Nous reproduisons ci-dessous un texte du Collectifs des postiers et des postières contre le REMAniement de La Poste.
Il s'inscrit dans la continuité du document que nous avons reproduit sur ce site en date du 3 mars.
De fait, ce texte indique l'avancée d'une réflexion de la part de nombreux postiers sur la nécessité de définir une riposte syndicale à partir d'un vrai dialogue parmi les postiers et dans leur syndicat, le Syndicat de la Communication . réd
Collectif des postiers et postières
contre le REMAniment de La Poste
Nous nous réunissons le jeudi 11 mars à 17 h,
Salle des Vignerons, Buffet de la Gare, Lausanne
Les postiers n'attendront pas le 20 avril
Pour reprendre une formule de notre syndicat, le Syndicat de la Communication, il y a longtemps que La Poste "sème le vent". Par contre, elle n'a pas encore "récolté la tempête". Autrement dit, elle n'a pas encore recueilli notre véritable rogne.
Une "pause de protestation" devrait bien s'organiser
N'importe quelle tournée d'un postier est bien préparée et bien organisée. Même si cela, à cause de la direction, est aujourd'hui un peu plus approximatif.
Dès lors, n'importe quelle "pause de protestation" des postiers devrait être préparée avec autant de soin.
Nous qui avons participé, le 27 février, "à la pause de protestation", à Lausanne, nous connaissons le fosséqui existe entre la rogne, la colère, le mécontentement dans nos rangs et l'action faite ce vendredi-là.
Certes, cette "pause de protestation", il fallait la faire. Mais il fallait mieux l'annoncer à tout le personnel; mieux l'expliquer.
Or, quasiment rien n'a été fait... avant le jour précédent. Il faut que cela change.
Et c'est simple. Par exemple, il aurait fallu discuter, une ou deux semaines avant, "la pause de protestation", comment la rendre plus visible. En effet, notre protestation partagée par le gros de la population. Dans des dizaines de quartiers de villes et dans des villages, des pétitions circulent contre la suppression de bureaux de poste, contre la modification des horaires qui rend leur utilisation de plus en plus difficile pour l'ensemble des salarié·e·s.
Du 27 février, il faut tirer des leçons pour l'avenir. Car autrement le risque est grand que de plus en plus de collègues disent: " Ce genre de truc ne sert à rien."
Ulrich Gygi passe La Poste au polish... pour la faire briller aux yeux des futurs investisseurs privés
La demi-finale de la Coupe de La Poste Suisse pour nos emplois et pour de vrais services publics va se jouer sous peu. Pour nous, ce sera la finale de la Coupe... est pleine.
Quelles sont les vraies intentions de la direction de La Poste?
La droite a mis dans les mains d'un membre du Parti socialiste (PS), Ulrich Gygi, l'avenir de La Poste. Il a donc dans ses mains le présent et le futur de nos conditions de travail, de nos emplois, de nos salaires, de nos retraites.
Cette droite utilise Gygi pour essayer de mieux nous faire avaler la couleuvre: la future ordonnance du Conseil fédéral sur La Poste. Même Christiane Brunner reconnaît ce rôle d Gygi dans la presse.
Ce n'est pas depuis aujourd'hui que la direction de La Poste propage la grêle. Depuis des années, elle a mis sous pression des collègues pour les pousser à prendre une préretraite; pourtant, elle savait que le niveau des rentes était loin d'être vraiment assuré et que les rentes AVS allaient reculer en termes de pouvoir d'achat.
La direction a aussi incité au départ quelque 300 buralistes, en leur "offrant" huit mois de salaire. Le but était triple: fermer des bureaux; rendre ainsi l'ensemble de La Poste plus attractive, demain, pour des investisseurs privés; affaiblir l'idée dans la population qu'il est juste et démocratique de disposer d'un service vraiment public, dans toutes les régions du pays.
A cela se sont ajoutées, depuis 1998, de nombreuses "réorganisations". Leurs effets sont connus par chacun et chacune d'entre nous:
a) incertitude permanente sur comment notre travail sera organisé dans les mois à venir;
b) tensions accrues dans le travail quotidien avec une ambiance de plus en plus détestable (cela pour mieux nous diviser, pour que l'on cherche des boucs émissaires, sans voir le projet d'ensemble du Conseil fédéral);
c) faire de chaque secteur un centre de profit afin que les futurs investisseurs puissent être certains des bénéfices qu'ils retireront... de notre travail, qui sera de plus en plus dur.
Cette politique a aussi un effet sur les usagers. Ils commencent à manifester leur mécontentement. La direction voudrait faire croire que, en partie, "nous faisons mal notre travail". Ce n'est pas un hasard si Ulrich Gygi doit déclarer au quotidien Le Matin (2 mars 2004): "L'attente au guichet sera réduite."
Et quelle est sa solution miracle? "Mobiliser plus de personnel aux heures d'affluence... ou signifier à la clientèle quelles sont les périodes de la journée où les temps d'attente sont réduits."
Gygi nous prend et prend les usagers pour des idiots. Les usagers connaissent déjà les heures et les jours d'affluence. Et pour un salarié, quand un bureau de quartier est ouvert de 8h à 10h et de 15h à 18h, il n'est pas difficile de savoir qu'il devra s'absenter "de façon justifiée" pour aller à la poste. Quant aux employés de La Poste, être "mobilisés"plus à une heure et moins à une autre, c'est être plus flexibles. On devra changer de bureaux; des tournées seront supprimées; du temps partiel moins bien payé sera introduit. Le but est clair: désécuriser et déstabiliser tout le monde. Nous devrions être des sortes d'accordéons dans les mains blanches d'un Ulrich Gygi rose.
Mais ce qu'obtiendront le Conseil fédéral et la direction de La Poste dépendra de notre décision et de notre capacité de riPOSTER, tous ensemble, postiers et usagers.
La prochaine fois: tous ensemble pour mieux riPOSTER
Nous devons établir une jonction avec les usagers. Par exemple, à Lausanne, pourquoi, le 27 février, ne pas être sortis dans la rue de 11h30 à 12h30, lorsque nos collègues salarié·e·s se déplacent en plus grand nombre dans la ville?
Pourquoi nous être quasiment cachés sur une place devant le Centre courrier, là où se trouve le parking pour les cadres de La Poste?
Pourquoi ne pas être allés - comme l'ont fait souvent les employés de la fonction publique et même des étudiants et des écoliers - sur la route, au croisement de l'avenue d'Ouchy et de l'avenue de la Gare? Nous aurions été soutenus par tous et toutes, y compris par une grande partie des automobilistes.
Oui à nos droits, non à l'intimidation
Les directeurs d'école n'ont pas menacé les écoliers, les collégiens lorsqu'ils manifestaient pour la paix en 2003. Pour quelles raisons la direction de La Poste de Lausanne se permet-elle de nous menacer aujourd'hui? Dans un communiqué, la direction du Centre courrier Lausanne ose écrire: "Toute absence injustifiée du lieu de travail serait considérée comme refus de travailler et comme manquement au contrat de travail. Dès lors, toute période de travail non effectuée ne serait pas payée."
La direction veut nous intimider. Et pourquoi? Parce qu'elle connaît l'ampleur et la gravité des atteintes futures à nos conditions de travail, à nos salaires, etc.
C''est d'ailleurs pour cette raison, entre autres, que nous revendiquons le droit constitutionnel d'activités syndicales libres.
Les professeurs de droit constitutionnel suisse - Andreas Auer, Giorgio Malinverni et Michel Hottelier, de l'Université de Genève - écrivent: "L'interdiction de la grève doit se justifier par un motif d'ordre public"(Droit constitutionnel suisse, vol. 2, p. 730) Quel motif d'ordre public existerait-il qui justifierait cette menace? Aucun. La direction du Centre courrier Lausanne le sait. Mais elle veut nous impressionner.
Pourtant, dans le même communiqué, elle affirme que "La Poste est ouverte à un dialogue". Quel dialogue est possible si, avant de discuter, directement, on intimide l'interlocuteur? Un dialogue unilatéral n'existe pas. Un dialogue sans récolter l'opinion de tous et toutes, démocratiquement, n'existe pas. Comme n'existerait pas La Poste sans notre travail quotidien. La direction qui parle de "modernisation" devrait se moderniser sur une telle question.
Nous, nous sommes prêts à utiliser notre droit démocratique: la liberté d'activités syndicales qui nous est constitutionnellement garantie. Cette liberté nous sert à discuter, à nous réunir et à agir si nécessaire. Et nous sommes convaincus qu'il sera nécessaire d'agir.
Oui à la démocratie syndicale, non à la loterie à numéros
Toutes et tous les collègues veulent une démocratie où le dialogue et l'information passent d'aborddans nos rangs.
La raison en est évidente: réfléchir et discuter ensemble, c'est pouvoir mieux agir ensemble.
Et cela ne peut pas se faire avec les méthodes utilisées par un institut de sondage qui envoie un questionnaire, avec 22 questions, au personnel ("Questionnaire concernant le renouvellement de la CCT dans le secteur poste").
Nous sommes capables de faire plus que de cocher un questionnaire, comme dans la loterie à numéros. Lorsque la direction veut planter des croix sur nos postes de travail, nous n'allons pas nous contenter de dessiner des petites croix sur un questionnaire distribué le 27 février et qui devait être rendu le 29 février!
Deux assemblées importantes, celle du 6 mars et celle à fixer fin mars
C'est pour discuter de tout cela, entre nous, tous ensemble; c'est pour écouter les différents points de vue dans le respect mutuel que le Collectif des postiers et postières contre le REMAniment de La Poste:
- vous demande de participer à l'assemblée généraleconvoquée par le Syndicat de la Communication, samedi 6 mars, salle des Cantons, Buffet de la Gare, Lausanne, à 14 heures;
- et propose que cette assemblée prenne une décision ferme, démocratique: réunir tout le personnel, syndiqué et non syndiqué, au plus tard fin mars.
En effet, il ne s'agit pas d'attendre les diktats de la direction, ou qu'un communiqué d'Ulrich Gygi tombe le 20 avril. Nous nous refusons à être les postiers de la 25e heure.
Notre droit et notre devoir - envers nous, envers tous les collègues, envers les usagers - consiste à préciser collectivementce qui n'est pas négociable avec une direction qui n'a plus d'autorité morale: notre emploi, notre salaire, nos conditions de travail, notre retraite.
Ce sont les seuls vrais points importants d'une future convention collective. Tout le reste n'est que promesses et carottes promenées devant notre nez. La couleur de cette carotte, nous la connaissons depuis longtemps. Son goût, nous n'avons aucune intention de le connaître.
(3 mars 2004)
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