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Femmes, égalité, travail
Egalité femmes-hommes:
pas sans bouleversements !

En cette fin de siècle, d’autant plus en période électorale, les hommes s’évertuent à proclamer les « nombreuses qualités des femmes ». Par contre, les hommes – employeurs ou dirigeants de l’Etat-patron – manifestent une solide retenue pour reconnaître les qualifications réelles des femmes dans le domaine professionnel.

La société capitaliste fait face à une forte contradiction qui rend encore plus injustes et injustifiables les discriminations multiples à l’encontre des femmes. D’un côté, l’accès des femmes aux études, à la formation, au marché du travail et même à de nouvelles professions a augmenté. Et cela malgré le chômage. De l’autre, la ségrégation se déploie : dans le type d’emplois auxquels les femmes ont prioritairement accès ; dans les responsabilités qui leur sont attribuées ; ou encore dans le domaine des salaires où les inégalités restent la norme.

 

Des travaux « légers » qui pèsent lourd

 

  • L’exigence de la parité de représentation dans la vie politique est trop souvent détachée de la question de l’égalité dans le travail. Ainsi, les femmes sont surreprésentées… dans les branches où dominent les bas salaires : commerce, restauration et hôtellerie, soins personnels, nettoyage et entretien, textile, etc. Plus de 20,5 % des femmes travaillant à plein temps gagnent moins de 3000 fr. net par mois, alors que 3,5 % des hommes sont dans ce cas. Pour un travail comparable, les femmes continuent à toucher, en moyenne, un salaire de 15 % à 20 % inférieur à celui de leurs collègues masculins.
  • Les femmes sont souvent confrontées aux exigences les plus fortes des employeurs en termes de flexibilité : travail sur appel, horaires irréguliers se prolongeant la soirée ou le samedi. Le travail intérimaire et d’autres statuts précaires sont le lot de nombreuses femmes, notamment parmi celles qui reprennent une activité professionnelle.
    Cela ne doit rien au hasard. Les branches d’activité où les femmes sont les plus nombreuses sont aussi celles où les protections des conventions collectives de travail (CCT) sont faibles ou inexistantes. Les employeurs utilisent aussi le fait que, pour accéder à des emplois, beaucoup de femmes sont contraintes à ne pas faire valoir leurs qualifications effectives, à accepter des tâches complémentaires non comptabilisées, d’autant plus que perdure le préjugé du « salaire d’appoint » ou du « travail pas vraiment indispensable ».
  • L’éducation des enfants, le « ménage », bref, la sphère domestique, restent pour l’essentiel le domaine réservé des femmes.
    L’absence de congé parental et d’assurance maternité, le sous-développement des crèches et des autres structures d’accueil pour la petite enfance entravent une redéfinition de ce « partage » des rôles, où responsabilité et travail ne sont guère partagés.
    Dès lors, les femmes doivent se transformer en équilibristes pour concilier vie professionnelle et tâches éducatives.
  • En conséquence, le travail à temps partiel, avec son salaire partiel, s’impose aux femmes comme « la » solution. Celle-ci porte pourtant un double coup à l’égalité. 1° Dans la vie professionnelle, les femmes restent souvent enfermées dans des trajectoires qui rendent encore plus difficiles la mise en œuvre de leurs qualifications, de leurs « capacités d’entreprendre », et donc la reconnaissance de ces dernières. 2° L’extension du travail à temps partiel des femmes perpétue la division traditionnelle des tâches : « tenir le ménage », éduquer les enfants demeurent leur responsabilité, « puisqu’elles ne travaillent qu’à temps partiel ». La domination masculine accablante dans la vie quotidienne et dans les mentalités – malgré les changements des dernières décennies – est ainsi confortée.

 

La construction
de l’inégalité

Pourquoi cette situation ? Premièrement, le « marché du travail », régi par les nouvelles Tables de la loi néolibérales, reproduit en permanence des inégalités. Il en a besoin pour fonctionner, pour opposer les salarié·e·s les un·e·s aux autres et leur rendre plus difficile la défense de leurs droits collectifs.
Une participation accrue des femmes au monde du travail ne suffira donc pas à faire reculer les inégalités hommes-femmes. Pour que l’égalité puisse s’imposer, ce sont les règles mêmes de ce marché du travail qui doivent être chamboulées.

Deuxièmement, un des commandements des nouvelles Tables de la loi est de diminuer les «coûts du travail», à tout prix. Ici, cette diminution passe par un report sur la sphère privée – la famille, et les femmes au sein de la famille – d’une partie des charges liées aux enfants et à leur éducation.

On connaît la ritournelle : non à une assurance maternité, non à un congé parental, non à des crèches publiques en nombre suffisant… car avoir des enfants est « une affaire privée » qui doit être assumée de manière privée. Les tenants de ce discours rétrograde confondent délibérément le choix d’avoir des enfants, qui est d’ordre privé, et la responsabilité d’offrir des conditions sociales favorables à leur développement.

Cette responsabilité-là est d’ordre public. N’a-t-on pas mis sur pied un système d’éducation publique et obligatoire, sans pour autant porter atteinte au caractère privé du choix d’avoir des enfants ?

Selon que vous êtes femme ou homme...

(% des femmes -gris foncé- et des hommes -gris clair- par classe de salaire mensuel net, 1996)

  • à temps partiel

  • à temps plein

 

Egalité :
objectif co-partage

Instaurer l’égalité au travail, comme un support de la parité dans la vie publique, exigera plus qu’un changement de la société, un bouleversement. L’égalité hommes-femmes doit être reconnue comme constitutive du bien commun de la société. Avancer dans cette direction nécessite de :

=> Instituer un congé maternité payé ainsi qu’un congé parental d’une année. Ce congé parental doit donner le choix – si ce n’est l’obligation – au père de prendre en charge les tâches domestiques et de soins durant une partie au moins de la période si importante pour l’avenir qu’est la petite enfance.

=> Garantir l’accès, sans obstacle financier, à des infrastructures préscolaires et parascolaires de qualité (crèches, cantines, appuis scolaires, etc.).

=> Adapter l’organisation du travail aux besoins des femmes et des hommes, et non l’inverse. Par exemple, afin de permettre aux parents d’accompagner leurs petits enfants à l’école, ou d’être disponibles lors du congé hebdomadaire de ces derniers.

=> Instaurer un salaire minimum d’au moins 3000 fr. par mois et renforcer la possibilité pour les salariées de faire appliquer le principe « à travail égal, salaire égal », en créant des instances publiques auxquelles elles puissent faire appel, collectivement ou individuellement, sans procédure complexe.

=> Diminuer radicalement le temps de travail. L’extension du temps partiel pour les femmes confirme qu’une forte réduction de l’horaire de travail pour toutes et tous est indispensable pour réagencer de façon égalitaire les activités professionnelles et les tâches liées au fait d’avoir des enfants.