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Bonne conscience… de classe et de caisse

L’enjeu de la votation sur l’initiative pour une «caisse unique et sociale» dépasse de loin l’objet soumis au vote le 11mars. Un regard sur ceux qui combattent l’initiative, à coups de centaines de millions, l’indique.

L’influent quotidien zurichois –porte-parole des banques, des assurances, de l’industrie– la Neue Zürcher Zeitung alimente la campagne de bourrage de crâne des opposants. Les annonces pour le Non inondent la presse. Vous y reconnaîtrez les visages de ceux et celles qui organisent et votent au parlement fédéral toutes les mesures de régression sociale.

Pascal Couchepin – conseiller fédéral si proche du conquérant Groupe Mutuel, sis à Martigny – se «bat à mort», selon sa formule, contre l’initiative. L’ex-roitelet de Martigny veut aussi: massacrer l’AI (assurance invalidité); placer à 67 ans l’âge légal donnant droit à la retraite; supprimer l’impôt fédéral direct (IFD) pour le remplacer par l’impôt antisocial: la TVA (taxe sur la valeur ajoutée); restreindre encore les droits de chômeuses et chômeurs; porter atteinte aux allocations pour perte de gain. Tout cela sera mené de concert avec ses complices du Conseil fédéral: le radical Hans-Rudolf Merz, l’UDC Christoph Blocher, la démocrate-chrétienne Doris Leuthard et le silence «collégial et obligé» des autres membres.

Couchepin est au «service du pays»: soit les barons de l’économie qui le dirigent. Il est donc autorisé à tromper «le peuple». Ainsi avant la votation du 11mars, il clame: «En 2007, la hausse moyenne [des primes] est de 2,2%. Et je peux quasiment [admirez cet adverbe!] garantir que l’année prochaine, pour la majorité des caisses, la hausse sera du même ordre de grandeur, et l’année suivante, aussi!» (Tribune de Genève, 15.1.2007). L’économétriste de la santé Alberto Holly (Unil-Lausanne) est contraint de dire: «Il me paraît difficile de garantir que la hausse moyenne des primes pour 2008 et 2009 ne sera que de 2,2 %. Je peux encore accepter que l’on fasse de telles prévisions sur l’année en cours, mais pas au-delà» (Le Temps, 17.1.2007). A Genève, en dix ans, la hausse des primes, pour une famille avec deux enfants, a atteint 5 000 francs par an.

Les patrons des banques, des assurances et des firmes pharmaceutiques, en sous-main, appuient le Non. Ils n’ont pas de problème d’accès aux soins de qualité. Daniel Vasella de Novartis a gagné 44 millions de francs en 2006. Il économise 3,5 millions sur ses impôts en choisissant la bonne commune (SonntagsBlick, 21.1.2007). Franz Humer de Roche a encaissé 15 millions en 2006 (SonntagsZeitung, 24.12.2006).

Les dirigeants des caisses – qui vivent «sur le dos» des primes d’assurance maladie que nous payons – se portent bien. L’acolyte de Couchepin, Pierre-Marcel Revaz du Groupe Mutuel, touche environ 1 million de francs. Personne ne sait exactement. Son porte-parole, Yves Seydoux «rappelle que son groupe ne publie aucun chiffre» (Le Matin dimanche, 21.1.2007). Le directeur d’Helsana, Manfred Manser, gagne 580’000 francs. Les 10 membres du conseil d’administration (CA) d’Helsana se distribuent un total 1,8 million de francs par an (SonntagsBlick, 4.2.2007). Le CA se réunit 10 fois par année. Le stress ! Roland Schaer de la KPT-CPT – cette caisse se réorganise avec Concordia – reçoit 500’000 francs (Cash, 11.2.2006).

Or, c’est en pompant nos primes que cette sorte d’arnaqueurs –officialisés par la LAMal (Loi sur l’assurance-maladie)– financent leur campagne contre «leurs» assuré·e·s!

En réalité, ils défendent leurs intérêts de classe et de caisse. Leur but: faire du «secteur de la santé» un business profitable. Autrement dit un système de soins socialement sélectifs et non pas un système de santé pour tous et toutes, le plus égalitaire possible.

(16 février 2007)

 
         
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