La lutte encore et toujours
Jean-Marie Battini
(Entretien avec P. CANDELA, CGT, 17 janvier 2006)
Où en est-on ?
NESTLÉ dit: “ Nous avons fait des efforts en cédant le Chocolat, en sauvant 180 emplois, n’en demandez pas plus ”. Mais on est loin du compte. Plus de 200 salariés restent en rade et NESTLÉ ne veut plus faire évoluer le Plan Social (PSE) On nous fait un chantage en menaçant de tout remettre en cause si nous n’acceptons pas la non-reprise du secteur café.
Quelles sont vos propositions ?
Continuer à discuter pour que des garanties soient données en termes de reclassement, d’embauches et de statut.
Le CCE du 5 devait être le dernier. Nous avons pu arracher encore 2 réunions pour les 17 et 24 janvier, mais il faut qu’il y ait des avancées sur le fond.
NESTLE veut l’arrêt des “ pressions ”, et la signature du protocole de fin de conflit. Pas question tant que le PSE n’est pas amélioré. C’est NESTLÉ qui crée les conditions du conflit…
L’usine ferme non pour raisons économiques mais pour délocalisations et licenciements boursiers. Elle peut fonctionner puisque des repreneurs se sont présentés. Un capitaliste n’investit pas dans une affaire non-rentable.
Il faut mettre NESTLÉ devant ses responsabilités et garantir l’avenir des salariés.
Le PSE prévoit des congés reclassement de 6 mois, préavis compris. C’est une arnaque qui mène au RMI comme à MICHELIN, LUSTUCRU ou STMicro. Nous exigeons un plan de 1 an minimum, débouchant sur un emploi garanti.
Un plan de préretraites concerne 74 salariés de plus de 55 ans. En l’avançant à 53 ans on l’étend à 110 personnes. Il resterait donc peu de salariés en congé reclassement. NESTLÉ peut faire cet “ effort ”
Avec les 40 salariés acceptant le départ sur d’autres sites, les 110 préretraites, les 180 embauches par NET CACAO, on arrive à 330. Avec les 130 emplois promis sur 4 ans, c’est tous les salariés de l’usine qui sont concernés.
Précisons quand –même que les sites “ accueillant ” les mutés volontaires sont déjà déclarés en sur effectif !
NESTLÉ s’est engagé le 05/09 face aux pouvoirs publics sur certains points. Actuellement ces engagements pris ne sont pas tous respectés et nous comptons bien les leur rappeler en interpellant une nouvelle fois les “ politiques ”
L’accord avec NET CACAO a été signé…
Oui, “à l’arraché”, conditionné à notre capitulation. Mais c’est mal connaître les camarades qui depuis 20 mois ont montré leur détermination.
Le CCE de NestlE suspendu (18 janvier 2006)
La direction de Nestlé France, qui avait bloqué hier matin les portes de son siège à Noisiel où se tenait un CCE sur l’usine de Saint-Menet, a fini par ouvrir ses grilles aux 150 manifestants, pour l’essentiel venus de Marseille. Le comité central d’entreprise, interrompu dans la matinée après le retrait des représentants syndicaux, était toujours suspendu hier après-midi. Il devait examiner les mesures du plan social consécutif à la fermeture de l’usine de Saint-Menet à Marseille.
Accord pour sauver l’emploi
Christophe Deroubaix- L'Humanité (23 janvier 2005)
Plan social . En plus de la reprise de la chocolaterie, les syndicats ont obtenu d’importantes avancées dans le « plan de sauvegarde de l’emploi ».
Sauf surprise en dernière minute, la réunion du comité central d’entreprise de Nestlé, prévue demain à Noisiel (Seine-et-Marne), devrait se conclure par la signature d’un protocole de sortie de conflit. Les salariés du site de Saint-Menet ont en effet approuvé, samedi en assemblée générale, les avancées obtenues par leurs représentants syndicaux. Sur 250 salariés présents, seuls 20 se sont opposés à l’acceptation du Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) nouvelle mouture, neuf autres s’abstenant.
Ce « protocole » signé, la reprise de la partie chocolaterie par Net Cacao pourra devenir effective au 1er février. L’usine fermera alors pendant trois semaines, puis les 180 salariés seront embauchés. Jean Chenal, le représentant du repreneur, s’est engagé à donner la priorité aux « anciens » de Saint-Menet, même si rien ne l’y oblige, la reprise du site se réalisant dans le cadre d’une cessation d’activités.
Deuxième partie de ce « protocole », le PSE a été l’objet de longues et âpres négociations depuis le CCE du 17 janvier. Joël Budanic, élu CGT, raconte : « Le staff français avait manifestement reçu une enveloppe de la direction en Suisse. Jeudi soir, nous leur avons dit : "Comparez le coût de ce que l’on vous propose et celui d’un conflit." Ils ont aussi vu que les salariés restaient mobilisés. Pendant les négociations, nous avons bloqué deux plates-formes, à Velaux (Bouches-du-Rhône) et dans l’Essonne, tandis que cinq d’entre eux ont déclenché une grève de la faim. Finalement, nous avons fait reculer Nestlé, qui n’avait jamais changé une ligne d’un PSE ni ajouté un centime à l’enveloppe prévue. »
Parmi les avancées obtenues figurent l’abaissement de l’âge de la préretraite de 55 à 54 ans, permettant ainsi à 105 salariés de bénéficier des mesures d’âge (contre 77 auparavant), l’allongement du congé de reconversion de 6 à 7 mois, l’obtention d’une prime de licenciement de 20 000 euros qui s’ajouteront aux indemnités dont la grille a d’ailleurs été majorée, d’une prime de départ de 10 000 euros pour les préretraités et d’une aide de 15 000 euros pour les salariés qui ont privilégié le reclassement interne.
« Si l’on considère ce qui était prévu le 12 mai 2004, à savoir la fermeture définitive du site, si l’on considère le contexte général, et si l’on considère enfin que Nestlé n’avait jamais reculé, alors, on peut parler d’une grande victoire », estime Patrick Candela, secrétaire du syndicat CGT de Saint-Menet, dont la satisfaction ne cache pas une pointe de regret : « Nous aurions pu développer totalement notre projet alternatif avec la sauvegarde de 300 emplois si la décision de la cour d’appel d’Aix ne nous avait pas obligés à négocier le PSE. »
L’objectif des organisations syndicales - zéro salarié au chômage - est désormais presque atteint : 180 emplois de Net Cacao, 105 départs en préretraite, 40 reclassements internes, 20 projets personnels, 30 longues maladies plus une dizaine de cadres « mutés ». Il reste donc une quarantaine de salariés qui demeurent dans l’incertitude. « La lutte n’est pas terminée, précise Joël Budanic. Nous restons vigilants, non seulement sur leur avenir mais également sur l’avenir de la partie du site qui n’est pas concernée par la reprise de l’activité chocolat, soit 20 des 27 hectares du site. »
Le plan social approuvE par les salariEs (24 janvier 2006)
Les salariés du site de Nestlé à Marseille ont approuvé samedi le plan social proposé par la direction du groupe agroalimentaire avant la fermeture du site et sa reprise par Net Cacao. La CGT a qualifié ce plan social de « grande victoire » après « vingt et un mois de lutte ».
Fin de conflit... conflictuelle (25 janvier 2006)
Alors que les salariés de Saint-Menet avaient demandé aux syndicats d’approuver le plan social, les discussions en comité central d’entreprise ont buté hier sur la fin du conflit. « C’est un accord de capitulation que la direction veut nous faire signer, car elle nous demande de reconnaître que la fermeture de l’usine était justifiée économiquement. On n’approuvera pas le plan social tant que l’accord de fin de conflit ne sera pas modifié », a expliqué Joël Budanic, représentant CGT. Après 21 mois de mobilisation, la direction de Nestlé avait finalement consenti à une hausse des indemnités de licenciement et à l’abaissement de l’âge de départ en préretraite.
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