Suisse
 
 

Ne pas battre en retraite face à Couchepin et Villiger
Mobilisons-nous pour défendre le droit à la retraite !

Comme dans les pays voisins, les retraites sont, en Suisse également, l'objet d'une offensive d'ensemble de la droite et du patronat. Pascal Couchepin est le fer de lance de cette opération de démolition d'un droit social fondamental.

En Autriche (!), en Italie, en Allemagne, c'est par la grève que les salarié·e·s, et leurs organisations syndicales répondent aux attaques contre les retraites. En France, c'est un mouvement social impressionnant qui s'est mis en marche, depuis des mois, pour tenter de bloquer le gouvernement Raffarin.

En Suisse, la riposte a, pour l'instant, été d'une autre dimension. L'Union syndicale suisse a mis sur pied un groupe de travail, qui rendra son rapport le 2 juillet. Une manifestation est envisagée pour septembre. D'autres, comme la présidente du Parti socialiste suisse (PSS), Christiane Brunner, se contentent tout simplement de donner rendez-vous, par voie de presse, aux élections nationales de cet automne.

Les initiateurs·trices de l'appel publié ci-dessous sont convaincu·e·s que l'attaque lancée par Pascal Couchepin mérite une riposte d'une tout autre ampleur. Les réactions des salarié·e·s, comme l'exemple de ce qui se passe autour de nous, montrent que cela est possible.

• L'enjeu est de faire reculer Couchepin et ses acolytes. Une manifestation à Berne de plusieurs dizaines de milliers de personnes à Berne en septembre est nécessaire pour faire entendre la protestation sociale. Mais cela ne suffira pas. Ce sont des arrêts de travail, des grèves, qui sont aussi nécessaires. C'est en affichant dès maintenant leur détermination que les organisations syndicales et associatives (attac, etc.) pourront susciter une réponse des salarié·e·s et enclencher une mobilisation.

• Des menaces très concrètes pèsent dans l'immédiat sur l'AVS: la 11e révision, avec en particulier l'élévation de l'âge de la retraite des femmes, et le projet de Villiger de suspendre l'indice mixte. Les organisations syndicales ne doivent laisser aucun doute: deux référendums combattront ces régressions sociales.

Tout centrer sur «Pas touche à l'AVS», et oublier la crise structurelle du 2e pilier, serait une grave erreur. Cette crise des caisses de pension a des effets immédiats sur les salaires (cotisations supplémentaires). A terme, elle représente une grave menace pour l'avoir vieillesse et le montant des rentes sur lesquelles comptaient les salarié·e·s pour leurs vieux jours. Elle confirme qu'un système fondé sur la capitalisation, comme le 2e pilier, est incapable de garantir à toutes et à tous des rentes suffisantes pour vivre. Un renforcement massif du 1er pilier est urgent et il faut s'atteler à une sortie du système des trois piliers pour pouvoir développer des retraites populaires.

Il est possible de signer l'appel ci-dessous en envoyant d'ici au 23 juin un mail avec son nom, responsabilité syndicale et/ou associative et localité à m-magazine@fastnet.ch

Appel

Les autorités fédérales ont lancé une offensive d'ensemble contre notre droit à la retraite, qui fait écho à celles en cours dans les pays voisins (France, Autriche, Italie, Allemagne...). Pour tenter de neutraliser toute riposte, une double opération par Villiger et Couchepin. Le premier, Villiger, propose la tenue d'une nouvelle sorte de «table ronde» en juin, avec un but: cautionner les mesures d'austérité budgétaires, et donc les atteintes aux dépenses sociales. Le second, Couchepin, place d'entrée la barre très haut dans ses propositions de démantèlement des retraites pour contraindre lesdits partenaires sociaux à négocier, sans construire le rapport de force, sans mobiliser, la «solution la moins pire».

Il faut donc refuser d'entrer dans le jeu d'une pseudo-négociation autour d'une nouvelle «table ronde» et oser dire NON à Villiger, à l'instar des réactions de la majorité des salarié·e·s de la majorité des pays européens. Il faut bloquer l'offensive de Couchepin en tant que telle et, pour cela, il est désormais indispensable de nous mobiliser, toutes et tous ensemble.

Une offensive d'ensemble

Deux révisions législatives sont en cours:

- la 11e révision de l'AVS. Au menu: l'augmentation à 65 ans de l'âge de la retraite des femmes, le ralentissement du rythme d'indexation des rentes (tous les trois ans au lieu de deux) et la suppression de la rente pour une partie des veuves ;

- la 1ère révision de la Loi sur la prévoyance professionnelle (LPP), où il est envisagé, notamment, de réduire le taux de conversion, à savoir le taux qui est appliqué au capital accumulé pour le transformer en rente. Résultat des courses: la baisse des rentes.

- Loin d'améliorer la situation déjà mauvaise des femmes en matière de retraites, ces 2 révisions vont une fois de plus la péjorer.

De plus, le Conseil fédéral a mis en consultation un paquet de mesures "extraordinaires" pour les caisses de pension. Trois mesures sont proposées:

- le prélèvement de cotisations "spéciales" sur les salaires ;

- la possibilité octroyée aux caisses d'appliquer temporairement un taux d'intérêt inférieur au minimum légal de 3,25 % ou carrément d'y renoncer ;

- la réduction "temporaire et exceptionnelle"des rentes versées aux retraité-e-s.

Les caisses pourraient appliquer toutes ou partie de ces mesures dès le premier trimestre 2004.

Dans le même registre, le gouvernement envisage d'abaisser à 2 %, dès le 1er janvier prochain, le taux d'intérêt légal minimum du 2e pilier. Il vient de mettre en consultation cette proposition et prendra sa décision en septembre prochain.

Travailler plus, toucher moins

Pascal Couchepin a fait connaître d'autres propositions, qui concernent, elles, l'AVS:

- l'augmentation de l'âge de la retraite pour toutes et tous: à 66 ans en 2015 et à 67 ans en 2025 !

- l'adaptation des rentes uniquement en fonction du renchérissement et non plus d'après l'indice mixte, qui prend en compte également l'évolution des salaires ;

- le relèvement de la TVA: +1,8 point dès 2025 ; +3,4 points dès 2040.

Il faudrait ainsi bosser plus pour toucher une rente plus réduite ! En effet, si les rentes AVS n'avaient été indexées qu'en fonction de l'évolution du coût de la vie depuis 1979, la rente maximale, qui était alors de 1050 francs, serait aujourd'hui inférieure de 222 francs à ce qu'elle est (1888 francs contre 2110). Pour un couple (150 % de la rente maximale), la perte annuelle serait de l'ordre de 4000 francs !

Enfin, le Conseil fédéral s'attaque aussi aux prestations de l'assurance invalidité (AI). Il envisage de limiter la durée des rentes. Le but est clair: restreindre le droit à l'AI, en contraignant une partie de ses bénéficiaires à retourner au boulot malgré leur état de santé !

Nos revendications

Face à ces attaques, nous défendons les positions suivantes:

- Non à l'élévation de l'âge de la retraite !

Il faut combattre, par référendum, la 11e révision de l'AVS, quel que soit le montant réservé par les Chambres fédérales au financement de retraites anticipées. L'élévation qu'elle prévoit de l'âge de la retraite des femmes à 65 ans - après celle de 62 à 64 ans imposée avec la 10e révision, que nous avons combattue - est inacceptable et elle ne constitue qu'une étape supplémentaire vers le passage à 67 ans (voire davantage) pour toutes et tous.

- Non à la baisse des rentes AVS !

Nous nous opposons dès lors au ralentissement du rythme d'indexation des rentes, à la suspension de l'indice mixte (proposition formulée par le Conseil fédéral dans le cadre de son "programme d'assainissement" des finances fédérales), voire à sa suppression pure et simple (dernière proposition présentée par Pascal Couchepin).

- Non à la diminution des rentes du 2e pilier !

Nous nous opposons catégoriquement à toute diminution des rentes versées, sous la forme de prélèvement de cotisations "spéciales". Nous refusons les diminutions du taux de conversion et la baisse du taux d'intérêt légal minimum, qui s'inscrivent dans une logique d'assainissement précipité des caisses sur le dos des assurés, et de maintien du 2e pilier comme un marché lucratif pour les compagnies d'assurance.

- Non aux attaques contre les prestations de l'AI !

- Pour un système de retraite répondant aux besoins des salarié-e-s !

La crise actuelle du 2e pilier a mis en évidence les limites structurelles du système de capitalisation, profondément inadapté pour garantir à toutes et à tous des rentes décentes et sûres au moment de la retraite. Un renforcement très important du 1er pilier (l'AVS, dont les rentes doivent, selon la Constitution (art. 112), «couvrir les besoins sociaux de manière appropriée»)fondé sur la répartition, s'impose comme une urgence sociale. Il est nécessaire de s'atteler à la recherche des solutions permettant de sortir de l'actuel système des 3 piliers, taillé sur mesure pour les grandes banques et assurances, pour un système de retraites populaires, fondé sur la répartition et assurant des rentes suffisantes à toutes et tous.

Vers une journée d'actions et de grève

Il est inutile de se faire des illusions: ce ne seront pas des actions symboliques et / ou une manifestation sans lendemain à Berne qui permettront de faire face aux attaques des autorités fédérales. Nous devons construire un véritable mouvement de lutte, sur la durée, au niveau national, s'adossant sur la coalition la plus vaste possible d'organisations syndicales, d'associations de retraité·e·s et de mouvements féministes et sociaux divers (tel attac ou le Forum social suisse) attachés à la défense du droit à la retraite. Nous proposons ainsi:

- d'organiser un premier moment de mobilisation, dans toutes les villes, à la fin du mois de juin prochain ;

- de prévoir une manifestation nationale massive, à Berne, début septembre ;

- de préparer d'ores et déjà une journée nationale d'actions et de grève, qui devrait se tenir fin septembre ;

- de viser à une convergence à l'échelle européennes des luttes menées contre le démantèlement des retraites.

Des comités d'action aux niveaux local et national

A partir de ces considérations, les syndicalistes et responsables associatifs /-ves soussigné-e-s:

- demandent aux responsables de l'Union syndicale suisse (USS) de faire leurs les revendications et les objectifs de mobilisation présentés ci-dessus.

- Considèrent qu'il est nécessaire que soit mis sur pied un comité national d'action pour défendre le droit à la retraite, rassemblant le mouvement syndical, l'USS en particulier, ainsi que l'ensemble des mouvements et associations intéressées ;

- appellent l'ensemble des forces syndicales, associatives et politiques intéressées à constituer, dans chaque canton, des comités d'action locaux.

Premiers·ères signataires: Anne-Christine Bagnoud, secrétaire syndicale SSP région Valais ; Ariane Bailat, secrétaire syndicale SSP, région Genève ; Enrico Borelli, syndicaliste SIB, Tessin ; Michela Bovolenta, secrétaire centrale femmes SSP ; Ivan Capra, syndicaliste SIB, Tessin ; Pietro Carobbio, syndicaliste SIB, Yverdon ; Werner Carobbio, président d l'Union syndicale du Tessin ; Bernard Carrel, secrétaire syndical SSP-CFT responsable région Fribourg ; Pierre-André Charrière, secrétaire central comedia ; Denise Chervet, secrétaire centrale comedia ; Eric Decarro, président central SSP; Marina Decarro, membre SSP Genève ; Pierre Duffour, président de l'Union syndicale fribourgeoise ; Marianne Ebel, membre SSP, Neuchâtel ; Christian Fankhauser, syndicaliste SIB, Yverdon ; Gianni Frizzo, président du groupe SEV des ateliers CFF de Bellinzone ; Armand Jaquier, secrétaire syndical SIB, responsable région Fribourg ; Stella Jegher, experte pour les questions d'égalité et membre du groupe de travail AVS / Assurances sociales de la FemCo ; Luca Gatti, syndicaliste SIB-Unia, Tessin ; Marianne Gloor, membre de la commission femmes de comedia, Bâle ; Teresa Guarna-Ortelli, secrétaire SIB, Tessin ; Monique Henchoz, syndicaliste unia-FTMH, Lausanne; Rolf Krauer, syndicaliste SIB Argovie ; Jean Kunz, secrétaire syndical comedia, Région romande ; Angelica Lepori, Attac, Tessin ; Christoph Lips, membre de comedia, Zurich; Saverio Lurati, secrétaire régional SIB, Tessin ; Jean-François Marquis, rédacteur de «m-magazine», organe de comedia ; Philippe Martin, secrétaire syndical SSP, région Vaud ; Gabriele Milani, syndicaliste SIB, Tessin ; Cécile Pasche, secrétaire centrale femmes comedia ; Alessandro Pelizzari, secrétaire d'attac Suisse ; Isabelle Perrin, syndicaliste unia-SIB, Lausanne; Matteo Poretti, secrétaire de l'Union syndicale vaudoise ; Matteo Pronzini, syndicaliste SIB, Tessin ; Joseph Rey, ancien président de l'Association suisse des retraités, Fribourg ; Silvia Rigiani, secrétaire SIB, Tessin ; Lionel Roche, secrétaire du Centre de contact Suisse-Immigré, Fribourg ; Béatrice Rosende, syndicaliste Unia-SIB, Lausanne ; José Sanchez, président SSP de la région Neuchâtel ; Werner Schmid, syndicaliste SIB, Lausanne; Pino Sergi, comité SIB, Bellinzone ; Agostino Soldini, secrétaire central SSP ; Christian Tirefort, président central comedia ; Ursi Urech ; membre SSP, Zurich ; Therese Wüthrich, secrétaire centrale femmes comedia et membre du groupe de travail AVS / Assurances sociales de la FemCo ; Angelo Zanetti, secrétaire syndical Syndicat de la communication, Tessin ; Guy Zurkinden, secrétaire Union syndicale fribourgeoise.