Nestlé-St-Menet
 
 

Passation de l’usine de Saint-Menet à Net Cacao

Christelle Chabaud *

L’accord commercial en faveur de la société Net Cacao a été signé à la veille d’un comité central d’entreprise de Nestlé devant décider des conditions de la mise en place du plan social.

Ambiance joviale mais déterminée hier matin à la descente des bus marseillais devant le siège social de Nestlé France, à Noisiel (Seine-et-Marne). « Nous avons fait plus de six heures de route car nous voulons symboliquement mettre le comité central d’entreprise sous haute surveillance des salariés », lance Josiane, la « doyenne » du site de Saint-Menet. En tout, ils sont une centaine de salariés à être venus accompagner les élus syndicaux siégeant au CCE. Restés à Marseille, les autres ont fait le piquet de grève toute la journée devant l’usine [1].

Vers la fermeture du site ?

Question rapport de forces, les 427 de Saint-Menet savent qu’il ne faut pas relâcher la pression. « Preuve qu’il s’agissait de licenciements boursiers et non d’une fermeture économique, nous avons contraint Nestlé à ne pas fermer et à céder son secteur de production du chocolat au bout de vingt mois de lutte », savoure Serge. Mercredi soir, à la veille du CCE, Nestlé a en effet signé l’accord commercial et la cession des actifs à la société Net Cacao pour une reprise partielle du site. Le CCE devait en préciser les conditions. Hier matin, plus rien n’empêchait donc la direction de Nestlé France d’annoncer acquises les conditions d’installation de Net Cacao à Saint-Menet.

« La direction va probablement annoncer la fermeture, puisque nous sommes dans le cadre d’une cessation d’activité », avançait hier matin Patrick Candela, le secrétaire CGT, à l’ouverture du CCE. Le 20 décembre dernier, le géant suisse de l’agroalimentaire mondial avait fait valoir la nécessité de fermer Saint-Menet avant toute reprise par Net Cacao. « L’usine devrait alors interrompre son activité pendant deux à trois semaines et licencier pour que Net Cacao recrute ensuite les 180 personnes dont elle a besoin », a expliqué le syndicaliste.

Le problème du reclassement

S’appuyant sur une partie du projet alternatif défendu par les salariés depuis 2004, l’activité chocolat devrait demeurer à Saint-Menet et sauver 180 emplois. Et pour les 247 autres salariés ? « Poser les bases de négociation du plan de sauvegarde pour l’emploi est l’autre grand objectif de ce CCE », continue Patrick Candela. Pour l’instant, selon lui, 74 personnes seraient susceptibles de partir en préretraite financée par Nestlé, une quarantaine accepteraient une mutation dans le groupe et une quinzaine choisiraient de s’engager dans des projets personnels. « Pour l’instant, l’âge pour la préretraite est de 55 ans mais si on l’abaissait à 53 ans, quarante personnes de plus pourraient en bénéficier. » Concernant les congés de reclassement, la CGT exige une période minimale d’un an. « Les exemples de STMicro, Moulinex ou Lu ont montré qu’il est quasi impossible de retrouver du boulot en six mois. »

Pour un plan alternatif

Et pourquoi pas tenter d’appliquer l’autre partie du projet alternatif, celle qui concerne l’activité café, et qui permettrait de sauver non 180 mais 350 emplois ? Pour l’instant, la direction de Nestlé France refuse catégoriquement. Prochaine réunion de négociation du PSE prévue le 17 janvier.

* article paru dans L'Humanité du 6 janvier 2006.

1. Grève A Saint-Menet: les salariés de Nestlé Saint-Menet à Marseille seront en grève aujourd’hui [6 janvier], pendant qu’à Paris doit se tenir un comité central d’entreprise (CCE) extraordinaire au siège français de la multinationale. Une délégation d’une centaine de salariés accompagnera les élus marseillais siégeant au CCE. Au cours de cette réunion, il s’agira d’examiner les conditions de la fermeture de l’usine, avant sa reprise par Net Cacao, ainsi que les mesures sociales qui l’accompagneront. Mais, à ce jour, aucun accord n’a été conclu entre Nestlé et Net Cacao, ce qui, pour la CGT, « met en danger la perspective de poursuite de l’activité de la chocolaterie »