Suisse: aéroport de Genève
 
 

ISS: «Avec le nouveau contrat, je perdrais 1000 francs par mois»

Entretien réalisé avec une travailleuse de ISS en grève, le 13 juillet 2010, sur un piquet de grève situé devant l’entrée principale du personnel de ISS à l’aéroport international de Genève. Joséphine [1] a 26 ans, elle travaille chez ISS depuis deux ans et demi.

Quel travail fais-tu chez ISS ?

Je fais le nettoyage des avions, de 19h15 jusqu’à 4 heures du matin. Notre travail est physique, et stressant quand on a beaucoup d’avions qui arrivent en même temps. Avec aussi des aspects mauvais pour notre santé: la génératrice qu’on doit actionner pour mettre en marche les aspirateurs. n’a pas de filtre, donc à chaque fois qu’on la met en marche, on prend la fumée d’échappement plein la figure. C’est la même chose quand on l’éteint.

ISS appliquait jusqu’au 30 juin deux conventions collectives – une pour les «fixes» (+de 20 heures par semaine), l’autre pour les «auxiliaires». Laquelle appliquait-il pour tes conditions de travail ?

Je travaille à un taux 85% en moyenne, 32 heures par semaine. Mais ISS m’a engagé avec un contrat d’auxiliaire, prévoyant 15 heures par semaine (60 heures par mois). Bien que je fasse plus depuis que je suis arrivée, ils continuent à me payer à l’heure, au lieu de m’appliquer les conditions et le salaire (mensualisé) des travailleurs fixes. Conséquence: je gagne environ 600 francs en moins par moins que ce que je devrais recevoir.

Quelle serait la conséquence du nouveau contrat individuel que veut imposer ISS?

J’arriverais à 1000 francs de perte par rapport à ce que je devrais gagner si ISS appliquait les conditions de la convention collective de travail (CCT) pour le personnel fixe.

Pourquoi fais-tu la grève ?

Je fais grève depuis 5 jours pour avoir une CCT correcte, à laquelle on ait droit, et parce que je suis contre ces nouveaux contrats individuels: d’une part ils nous font perdre beaucoup d’argent, de l’autre je suis contre le principe du contrat individuel, qui permet à l’employeur de faire tout ce qu’il a envie.

Le moral, après cinq jours de grève?

Au beau fixe, pas de problème. S’il faut tenir trois semaines, on tiendra trois semaines.

1. Prénom fictif, nom connu de la rédaction.

(13 juillet 2010)