Brésil «La réunion se présente Entretien avec Zé Maria Nous avons déjà indiqué sur ce site, dans l’article daté du 12 mars, consacré à la proposition d’interdiction du droit de grève, l’importance de la campagne engagée par le regroupement socio-syndical Conlutas. Nous publions ici un entretien mené, à l’occasion de la réunion nationale que Conlutas organise le 25 mars 2007. Cet entretien a été publié dans l’hebdomadaire Opinion Socialiste, organe du PSTU (Parti socialiste des travailleurs unifié). José Maria de Almeida, dit Zé Maria, est membre de la direction de la Fédération Démocratique des Métallurgistes de l’Etat de Minas Gerais et de la Coordination du regroupement Conlutas. Zé Maria nous parle du processus de construction de l’unité des travailleurs contre les «réformes» du gouvernement Lula. Opinion Socialiste – Où en sont les préparatifs pour la rencontre ? Zé Maria – Les préparatifs sont en bonne voie. Il y a un grand enthousiasme pour cette rencontre dans tous les Etats, et cette rencontre peut remplir, toutes proportions gardées, le rôle de la réunion de Luziânia en 2004 [ville à quelque 60 kilomètres de Brasilia, dans laquelle s’est tenu le Congrès de fondation de Conlutas en mars 2004]. Le compte rendu de la rencontre a été diffusé dans divers groupes dans tout le pays et le bulletin de la convocation commence déjà à être reproduit. La distribution massive du bulletin est importante afin que les travailleurs, les travailleuses et les jeunes soient informés de ce qui est en train de se passer, et de l’unité qui est en train d’être construite. Les étudiants également sont très intéressés, et selon les premières informations, il y aura une grande participation des jeunes à la rencontre. Dans quelques Etats, il y aura des assemblées et des rencontres de préparation et les «caravanes» commencent à être organisées, et tous ces éléments nous indiquent déjà une participation très importante. Lors de la dernière réunion de préparation que nous avons tenue, nous avons estimé à environ 3500 le nombre de personnes qui participeront à São Paulo, ce qui serait très représentatif. Quels secteurs sont-ils impliqués dans la construction du 25 mars 2007 ? ZM – Sur cet aspect également, l’évolution est assez positive. On a beaucoup avancé dans l’organisation de cette rencontre depuis le vote de la résolution au comité national. Au-delà des regroupements qui étaient déjà avec Conlutas depuis le congrès, d’autres se sont également intégrés à l’organisation: le Forum Syndical des Travailleurs, qui regroupe 14 Confédérations Nationales ; les camarades de l’Intersyndicale, qui comprend quelques syndicats encore dans la CUT et d’autres qui sont en train de rompre ; les Pastorales Sociales de São Paulo et celles de l’Eglise Catholique notamment, avec une présence plus marquée de la Pastorale Ouvrière de São Paulo. Un autre secteur très important vient de rejoindre le processus: le MST. Celui-ci a déjà participé à la dernière réunion préparatoire de la rencontre et sera présent dans la construction du plan d’action commun que nous devons lancer à cette occasion. Les organisations du Jubilé Sud [qui lutte contre le paiement de la dette] sont également en train de discuter de leur éventuelle participation. Pourquoi l’organisation de la rencontre s’est-elle tellement élargie ? ZM – Effectivement, la rencontre est en train de devenir une sorte de pôle d’attraction pour toutes les forces qui désirent lutter en cette période que le pays est en train de vivre. Elle surgit comme une réponse concrète à la recomposition à laquelle nous assistons dans le mouvement syndical et dans les mouvements sociaux, recomposition générée par la crise ouverte qui a suivi l’ascension de Lula au gouvernement en 2003. Plus que l’événement en lui-même, la rencontre peut constituer un signal fort pour la consolidation d’un pôle d’unité d’action ou de front unique pour la lutte, ce qui est très important actuellement pour affronter les réformes néolibérales, comme celle de la Prévoyance Sociale qui est imminente. Et pour les autres luttes et défis du futur bien évidemment. Quelle est la différence entre la lutte contre les réformes aujourd’hui et la mobilisation de 2003 contre la réforme de la Prévoyance voulue par Lula ? ZM – Si nous comparons avec 2003, il y a une ambiance plus favorable à la résistance des travailleurs et travailleuses aujourd’hui. L’expérience que l’on a du gouvernement Lula a fait avancer les choses. Il est vrai qu’il existe encore une part très importante de la classe ouvrière qui soutient le gouvernement, mais il y a un autre secteur, important lui aussi, qui n’attend plus rien de ce gouvernement. Cette expérience s’exprime aussi dans le refus de la population d’accepter des réformes et des privatisations, comme nous pouvons le voir à travers plusieurs sondages. Il y a aussi une avancée dans l’organisation des travailleurs. La crise de la CUT (Centrale Unique des Travailleurs) rend plus difficile son rôle de frein lors et pour les luttes. Elle continue certes à être un obstacle important, mais pas infranchissable. Sans parler de la construction du regroupement de Conlutas qui permet à la classe ouvrière de compter sur un instrument très important, même si encore minoritaire, pour l’aider dans cet affrontement. La construction même du front qui est en train de se mettre en place pour la rencontre est seulement possible parce qu’il y a eu un travail conscient effectué par Conlutas, avec la collaboration d’autres secteurs, pour que les choses avancent ainsi. Il est donc possible de dire qu’aujourd’hui le gouvernement a moins de force qu’en 2003 et que les travailleurs et travailleuses sont bien mieux préparés pour l’affronter qu’à l’époque. Cela ne voulant pas dire que la lutte sera facile, au contraire. Mais il est possible de gagner. Quelles sont les attentes liées à cette rencontre nationale ? ZM – On attend que cette rencontre nationale lance un plan d’action unifié, plan qui est en train d’être construit dans les réunions préparatoires et dans la discussion avec les groupes de base. Ce plan doit tenir compte du calendrier existant déjà dans les divers mouvements et indiquer notre participation dans ces luttes que, d’un côté, il faut fortifier, et de l’autre, enrichir de revendications s’opposant aux «réformes» gouvernementales actuelles. Par exemple, nous participerons tous à l’Avril Rouge du MST, à la lutte contre la violence dans les campagnes et pour la réforme agraire, mais nous essayerons de faire aussi les liens avec les contre-réformes en cours. En plus de cela, une proposition est actuellement en discussion: redonner au premier Mai sa tradition de lutte classiste en en faisant la date fondamentale de l’unification de tous les secteurs. Nous commencerions par faire sur la place de Sé [place du centre historique de Sao Paolo] une manifestation qualitativement supérieure à celles que nous avons faites toutes ces dernières années. Nous sommes en train d’étudier également la possibilité de décider d’une semaine nationale de luttes contre les «réformes» gouvernementales pour la fin du mois de mai-début juin, avec des manifestations, des blocages de routes dans le pays entier. Pour le début du second semestre, l’idée est d’organiser une première grande manifestation à Brasilia. Seront préparés également des débats et des séminaires pour aider la population dans sa prise de conscience contre les réformes. Une autre chose importante à relever est que la plate-forme politique qui va constituer la base d’unité entre tous ces secteurs, doit, au-delà des oppositions aux «réformes», également intégrer d’autres causes, comme la lutte contre le PAC [le dit programme du gouvernement Lula d’accélération de la croissance économique] ou le déplacement du fleuve São Francisco dans la région de Rio Grande du Nord par exemple, ou la lutte pour l’annulation de la vente pour un plat de lentilles complexe industriel de la Vallée du Rio Doce, pour l’emploi, pour le salaire minimum, pour la réforme agraire, pour l’éducation et pour le logement. Quelles sont les principales tâches que vous vous êtes fixées pour la prochaine période ? ZM – La principale tâche que nous avons devant nous la suivante: garantir la totale réussite de la rencontre de mars par la mise en pratique du plan d’action que nous définirons alors et continuer à renforcer ce pôle d’attraction de forces pour les luttes futures. Mais il est nécessaire aussi de continuer l’effort de renforcement de Conlutas, en étant conscient du pôle que ce regroupement est en train de jouer et peut à l’avenir jouer dans ce processus. En plus de tout cela, il faut continuer à amener de nouvelles entités et mouvements vers Conlutas, et à y affilier de nouveaux groupes (comme par exemple le Andes – syndicat des enseignants du secteur supérieur – qui vient de voter en congrès son affiliation à Conlutas). Et il est également important d’avancer dans l’organisation et la structuration de la Coordination elle-même. (Traduction A l’encontre). (21 mars 2007) A l'encontre, case postale 120, 1000 Lausanne 20 Soutien: ccp 10-25669-5 |
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