AVS-AI, 2e pilier, assurance maladie
La sécurité sociale
au cur du bien commun
Hier, le terme réforme de lAVS signifiait : amélioration des rentes pour les personnes qui prenaient leur retraite.
Aujourdhui, les employeurs et leur docile Conseil fédéral collent létiquette de «réforme» sur des opérations antisociales.
Au moment où ils sabotent lavenir de lAVS, ils multiplient les déclarations alarmistes sur sa prétendue impasse financière. Lintention est facile à déchiffrer.
Vers la prévoyance individualisée
- La 11e révision de lAVS doit déboucher sur de nouvelles dégradations des prestations : élévation à 65 ans de lâge de la retraite des femmes ; suppression de la majorité des rentes de veuves ; baisse progressive du pouvoir dachat des rentes suite à leur adaptation moins fréquente. Le mandat constitutionnel de lAVS « couvrir les besoins vitaux dans une mesure appropriée » est ainsi abandonné. Pas à pas, lAVS est promise au statut dassurance de base, avec des prestations qui en feront une sorte de branche de lassistance publique !
Pour ses adversaires (plus ou moins déclarés), lAVS a deux défauts capitaux : 1° son mode de financement : la cotisation sociale, prise en charge pour moitié par lemployeur ; 2° son système de rentes : lécart est réduit entre le minimum et le maximum perçu. Ces deux qualités sont considérées comme des « défauts » parce quelles assurent une redistribution entre hauts et bas revenus.
- Lobjectif visé est simple : de plus en plus, les habitant·e·s de ce pays devront être dépendant·e·s, pour leur retraite, du 2e pilier (les caisses de pension) et du 3e pilier (lépargne : cest-à-dire la part non dépensée du salaire
quand il est assez élevé).
Or ces piliers sur lesquels sappuient avec bénéfice banques et assurances ne connaissent pas de mécanismes de solidarité. Contrairement à lAVS, on y cotise « chacun pour soi ». Résultat : le millionnaire encaissera une rente de millionnaire ; quant à la vendeuse qui a travaillé à la Migros, pour un salaire « budget », elle devra se débrouiller avec une rente « budget ».
Pire : le rendement des caisses de pension détentrices dun volume croissant dactions est présenté aujourdhui comme le garant des retraites que la caisse devrait verser demain. Cela peut conduire, sans trop caricaturer, à la situation suivante : les représentants des vendeuses de Migros auprès de leur caisse de pension sont favorables au licenciement de vendeuses de Globus. Pourquoi ? Ces licenciements sont présentés comme incontournables pour améliorer le rendement de Globus, et donc le cours de ses actions. Or les actions Globus filiale de Migros cotée en Bourse font partie du patrimoine de la caisse de pension de Migros
Voilà ce quil advient lorsque la retraite nest plus considérée comme une partie du salaire (comme cest le cas pour lAVS), mais quelle est assimilée à un « revenu financier » (comme cest le cas pour le 2e et le 3e pilier).
Edifier une sécurité sociale unifiée
On ne sortira pas de ce piège avec des replâtrages. Il faut tracer une autre voie : linstitution dune véritable sécurité sociale.
=> Pour les retraites, cela passe par la fusion du 1er et du 2e pilier au sein dun seul système fonctionnant sur le modèle de lAVS. En 1996, lAVS et les caisses de pension ont encaissé près de 50 milliards de francs de cotisations et de contributions des pouvoirs publics. Fusionnées, ces ressources sont tout à fait suffisantes pour financer la mise sur pied immédiate de retraites populaires.
Celles-ci devraient servir dès 60 ans des rentes mensuelles séchelonnant entre 2000 et 5000 fr. pour une personne seule (rentes AVS actuelles : 1005 à 2010 fr.) et entre 4000 et 7500 fr. pour un couple (rentes AVS actuelles : 2010 à 3015 fr.).
Chaque retraité·e aura ainsi lassurance de disposer, pour ses vieux jours, dun revenu suffisant. Les réserves cumulées du 2e pilier et de lAVS permettent une transition garantissant les droits acquis.
=> Cette sécurité sociale devra être étendue afin denglober lensemble des risques (maladie, accident, invalidité, etc.). Il sera ainsi possible de mettre fin au scandale des primes par tête de lassurance maladie. Les calculs montrent quune cotisation salariale de 6 % (3 % à charge du salarié ; 3 % à celle de lemployeur) suffirait à financer la totalité des charges assumées aujourdhui par les assuré·e·s, sous forme de cotisation à lassurance maladie, de franchises et de frais dentaires.
Le 2e pilier : antisocial, cher, incertain
Le 2e pilier est présenté comme la meilleure solution pour garantir les retraites sur le long terme. Triple bobard.
- Le 2e pilier est antisocial. Il ninstitue pas de péréquation entre bas et hauts revenus. Les bas salaires notamment des femmes travaillant à temps partiel ne sont donc pas assurés, ou pour un montant dérisoire.
- Le 2e pilier engendre un vrai gaspillage. En 1996, il a engouffré 2 milliards de francs en frais de gestion, léquivalent de 9,3 % de ses 21,4 milliards de prestations. En comparaison, les frais de gestion de lAVS étaient 27 fois moins élevés : 81 millions de francs (0,34 %) pour 24,7 milliards de prestations AVS.
- Le 2e pilier est peu sûr. La majorité des caisses de pension se sont ralliées à la « primauté de cotisation ». Cela signifie quelles ne garantissent pas un niveau de rente. Ladaptation des rentes à linflation est une exception. Sans parler des entreprises qui puisent dans la caisse de pension du personnel et labandonnent ensuite avec des découverts considérables, lors de faillites.
et lAVS ?
Son financement est assuré par un prélèvement, effectué chaque année, sur la richesse sociale produite. Cest tromper les citoyennes et citoyens que de prétendre que ce financement est menacé par laugmentation proportionnelle du nombre de personnes âgées.
- En effet, la productivité augmente chaque année. Donc les richesses produites croissent aussi. Ce qui revient à dire que, pour une société, la taille du gâteau à partager augmente, et cela plus vite que la population du pays. Dès lors, la collectivité a les moyens de consacrer une part plus importante de ses richesses au financement des retraites, tout en maintenant ou en augmentant les investissements ainsi que les revenus des personnes actives. Cela, sans même prendre en compte les ressources issues dune répartition de la richesse entre Capital et Travail qui inverserait la tendance inégalitaire qui sest accentuée depuis les années 1980.
- Avec leur cotisation sociale, les jeunes salarié·e·s daujourdhui financent les retraites de leurs aîné·e·s. Mais ils sassurent aussi le droit de bénéficier, demain, du même « salaire social différé », suffisant pour toutes et tous, notamment grâce à la redistribution entre hauts et bas revenus. Voilà le lien de solidarité qui fait que les salarié·e·s resteront prêts à consacrer une part qui naugmentera pas sensiblement de leurs revenus pour le financement de lAVS et dune sécurité sociale. Et demain, ils ne pourront dépenser leur rente que si dautres jeunes produisent des biens et des services et contribuent aussi à financer leur AVS.
Assurance maladie : modèle AVS ou système actuel ?
Faites votre calcul !
Comparaison entre les cotisations qui seraient dues pour une assurance maladie financée selon le modèle AVS (3 % à charge du salarié, 3 % à charge de lemployeur) et celles payées avec le système actuel de prime par tête (pour lassurance de base, canton de Vaud).
Salaire
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COTISATIONS
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mensuel brut
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* Modèle AVS (3% du salaire)
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Personne seule
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Couple sans enfant
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Couple avec 2 enfants
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3000.-
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90.-
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** 220.-
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** 100.-
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** 60.-
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5000.-
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150.-
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247.-
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494.-
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** 337.-
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10'000.-
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300.-
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247.-
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494.-
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646.-
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