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Des CFF à la BNS
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La même voie Charles-André Udry Depuis la nouvelle législation sur le chômage et la dégradation dudit marché de l’emploi, le nombre de personnes se rendant à leur travail en train s’est accru. La direction des CFF vient d’annoncer une nouvelle hausse du prix des billets de transport. Ils augmenteront en moyenne de 3,1% et de 3,6% pour l’abonnement général. Pour la carte journalière avec abonnement demi-tarif, utilisée par beaucoup de retraité·e·s, l’augmentation sera de 14% Pour la carte journalière commune, la hausse atteindra 15% Cela touche, en particulier, les groupes de jeunes (voyages scolaires) ou les groupes de personnes âgées faisant un voyage collectif.Les CFF n’ont, en réalité, aucune raison de hausser les prix. Aucune prestation améliorée n’est offerte aux voyageurs. L’utilisation démagogique du prix du tunnel de base du Lötschberg participe des arguments surréalistes de la direction des CFF, entre autres du bien nommé Thierry Lalive d’Epinay. L’amélioration de l’offre liée à ce tunnel ne concerne que 5% du 1,5 million d’habitants du bassin de Suisse occidentale. De plus, et surtout, ces travaux sont financés par le biais des impôts qui sont, de manière très disproportionnée, payés par les salarié·e·s. En fait, la politique de remplissage des wagons est poussée à l’extrême. Un taux d’occupation de 70% est considéré comme une limite basse. Il y aurait simplement un «seuil psychologique» qui fait que les pendulaires de l’Arc lémanique, restant debout, considèrent que 70% d’occupation équivaut à une situation analogue à celle de sardines mises en boîte. Derrière les statistiques sur les taux d’occupation, le nombre de voitures, les différenciations de services se profilent, simplement, des études de coûts et de rendement nécessaires à une future privatisation accentuée; et non pas seulement à une gestion économique assimilable à une gestion privée, comme cela l’est déjà aujourd’hui. Avec les conséquences qui en découlent depuis un certain temps aussi bien pour les usagers que pour l’ensemble du personnel employé par les CFF. Autrement dit, l’argumentation officielle, relayée par les médias, prend les salarié·e·s pour des idiots, comme lorsqu’on leur fait croire que les primes d’assurance maladie n’augmenteront pas ou que de peu en 2008. On se tait sur les augmentations précédentes. On fait silence sur les augmentations à venir en 2009 et 2010. On camoufle le simple fait que le financement des coûts de la santé est très largement à charge des ménages privés [1], encore plus si l’on tient compte de l’origine des ressources (cotisations aux assurances et impôts finançant les dépenses de l’Etat). (Voir le site www.labreche.ch sur le bilan de la votation sur la caisse unique du 11 mars 2006.) La Banque nationale suisse (BNS) – dont le président de la direction générale est le Valaisan de Saxon Jean-Pierre Roth, formaté à l’idéologie néoclassique lorsqu’il a «parfait son éducation» au MIT (Etats-Unis) – a décidé le jeudi 15 mars 2007 de relever d’un quart de point, à 2,25, son taux de refinancement, pour la sixième fois depuis 2006. Depuis mars 2003, ce taux a augmenté de 2% Pour les salarié·e·s et les propriétaires d’un appartement, l’effet sera clair: les taux hypothécaires vont prendre l’ascenseur. Les grandes banques le réclamaient depuis des mois. Migros Bank, la Banque cantonale de Zurich (ZKB), Raiffeisen, CZ et UBS l’annoncent déjà (HandelsZeitung, 14-20.3.2007). Les assureurs propriétaires immobiliers vont aussi en profiter. Sur une masse de 500 milliards de dette hypothécaire, une hausse de 2% ramènera à ces «acteurs économiques» (banques et assurances) quelque 10 milliards. Un beau transfert des salaires vers le capital. A cela il faut ajouter la hausse des intérêts sur les dettes de l’Etat fédéral, des cantons et des communes. Quelque 20 milliards. Ce financement se fera pour l’essentiel par les salarié·e·s. D’autant plus que les Chambres viennent d’accepter un allégement fiscal de 40% sur la fortune privée (sur les dividendes: montant distribué annuellement par les entreprises aux actionnaires). La justification donnée par l’inénarrable Jean-Pierre Roth – à la botte des grandes banques comme toutes les directions générales de la BNS – porte sur le danger de l’inflation. Cette dernière serait liée à l’injection de trop grandes liquidités monétaires, aux effets inflationnistes, et qui sont provoquées par des taux d’intérêt trop bas. Le monde à l’envers. Et cela pour deux raisons. Premièrement, une hausse des taux a des effets sur la hausse des loyers, sur les impôts (financement de la dette ou alors austérité accrue), sans parler du report sur les prix que des entreprises liées au marché interne peuvent faire lorsqu’elles sont endettées et que le coût de leur dette s’élève. Deuxièmement, il n’est pas difficile de percevoir que la concurrence venant des «pays émergents», du reste des pays de l’UE, ainsi que le chômage et l’ouverture européenne du marché du travail exercent une pression sur les salaires: mise en concurrence planifiée des salarié·e·s entre eux, face à des syndicats d’une débilité profonde. Les coûts unitaires salariaux (part des salaires dans chaque unité produite) ne vont donc pas augmenter; d’autant plus que la productivité croît plus vite que les salaires. Cette décision de la BNS, comme celle des CFF ou celle des caisses maladie, participe simplement de la vaste rerépartition des richesses en faveur du capital et, donc, en défaveur du travail. 1. Ludwig Gärtner et Yves Flückiger, Problèmes de l’Etat social: causes, fondements et perspectives, Verlag Rüegger, 2006, p. 93. |
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