Des hôpitaux restructurés comme des entreprises automobiles. L’ancien patron des patrons et démolisseur des assurances sociales, Peter Hasler, à la tête de l’hôpital universitaire de Zurich. Des caisses maladie qui s’immiscent toujours plus dans la pratique des médecins et dans le dossier médical des patients, au nom de la lutte contre «l’explosion des coûts». Des milliers de malades chroniques privés du remboursement de leurs soins parce que n’arrivant plus à payer leurs primes maladie. Des primes qui sont un fardeau pour le budget d’une majorité de la population.
Les dégâts des contre-réformes néolibérales dans la santé sont aujourd’hui manifestes. Comme les médecins de Molière, Couchepin, les assurances, les associations patronales proposent de guérir le malade par la saignée: encore plus de «marché»! Au Parlement, le remède n’est guère contesté, seule la dose fait débat. Novartis, Roche, les chaînes de cliniques privées se frottent les mains: pour eux, l’avenir s’annonce radieux.
La brutalité de cette politique provoque un débat de société parmi la population et les professionnels de la santé. Le projet de caisse maladie unique et sociale (CMUS), soumis au vote le 11 mars 2007, lui a donné de l’ampleur en montrant qu’une autre politique est possible. Quelles ressources veut-on consacrer à la santé? Les choix thérapeutiques doivent-ils être subordonnés à des critères financiers? La médecine à plusieurs vitesses est-elle inévitable? Qui doit en décider: les caisses maladie, le «marché» ou un débat démocratique?
Ce premier numéro des Cahiers La brèche revient sur ces questions. Il décortique la logique et les objectifs des contre-réformes à l’œuvre. Il analyse les objectifs de la réforme en cours de l’assurance-maladie. Il propose des repères pour une politique alternative, partant du droit de chacune et chacun à un accès égal à des soins de qualité. |