Ulrich Gygi (directeur de La Poste)
Nous publions ci-dessous le tract que nous avons reçu lors de la manifestation-protestation des employé·e·s de La Poste, le 27 février 2004 à Lausanne.
Cette initiative de travailleurs et travailleuses de la Poste nous semble significative de la volonté de mobilisation existant actuellement parmi de larges couches des salarié·e·s en Suisse. Ils et elles attendent autre chose de leurs directions syndicales. Et, après avoir attendu très longtemps, ils commencent à prendre des initiatives propres. Ce processus a été constaté dans de divers endroits, en Suisse italienne, en Suisse française ou alémanique.
A l'encontre et le Mouvement Pour le Socialisme (MPS/BFS) ne peuvent que soutenir ce type d'initiatives. En effet, elles se démarquent de la démagogie de certains bureaucrates ou de "responsables" syndicaux - comme à Genève - tout juste capables d'aboyer, mais incapables et ne voulant rien organiser. de fait, leur poste dans les instances syndicales- qui sont de plus en plus éloignées des membres et des salarié·e·s leur sont aussi chers au cúur qu'une place au Comité central du PC maoïste ou albanais l'était, à l'époque, aux "élus de la base, du peuple de Chine ou d'Albanie".
Ce texte indique, d'une part, la compréhension par les postiers de leur situation, des politique de La direction de La Poste et du Conseil fédéral et, d'autre part, leurs aptitudes à commencer à des dessiner les lignes de force d'une riposte.
A remarquer le silence de la presse, à l'exception - mais cela n'est pas nouveau (heureusement!) - du Courrier, le quotidien de Genève. Réd.
Collectif des postiers et postières contre le REMAniment de La Poste
Mercredi 3 mars à 16h00 dans la salle au-dessus du restaurant La Bavaria(Petit-Chêne 10)
Il faut nous opposer aux plans
de la direction de La Poste!
Pour cela, il faut nous réunir et être unis
Il y a un mois c'est par la radio que nous avons appris qu'une pause de protestation devrait s'organiser ce vendredi 27 février. La radio répétait un message de notre collègue syndical, Christian Levrat.
Depuis lors, la radio s'est tue et notre collègue aussi. Dommage!
Gygi et les "gros bonnets"
En effet, Ulrich Gygi, notre patron, a lui aussi annoncé, le 21 janvier 2004, un nouveau tour de vis à La Poste. Beaucoup d'entre nous se demandent: comment est-il possible de nous pressurer encore plus? Mais Ulrich Gygi, lui, ne se pose pas cette question.
Pour l'obliger à réfléchir à nos conditions de travail, de salaires, à nos emplois et, demain, à nos retraites, il faut réagir!
Il faut que nous communiquions: cette protestation doit nous permettre de nous unir et de nous adresser au maximum d'usagers de La Poste. Ils nous soutiennent, nous en avons l'expérience.
Il est clair que Gygi a derrière lui "les gros bonnets" de la Suisse. Nous, nous avons le soutien de l'essentiel de la population.
De plus en plus d'habitants de la Suisse comprennent qu'il y a ceux qui gagnent 40 millions par année, comme le patron de l'UBS et il y a de plus en plus d'autres qui, comme nous, arrivent difficilement à terminer le mois, à payer les études ou l'apprentissage de nos enfants, à payer nos assurances maladies, nos loyers et même, pour certains et certaines, à payer les intérêts des hypothèques pour un simple appartement ou une petite maison.
Pourquoi tout cela?
Pourquoi cette avalanche de mesures prises contre nous, salarié·e·s de La Poste? La réponse est simple.
Distribuer des colis, distribuer des express, distribuer des lettres, tout cela peut devenir rentable pour quelques grands détenteurs de capitaux, pour quelques grandes firmes. Demain, B. Weibel et le Conseil Fédéral, feront de même avec les CFF. Les grands actionnaires et le Conseil Fédéral commencent déjà à choisir les secteurs rentables de la Santé, de l'école, etc.
Autrement dit: "on ne réorganise pas La Poste". En réalité, la direction actuelle prépare le terrain pour que les capitaux privés qui, demain, vont s'investir à La Poste puissent obtenir les profits maximums.
Et, pour cela, il faut que nos salaires diminuent, que chacune et chacun en fasse plus, que le volume de l'emploi s'abaisse. Et comme la direction à peur d'une protestation, elle multiplie les tentatives pour nous diviser, en croyant que nous ne nous en rendons pas compte.
Par exemple, ce sont des entretiens personnels (focus) qui décident, depuis le 1er janvier 2004, d'une augmentation ou d'une baisse (jusqu'à 15%) de notre salaire. C'est une tactique bien huilée pour créer la concurrence entre nous, pour susciter des jalousies, pour nous diviser.
Une mauvaise Poste... rentable pour certains
Nous disons aussi que La Poste ne se réorganise pas pour fonctionner mieux, depuis les chefs de service jusqu'aux employé·e·s du tri, toutes et tous nous nous rendons compte qu'une grande partie de ce qui nous est demandé ne peut pas fonctionner ou, alors, fonctionne mal. Et, dans tous les cas, nous sommes plus éreintés à la fin de la journée.
En outre, on exige d'un grand nombre d'entre nous de multiplier des actes inutiles (entre autres dans les bureaux de poste, mais aussi à la distribution).
Le but à nouveau est clair. Tout d'abord, créer une tension et une crainte parmi nous, car nous avons l'impression d'être toujours placés sous contrôle. Ensuite créer un mécontentement chez les usagers jusqu'à ce qu'une partie, après un certain temps, soutienne la privatisation de La Poste et la dégradation de nos conditions de travail. Et cela avec un prétexte: faire "mieux fonctionner" La Poste. C'est une illusion., pour deux raisons:
1° Cette "nouvelle poste" fonctionnera peut-être mieux pour la minorité d'usagers qui pourront payer des prix astronomiques et pour ceux qui ont des réductions de quantité, c'est-à-dire les grandes firmes privées profitables.
2° Les "petits", comme on dit injustement, paieront plus et recevront un service de moins bonne qualité. Et nous, nous aurons des conditions encore plus précaires comme on le voit chez UPS, DHL, DPD et ailleurs.
Le remaniement d'hier... et celui qui se profile
Le projet de réorganisation de La Poste a déjà donné des premiers résultats... pour la direction, et aussi pour ceux qui vont s'emparer de divers secteurs de La Poste, demain. Exemples des mesures déjà prises:
1° La séparation entre poste et télécommunication (1998). Nos collègues de Swisscom, comme nous, pestent contre les nouvelles conditions de travail; le nombre de dépressions provoquées par le stress augmente.
2° La division de La Poste en 8 "sous-entreprises": les Unités d'Affaires (PostMail, CarPostal, etc.). Chaque U.A. doit être rentable pour être rachetée par de futurs investisseurs. C'est déjà le cas d'ExpressPost depuis le 1er janvier 2004 (bientôt de CarPostal).
3° Fermer des bureaux de poste à travers tout le pays (900, près du 1/3). Les buralistes qui restent ont vu leurs conditions de travail se détériorer fortement. Les usagers sont pénalisés. Dans diverses villes et villages ils l'ont heureusement fait savoir.
4° L'ouverture de centres colis (Daillens, Härkingen et Frauenfeld), avec une détérioration énorme des conditions de travail.
Unis et solidaires contre le REMAniement
Face à ces atteintes à nos vies quotidiennes - au travail et au dehors du travail: effets de la fatigue et de la réduction de notre pouvoir d'achat - il faut réagir. La force de la direction c'est qu'elle fait tout pour nous faire croire qu'il n'y a rien d'autre à faire; si ce n'est tout accepter. Or, aujourd'hui, le climat a changé. Nous allons hausser le ton de notre message radio. Pour cela, il faut une action collective qui se construise sur la durée.
La raison de cette activité est toute simple: nous ne sommes qu'au début d'une politique qui veut nous briser au sens figuré comme au sens physique. Le projet REMA va s'appliquer et les remaniements passés apparaîtront comme mineurs face à ceux à venir. Il faut bloquer le bras, très bien payé, de Gygi et de ces complices du Conseil Fédéral.
Pour cela, il faut être uni. Pour être uni, il faut parler entre nous. Il faut rompre le climat de secret. Il faut que, des chefs de service aux plus simples employé·e·s, nous soyons prêts à dire NON tout d'abord, afin de pouvoir discuter quels contre-projets nous avons à proposer pour que La Poste... reste celles des postiers et de tous les usagers, traités le plus égalitairement possible, il en va de la défense d'une partie de notre démocratie.
En plus, c'est nous postiers et postières qui distribuons les journaux des autres syndicats. Que ce soit l'Événement syndical(du SIB et de la FTMH), Services Publics(du SSP) et m-magazine(de Comedia).
Notre syndicat s'appelle syndicat de la Communication. Malheureusement, il ne communique pas ou très peu avec nous. Alors, nous qui distribuons la presse syndicale, nous devons demander à d'autres syndicalistes, plus à ceux du syndicat de la Communication, de nous appuyer, de faciliter nos réunions et notre unité d'action. Pour discuter de tout cela, nous proposons à chacun et à chacune d'entre vous de nous rejoindre le: mercredi 3 mars à 16h00 dans la salle au-dessus du restaurant La Bavaria (Petit-Chêne 10).
Qui sommes-nous?
Un groupe de postiers - le Collectif des postiers et postières contre le REMAniment de La Poste. Nous nous réunissons régulièrement pour discuter de ce qui se passe à La Poste, de la façon de commencer à réagir et à débattre et à préciser nos propositions d'actions. Le syndicat nous appartient, nous devons trouver le moyen de faire entendre notre voix aussi dans cet organisme collectif. Fini les annonces radiophoniques! Commençons les discussions directes, solidaires, unies et démocratiques. Diffuse ce tract et les informations autour de toi!
(27 février 2004)
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