25 septembre
 
 

Sept rappels

Romolo Molo

1. Le 25 septembre, deux sujets, mêlés dans un «paquet», sont soumis au vote: la libre circulation élargie à l'Union européenne des 25, d'un côté, et, de l'autre, les mesures d'accompagnement. Ma position à ce sujet:

a) Je défends le droit à la libre circulation à travail égal salaire égal. C'est-à-dire: ce droit à la libre circulation ne peut pas être séparé des autres droits sociaux et syndicaux. Les droits fondamentaux sont indivisibles. Ce qu'une certaine gauche oublie.

b) Je considère les mesures d'accompagnement comme inefficaces, ce que le oui patronal massif à lui seul révèle.

c) L'attaque contre les salarié·e·s sur le lieu de travail et sur le terrain social s'accentue. Pour le Capital helvétique, les accords bilatéraux sont très importants. L'Union syndicale suisse pouvait utiliser cette opportunité exceptionnelle. Des droits nouveaux en faveur des salarié·e·s, suisses et immigrés, pouvaient être obtenus. Ce n'est pas le cas. D'où mon Non.

2. Ruth Eggimann (61 ans) a travaillé un quart de siècle dans la firme Mopac (dans l’Emmenthal bernois) qui fabrique des emballages pour la Coop, La Migros, emmi, etc. Une entreprise de quelque 250 salarié·e·s. Elle travaille en équipes. La direction impose des baisses de salaire entre 10 et 30%. Elle refuse. Elle est licenciée (SonntagsBlick, 17 juillet 2005). Illustration «banale» de l'inexistence d'une protection contre les licenciements en Suisse, en particulier des élu·e·s du personnel, ce que le Comité de la liberté syndicale de  l'OIT a condamné fin 2004. Comment lutter contre le dumping salarial quand le droit patronal au licenciement (avec le chantage sans cesse présent) est un instrument décisif pour mettre en concurrence les travailleuses et travailleurs? Rita Fuhrer (UDC du Conseil d’Etat de Zurich) déclare: «Il existe une pression sur les salaires» (SonntagsZeitung, 3.7.05). Elle est pour le oui!

«Dans le bâtiment cela ne va plus sans le dumping sur les salaires» titre le Blick (7.7.05). On attend des enquêtes du même genre dans la presse de Suisse française, ce qui pourrait faire réfléchir.

3. L'argument du oui de la gauche repose pour l'essentiel sur le «risque d'accroître la xénophobie». Pourtant 17 des 19 conseillers d'Etat UDC sont pour le oui, toutes les têtes économiques de l'UDC le sont aussi, Blocher en tête. 

4. Rudolf Stämpfli, président de l’Union patronale suisse (UPS) , affirme que le marché du travail sera libéralisé avec ces accords et que «sans l’engagement des syndicats, respectivement de leur base, cette votation ne sera jamais gagnée» (17.6.05). C'est donc la gauche et l’USS qui vont faire passer une décision qui, comme le dit Peter Hasler, favorisera le patronat (Schweizer Arbeitgeber, 25-26, 23.12.04)

5. Depuis 1981, la Constitution exige un salaire égal à travail égal entre hommes et femmes. La dernière enquête de juin 2005 relève un écart constant entre 20 et 30%. Comment croire à l'efficacité des mesures d'accompagnement, dont aucune n'a la force de cet article et de la loi, datant, elle, de 1996?

6. La libre circulation élargie aux 10 nouveaux de l'UE se combine avec les mesures contre les travailleurs extra-européens (Loi sur les étrangers, Loi sur l'asile). Le seco reconnaît ce mécanisme de substitution de la main-d'œuvre. Comment oser dès lors invoquer la libre circulation à l'occasion du 25 septembre?

7. «Si le peuple dit non, il faudra un deuxième tour ; avec des mesures d’accompagnement plus fortes», comme le dit Peter Bodenmann (Blick, 6.7.05). Ces mesures, nous les avons exposées à plusieurs reprises (voir sur ce site). – 18 juillet 2005

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