.

Une opposition lutte pour faire sortir la CPERS de la CUT

Dans son intervention, Neida, de l’opposition du CPERS, le Syndicat des professionnels de l’éducation de l’Etat du Rio Grande do Sul, a répété la nécessité de lutter contre les directions gouvernementales. «Nous nous joignons à Conlutas et nous sommes conscients de l’importance des tâches à accomplir. Lutter contre l’impérialisme signifie lutter contre ses agents au Brésil et dans les autres pays. Mettre en déroute le néolibéralisme passe par la mise en échec dans l’Etat du Rio Grande do Sul du projet appliqué par le gouvernement du PSDB. Cela signifie également mettre en échec la bureaucratie du CPERS liée à la CUT. Nous sommes aujourd’hui dans une lutte dure pour quitter la CUT», a-t-elle affirmé.

Des groupes de travail de Conlutas présentent des propositions pour un plan de luttes

Au nom du Groupe de Travail des femmes et des hommes noirs de Conlutas, c’est Manoel Crispim, du Sindsprev [syndicat de la prévoyance sociale] de Rio de Janeiro et Dayse Oliveira, militante du PSTU et dirigeante du SPEP [syndicat de l’enseignement privé] de Rio de Janeiro qui ont parlé. Crispim a relevé l’importance historique de cette rencontre et également de la volonté de Conlutas de se présenter comme un instrument de lutte anti-raciste. «Il est fondamental que chacune des composantes organise des collectifs ou secrétariats anti-racistes depuis la base, afin que l’ensemble de Conlutas puisse non seulement discuter de nos revendications mais également présenter une alternative socialiste pour le peuple noir.»

Dayse a présenté les points principaux du plan d’action voté par le groupe de travail, points qui doivent être inclus dans le document final et dans le calendrier des luttes de la Rencontre. «Il est nécessaire de lutter non seulement contre les préjugés et la discrimination raciale. Il est nécessaire de faire barrage au  projet de destruction du peuple noir, dont le sale travail fait par Lula en Haïti, sur commande de Bush, constitue un très bel exemple». Le groupe de travail est en train d’élaborer une série de propositions en défense de la lutte des populations noires qui vivent de manière concentrée dans un lieu, de la défense de la politique d’indemnisation [par rapport à l’esclavage], des quotas [de représentation de la population noire] et d’une campagne contre le rabaissement de l’âge de responsabilité pénale [pour contrer la politique répressive contre les adolescents dits délinquants, cibles de la police].

Eliana, du MTL, et de l’opposition des travailleurs et travailleuses de l’imprimerie de Minas Gerais a défendu l’inclusion de propositions qui concernent toute la classe ouvrière. Au nom du groupe de travail des femmes et des GLBT [gays, lesbiennes, bi- et trans-sexuels], elle a défendu le combat contre toute forme d’oppression et de violence machiste et contre l’homophobie, ainsi que l’idée d’une campagne nationale pour la légalisation de l’avortement et la dénonciation permanente des conséquences des réformes néolibérales pour les plus opprimés, les noirs comme les femmes.

La rencontre discute du plan de luttes

Après avoir apporté de la nourriture aux personnes occupant la propriété João Cândido [propriété qui a été occupée et rebaptisée du nom d’un dirigeant rebelle du début du XXe siècle ; se trouve sur le territoire de la municipalité de Itapecirica da Serra, dans l’état de Sao Paulo], il y a eu un début de débat sur le plan de luttes contre les réformes.

Une proposition de calendrier a été présentée par des représentants de Conlutas et de l’Intersyndicale et prévoit trois dates fondamentales pour la période à venir.

La lutte unitaire commencerait le Premier Mai, avec la mise sur pied d’actions classistes dans tout le pays. Puis, toujours en mai, il y aurait entre le 21 et le 25 une semaine de lutte, avec comme point culminant le 24 qui serait une Journée Nationale de Lutte et de Mobilisation Contre les Réformes. Le troisième axe de cette proposition serait l’organisation d’une action nationale, à Brasilia, au mois d’août.

Ce serait là les dates fondamentales, mais d’autres encore seraient intégrées au calendrier, comme la campagne sur la fonction publique, l’Avril Rouge et la Journée Nationale de Lutte des Retraités.

A partir de cette information, les inscriptions ont été ouvertes et il y a eu un début de débat sur le calendrier et sur la meilleure manière de construire l’unité contre les réformes. Cyro Garcio, de l’Opposition Bancaire de Rio de Janeiro, a critiqué les gouvernements tels que celui de Lula, qui se font élire sur un discours anti-impérialiste et qui attaquent ensuite les travailleurs. Il est nécessaire, dit-il, que notre classe rompe avec le gouvernement Lula. Et non seulement avec celui-ci, mais également avec les directions qui trahissent.

La Rencontre exige la réintégration des ouvriers licenciés de la Volkswagen

La rencontre nationale a rendu un hommage spécial aux métallurgistes licenciés de la Volkswagen. Rogerio Romancini et Biro-Biro, dirigeants de l’opposition syndicale des métalurgistes de l’ABC [grande région ouvrière industrielle de Sao Paulo, où Lula a fait ses classes] sont venus sur le podium avec une banderole qui disait: «Não as demissões na Volks. Não a retirada de direitos !»Non aux licenciements à la Volks ! Non au retrait de droits !» – lors des dernières élections, une lutte très dure a été menée à la Volkswagen. La direction de l’entreprise, en accord avec la direction de la CUT, a réprimé les représentants combatifs.]

Dans la cour du gymnase, il y a un stand de campagne pour la réintégration immédiate des dirigeants licenciés. Des centaines d’activistes sont passés par là, déposant de l’argent permettant de subvenir aux besoins des deux hommes campant devant la fabrique depuis environ 20 jours.

Des dizaines de groupes et de parlementaires se sont déjà manifestées pour la réintégration des travailleurs licenciés. La campagne vient de sortir une affiche et à partir de cette semaine, la vie au quotidien sur le campement sera racontée sur un blog.

Un exemple de solidarité

Après le repas, les travaux de l’après-midi ont recommencé à 15 heures avec une action de solidarité. Des militants du MLST, de la région de Ribeirão Preto (São Paulo), ont fait don d’une tonne d’aliments pour l’occupation João Candido, du MTST [Mouvement des travailleurs sans toit]. L’occupation a commencé il y a une semaine, à Itapecerica da Serra, dans la Zone Sud de São Paulo, avec 2500 familles. Les organisateurs des deux mouvements ont parlé de la nécessité de solidarité parmi les travailleurs. Les aliments sont dans un camion, devant le gymnase, et celui-ci sera acheminé vers l’occupation.

Présence à la Rencontre du Courant Syndical Classiste (CSC)

Gilson Reis, qui a parlé au nom du CSC, a affirmé que pour lui l’unité du mouvement populaire et syndical devait absolument se faire non seulement parmi les travailleurs du Brésil, mais parmi tous les lutteurs de toute l’Amérique Latine».

Selon lui, «Travailler à l’unité du peuple pour rompre avec la politique de ce gouvernement doit être l’engagement de toute organisation de lutte de ce pays».

Gilson a encore insisté sur l’importance du plan de luttes devant être approuvé au cours de la Rencontre et il a conclu ainsi:

«Lors du premier mandat de Lula, nous n’étions pas en mesure de construire cette unité. J’espère que nous puissions maintenant mettre notre campagne en pratique avec des mobilisations de rue et des affrontements».

Environ 700 étudiants présents à la Rencontre

L’étudiant Soto, qui a parlé au nom de la Coordination Nationale de Lutte des Etudiants (Conlute) a défendu l’unité entre la jeunesse, les travailleurs et les mouvements populaires: «Ce n’est pas seulement une Rencontre, mais surtout un moment historique du mouvement social du pays».

L’étudiant a encore affirmé que pour mettre en échec le gouvernement, il fallait rester tous unis avec un calendrier de luttes capable d’ «incendier le pays» et il a été très applaudi.

Le représentant de la Centrale Ouvrière Bolivienne (COB) parle

Pour finir, c’est le dirigeant de la COB, Ramiro Condore, qui a parlé au public. Il a salué les personnes présentes et il a dit qu’il avait entrevu beaucoup de problèmes communs au cours des deux jours qu’il venait de  passer dans notre pays. L’annonce même de son discours a été très applaudie.

Pour lui, la Bolivie rencontre aujourd’hui des problèmes semblables à ceux de beaucoup de pays latino-américains qui ont élu des candidats populaires: «Nous avons été trompés. Nous devons maintenant lutter pour mettre en échec le néolibéralisme dans nos pays».

Condore a encore souligné l’importance d’être ici avec des représentants de Haïti et de l’Uruguay pour pouvoir discuter d’initiatives communes après la Rencontre, et il a conclu en affirmant que «dorénavant tous les travailleurs latino-américains devaient rester debout et pas à genou».

Son discours a été très applaudi et finalement tous se sont mis à chanter «Brasil, Bolivia, América Central, a classe operária et international» («Brésil, Bolivie, Amérique Centrale, la classe ouvrière est internationale»).

Un dirigeant du MST vient saluer

Alors qu’on leur a annoncé la présence de Gilmar Mauro, dirigeant national du MST, les cinq mille personnes présentes à la Rencontre se sont mises à scander le mot d’ordre «MST, estamos com você» («MST, on est avec vous»).

Dans son discours, Gilmar a souligné son plaisir d’être présent: «La signification de cet événement est évidente, ne serait-ce qu’en regardant la salle. Celle-ci est rouge, comme l’est d’ailleurs le contenu du débat qui est plus rouge encore».

Gilmar a souligné que le 9 avril la direction du MST se réunirait avec Conlutas, avec l’Intersyndicale et avec d’autres forces politiques encore pour discuter d’une journée unitaire de luttes contre les réformes du Gouvernement, affirmant qu’ «en temps de crise, la fragmentation d’un mouvement se produit toujours. Pour cette raison nous devons être encore plus patients, et en même temps nous devons être intransigeants avec l’Etat bourgeois et ses gouvernements de grands propriétaires fonciers comme celui que nous avons sans doute chez nous. Pour cela, nous désirons discuter comment acheminer tout le rouge que nous voyons ici jusqu’aux quatre coins de notre pays».

A la fin, Gilmar a insisté sur l’engagement du MST à travailler avec les autres composantes pour construire cette unité et pour qu’ait lieu une journée de luttes sur chaque terre du pays, afin de lutter non seulement pour la réforme agraire, mais également pour le socialisme qui, selon sa conception, est la seule manière de garantir la victoire des travailleurs.

«Ce qui nous unit est un sentiment de classe»

Paulo Pedrini a parlé au nom des Pastorales Sociales de São Paulo et a parlé du défi que constitue la recherche de l'unité des travailleurs sous ce Gouvernement.

«L’élection de Lula a fait naître de grandes espérances mais les changements n’ont pas lieu. Dans ce second mandat, nous voyons que le Gouvernement est encore plus à droite, ce qui fait que beaucoup de gens réfléchissent et veulent s’engager dans la construction d’une unité plus large. Nous devons à nouveau construire la lutte unitaire. Ce qui nous unit c’est le sentiment de classe».

Puis Pedrini a terminé en insistant sur l’importance d’un forum national: «A partir de maintenant, les travailleurs vont savoir qu’il n’existe pas seulement les forums gouvernementaux et les forums de ceux qui sont passés de l’autre côté».

La Rencontre a aussi pu compter sur la présence de Waldemar Rossi, activiste historique de la Pastorale Ouvrière. (traduction de Alencontre)

(6 avril 2007)


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