Filtrona
 
 

Des salarié·e·s attaché·e·s à leur entreprise.
Un travail dur

La production de filtres de cigarettes et de produits en fibre à Crissier a une histoire de plusieurs décennies. Une des forces de l’entreprise a été la capacité du personnel de développer et perfectionner sans cesse des innovations technologiques pour la production de filtres spéciaux. Plusieurs collègues, avant tout des hommes avec des dizaines d’années d’entreprise derrière eux, racontent volontiers cette aventure, qui est la fierté de toute l’entreprise.

La facette complémentaire, c’est le travail des ouvriers·ères – ce sont des femmes en grande majorité – qui font tourner ces machines. Aujourd’hui, la moitié d’entre elles sont des auxiliaires, engagées par des entreprises temporaires. Certaines sont auxiliaires depuis 5 ans ; mais leur nombre a augmenté en 2004. Les auxiliaires n’ont pas de 13e salaire, seulement une prime de fin d’année, si tout va bien. Si le travail manque, elles sont renvoyées à la maison. Pas de couverture par le plan social non plus. Plusieurs de ces ouvrières sont déjà passées par une autre fermeture d’entreprise dans la région, comme celle d’Iril par exemple.

On ne peut pas dire que ces collègues, de diverses nationalités, se plaignent de leur travail. Mais elles décrivent un travail dur, avec des exigences qui n’ont cessé de croître. Souvent, après deux ou trois mois, les personnes engagées par une entreprise temporaire renoncent : elles n’y arrivent pas. Les machines vont très vite. C’est l’atout des Cavitec. Mais ce sont les ouvrières qui doivent faire avec. Les bobines de papier sont lourdes. Les cartons de filtres sont lourds. Depuis l’intégration à Filtrona, les exigences en termes de qualité se sont accrues, mais sans que le personnel ne reçoive les moyens adéquats pour y répondre. Régulièrement, des postes sont supprimés sans être remplacés ; la charge de travail augmente pour celles et ceux qui restent. Les ouvrières doivent, en plus de leur travail, former les auxiliaires recrutés par les agences temporaires. C’est une tâche qui se répète sans cesse et qui finit par être pesante.

Depuis le rachat par Filtrona, les ouvrières ont de moins en moins de responsables à qui s’adresser pour discuter des problèmes qu’elles rencontrent dans la production, ce qui alourdit encore leurs responsabilités. Les horaires sont fatigants : 41 heures par semaines en deux équipes. Lorsqu’il y a beaucoup de travail, il faut faire des heures supplémentaires, des équipes de nuit, venir le samedi. En 2004, il y a effectivement eu beaucoup de travail du printemps à octobre. Tout cela pour un salaire de 3500 fr. brut environ pour des ouvrières semi-qualifiées (avec 13e salaire). Quant aux augmentations, elles sont très irrégulières et inégales.

M-Magazine, numéro 20-2004

Retour