Résistance à Nestlé
 
 

NESTIVAL: Du p’tit lait

Organisé pour étendre la mobilisation contre la fermeture de l’usine de Saint-Menet (Marseille) appartenant à la multinationale Nestlé, le Nestival organisé le 16 octobre a connu un immense succès. (21 octobre 2004)

Le point de départ du NESTIVAL organisé ce samedi 16 octobre à l’usine de Saint-Menet Marseille, dont les salariés refusent la fermeture, semblait ambitieux: entourer l’usine par une chaîne humaine. 1 500 personnes, au coude à coude, de l’ensemble des forces constituant le comité de soutien, se sont mobilisées pour en assurer la réussite. Difficile de les citer tous sans en oublier. Avec les salariés de l’usine et leurs sections syndicales CGC et CGT, on notait la présence des habitants du quartier, ainsi que celle remarquée des Comités d’intérêt des quartiers (CIQ), d’Attac-Marseille, mais aussi de syndicalistes de SUD. Si d’autres entreprises et établissements de la vallée de l’Huveaune, comme les personnels de l’hôpital Valvert, étaient particulièrement nombreux, d’autres boîtes en lutte du département, comme STMicro-electronics, étaient représentées. L’UD-CGT des Bouches-du-Rhône était présente. Les attaques contre les travailleurs dans le département sont particulièrement sévères. Un militant syndical de Carrefour est actuellement incarcéré, simplement pour avoir voulu exercer son mandat de délégué syndical. À noter enfin une présence significative des organisations politiques: le PCF, la section Est-Marseille de la LCR, qui a engagé toutes ses forces dans ce combat. Sans oublier les camarades de Ballon rouge et de LO. Des élues et des élus étaient également présents. Avant les débats de l’après-midi, le barbecue a été l’occasion d’échanges fraternels autour des stands des organisations présentes. Il était possible aussi de prendre connaissance des messages de solidarité affichés: ceux des élues et élus de la région PACA, ceux d’artistes, comme Philippe Caubère, qui n’avaient pu être présents, sans oublier celui de notre camarade Olivier Besancenot. Après un concert de Pum Chak, le débat sur les licenciements et les délocalisations pouvait commencer. De nombreuses convergences pour contrer l’offensive patronale ont vu le jour. L’unité syndicale, que les délégués Patrick Candella pour la CGT et Michel Rossi pour la CGC mettent en œuvre dans l’usine, devrait se développer sur le plan national, voire international. Preuve en est le message de soutien de Nestlé-Pologne. Le fait de ne pas considérer qu’une loi interdisant les licenciements peut constituer un point d’appui solide à ces luttes, a marqué une différence sensible entre la position de notre camarade Roselyne Vachetta et celle de l’économiste du PCF Yves Dimicoli. Certes, la loi ne peut jamais tout. Mais en faire abstraction peut faire la part belle à la politique libérale des gouvernements européens. Seule ombre au tableau, un temps exécrable qui a entraîné l’annulation des concerts prévus, déjà concurrencés par l’ouverture de la mythique Fiesta des Suds. On peut conclure en disant que, pour que les travailleurs ne soient pas les victimes de la guerre au profit, la coordination et la généralisation des luttes contre les délocalisations et contre les licenciements, comme le proposait un camarade de STM Rennes, devient une urgence sociale.

NESTLÉ: David résiste toujours à Goliath

Une table ronde s’est tenue lundi 8 novembre entre l’intersyndicale de Nestlé, sa direction et ses élus. Bilan...

L’intervention des salariés de Nestlé lors de l’inauguration de la Foire de Marseille, fin septembre, avait permis d’imposer une table ronde sur le projet de fermeture de l’usine de Marseille-Saint-Menet. Regroupant l’intersyndicale (CGT et CGC), la direction de Nestlé-France et les élus, elle s’est tenue lundi 8 novembre, après une manifestation de soutien qui a accompagné les délégués, du siège local du Medef jusqu’à la préfecture. La direction de Nestlé a, d’entrée, précisé qu’elle n’était là que pour discuter du plan « social ». Et, bien que les « malheureux » actionnaires du groupe estiment ne pas faire de profits suffisants, la direction a déclaré qu’elle disposait de l’argent nécessaire à son projet, les pouvoirs publics n’ayant qu’à faire leurs propositions pour la reconversion du site. La direction a aussi tenté de diviser le front syndical en rejetant la responsabilité du conflit sur une CGT « toujours en désaccord » face à une CGC « responsable et consciente des enjeux ». La tentative s’est soldée par un échec, les délégués CGC refusant de se désolidariser de la CGT. Très présents dans la lutte depuis le début, de nombreux cadres comprennent aujourd’hui très clairement que, face à la logique patronale, un salarié n’est jamais qu’une « charge » dont on se débarrasse du jour au lendemain pour faire plus de fric. Forts de leur mobilisation, les délégués CGT ont déclaré qu’ils ne venaient pas à cette réunion « comme des brebis qu’on mène à l’abattoir », et qu’il n’était pas question d’évoquer un quelconque plan « social », mais de refuser la fermeture d’une usine volontairement maintenue en sous-production et nullement déficitaire. Vu la pression d’une opinion hostile à la fermeture de l’usine et le travail de soutien réalisé par le Collectif de défense, les élus locaux, de droite comme de gauche, n’ont pu que se positionner (quelles que soient les arrière-pensées) contre la fermeture. Le préfet lui-même n’a pu que demander que soient examinées les possibilités de maintien de l’activité, l’éventualité d’un repreneur et la discussion d’un plan « social » - seulement après avoir épuisé les deux autres possibilités. À ce jour, la lutte des travailleurs a permis de repousser encore le projet de fermeture de Nestlé, un comité central d’entreprise devant se tenir le 1er décembre sur ces bases. Il va de soi que rien n’est gagné. La multinationale fera tout pour accroître ses profits, même au prix de la mort de toute une zone de la ville et du département. Les travailleurs ont conscience que leur lutte dépasse de loin le seul cas de leur usine. Aucun effort ne doit être négligé pour soutenir leur lutte, et le Groupement de défense entend bien poursuivre ses initiatives en ce sens. Ce collectif, exemplaire par son caractère unitaire (union locale CGT, Solidaires, comités d’intérêts de quartiers, CSF, PCF, LCR...), répond à la nécessité du moment d’organiser un large mouvement pour l’interdiction des licenciements et pour la défense de l’emploi. Il pourrait faire école. C’est tout le sens de la participation de la LCR, comme en a témoigné le chaleureux accueil de notre camarade Olivier Besancenot par les salariés de l’usine, le 25 octobre dernier.

Jean-Marie Battini, Rouge ( jeudi 18 novembre 2004)

Voir aussi sur le site de A l'encontre les articles du 29 juillet 2004 et du 14 octobre 2004