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«Prévention»
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« Ils n’auront pas eu le temps… » *

Daniel, 62 ans, son cœur l’a lâché sur le chemin du travail. José, qui ne devait pas tarder à partir « du côté où se couche le soleil », ne reverra pas la Catalogne…

Sur les panneaux d’affichage, les avis de décès se succèdent. Ces visages évoquent des rires, des colères, des souffrances. Ils n’auront pas eu le temps de reposer leurs corps malmenés par une vie passée au travail, ou si peu. L’espérance de vie augmente dit-on. Visiblement pas pour tout le monde !

« Bike to work ! »

« Etes-vous fatigué ? Stressé ? Votre santé vous tient-elle à cœur ? » questionne le dépliant distribué récemment aux employé·e·s [1].

Si la réponse est oui aux trois questions, ce n’est certainement pas de se rendre « à vélo au boulot » qui permettra au cœur de ce mécanicien, submergé par les travaux urgents, de retrouver son « rythme de croisière » sans l’aide de médicaments !

Pas étonnant que le corps et la tête jettent parfois l’éponge lorsqu’il faut à coups de huit, dix, voire douze heures assurer un travail qui pourrait être fait tranquillement par deux ou trois personnes.

Quand il faut la journée durant interrompre un boulot urgent pour en commencer un autre plus urgent qu’il faudra ensuite laisser tomber : soit par manque de pièces – moins de stock ! –, soit que ces dernières sont mal façonnées ou perdues, soit qu’un sous-traitant coincé par des délais impossibles n’a pas réussi à livrer à temps. Tout cela, sans compter les réorganisations régulières des postes de travail sorties tout droit de manuels spécialisés en « flux tendus ».

« Nous faire coller à la théorie »

Pour coller à la théorie, le personnel doit en tout temps être disponible, flexible et polyvalent. Il doit pouvoir – dans un environnement toujours plus complexe et sous pression constante des délais à tenir – s’adapter instantanément aux exigences d’un nouveau poste de travail.

Sinon, le risque est grand de se retrouver dans la situation de ce jeune intérimaire, en larmes, devant son établi, à qui l’on vient d’expliquer qu’on va se passer de ses services parce qu’il n’est pas suffisamment rentable. Cela trois jours après son engagement !

Alors, venir au boulot en vélo, pour « améliorer son capital santé » ? Les collègues qui se lèvent à 4 heures du matin pour prendre la relève des équipes apprécieront ! Tout autant d’ailleurs que les « conseils santé », diffusés en boucle sur un site intranet d’entreprise, qui nous suggèrent d’être à l’écoute de notre horloge biologique pour retrouver un sommeil réparateur…

* Témoignage d’un travailleur de l’industrie des machines, mai 2007

1. « Bike to work » Une action pour les entreprises et leur personnel.Parrainage : Adolf Ogi, ancien con­seiller fédéral UDC, grand sportif et très actif pour trouver des planques payantes. Par exemple, celle de Consultant Spécial auprès du Secrétaire Général des Nations Unies pour le Sport, le Développement et la Paix.
Ogi siège aussi dans le conseil d’administration (CA) de la Schwab Foun­dation for Social Entrepren­eurship. Une Fondation créée par Klaus Schwab, le président d’honneur du WEF (World Economic Forum). Le « partenaire stratégique » de la Fon­dation est la SwissRe, si active dans « l’adaptation » de la LAI et de la LAA aux besoins des assureurs et des réassureurs.
« Bike to work » est un Concours organisé avec le soutien de l`Office fédéral de la santé publique et Promotion Santé Suisse. Dans le Conseil de cette dernière Fondation se retrouvent, côte-à-côte, le social-démocrate Pierre-Yves Maillard, Département de la santé et de l'action sociale de Vaud (DSAS) ; Manfred Manser, d’Helsana Assurances SA (vice-président de la Fondation), Thomas Mattig de l’Association suisse d'assurances, ASA ; Beat Moll, de la CSS Assu­rances. L’incontournable radical de droite (faut-il préciser ?), le Dr Felix Gutzwiller de l’Institut de médecine sociale et préventive (Zurich) y distille ces recettes, à côté du représentant des pharmaciens, le bien nommé Max Brentano-Motta (Berne-Liebefeld).

(23 mai 2007)

 
         
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