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Après le 23 septembre
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Le bilan de la journée nationale de mobilisation du 23 septembre dans les services publics est contrasté. Perspectives.

Agostino Soldini

25'000 salarié·e·s ont participé à la journée d'actions et de grève organisée dans les secteurs public et parapublic le 23 septembre dernier (cf. pp. 3-4).

Le fait qu'une mobilisation ait eu lieu, le même jour, dans toute la Suisse - c'était une première! - constitue en tant que tel un pas en avant. Face aux mesures d'austérité, dont la nature est partout la même, il est en effet indispensable de construire une riposte commune. De plus, il n'est pas courant d'assister, en Suisse, à une mobilisation aussi large. C'est l'expression du mécontentement existant face à la politique antisociale menée par la famille gouvernementale unie: des socialistes à l'UDC, en passant par les radicaux et les démocrates-chrétiens.

Cela dit, l'ampleur de la mobilisation n'a pas du tout été homogène. En Suisse romande, le bilan est dans son ensemble positif. La journée du 23 septembre a permis de faire en sorte que la question des services publics, et des conditions de travail des salarié·e·s qui y travaillent, devienne un thème de débat public. Il n'y a pas photo par rapport à l'initiative "Services postaux pour tous", dont le débat est resté cantonné au niveau institutionnel. De plus, la mobilisation a été large: 20'000 salarié·e·s environ ont participé aux manifestations tenues à cette occasion. Celles et ceux de Genève ont même fait grève, imité·e·s le 28 septembre par les salarié·e·s du canton de Vaud.

Par contre, en Suisse alémanique, le bilan est mauvais. Partout, la mobilisation a été faible: ce sont moins de 5000 salarié·e·s, au total, qui ont participé aux manifestations et actions du 23 septembre. Aucune grève n'a été organisée. Malgré des attaques extrêmement dures. A l'image de Zurich, où le Conseil d'Etat veut baisser de 3 % les salaires et remettre en cause les prestations publiques, dans la santé notamment.

En Suisse alémanique, tout comme au Tessin d'ailleurs, ce sont des directions syndicales porteuses d'un syndicalisme de lutte et des collectifs militants actifs sur les lieux de travail qui ont fait défaut. Voilà ce qui explique la faiblesse des mobilisations.

La journée du 23 septembre a été portée par le Syndicat des services publics (SSP) et quelques associations professionnelles, notamment le Syndicat des enseignants romands (SER). Les principaux syndicats du secteur public - le Syndicat de la Communication et le Syndicat du personnel des transports (SEV) - ont par contre brillé par leur absence. Plus généralement, il aurait été possible - et nécessaire - de faire de cette journée une échéance de mobilisation pour l'ensemble des salarié·e·s, du public comme du privé. Malgré le rejet massif, le 16 mai dernier, de ses projets (paquet fiscal, 11e révision de l'AVS et hausse de la TVA), le Conseil fédéral continue en effet de plus belle avec sa politique antisociale. Il n'arrête pas de couper dans les services publics, dans les subsides pour l'assurance maladie, etc. Il veut aussi diminuer les prestations de l'assurance invalidité et de l'aide sociale, réduire la durée des indemnités versées aux chômeurs·euses et accroître la quote-part des frais médicaux à notre charge. Sans oublier l'augmentation prévue de la TVA, impôt antisocial s'il en est. Bref, la journée du 23 septembre aurait pu être l'occasion de dire NON, toutes et tous ensemble, sur les lieux de travail et dans la rue, à cette politique: un "deuxième tour social" après le rejet dans les urnes des projets du Conseil fédéral. Mais les directions dudit "mouvement syndical", les responsables du nouveau syndicat Unia en tête, se sont opposées à cette proposition. Voilà qui en dit long sur la nature de ces organisations (cf. notre dossier pp. 6-7).

Quelles perspectives après cette journée ? Dans les jours et les semaines à venir, la mobilisation des salarié·e·s des secteurs public et parapublic va se poursuivre, en tout cas dans plusieurs cantons. Pour contraindre les gouvernements à reculer, une exigence s'impose: l'organisation de mouvements de grève reconductibles partout où cela est possible.

Des batailles centrales nous attendent aussi au niveau national. Une échéance se profile d'ores et déjà. Malgré le refus du paquet fiscal, le Conseil fédéral revient à la charge avec de nouveaux cadeaux pour les possédants. Il veut diminuer l'imposition sur les droits de timbre (transactions mobilières: actions, obligations, etc.) et sur les entreprises: plus de 1 milliard offert aux actionnaires ! En 2003, les 25 plus grandes sociétés suisses cotées en Bourse ont pourtant versé 13,5 milliards de francs de dividendes à leurs actionnaires, 11 % de plus qu'en 2002... Les cadeaux fiscaux justifieront de nouvelles coupes dans les transports publics, dans la formation, etc. L'ensemble des forces syndicales, associatives et de gauche ont la responsabilité d'engager la bataille référendaire contre ces projets.

 
         
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