«(paroles réellement prononcées à la tribune)»
Le Mouvement pour le socialisme (solidaritÉS) persiste et signe
Il faut refuser le projet de nouvelle Constitution
Une Constitution, c'est la charte fondamentale d'un Etat. Affirmation banale, souvent répétée, mais dont il faut tirer les conséquences. Une Constitution n'est pas un résultat de négociation salariale, ni même une loi, dont le champ d'action est limité et dont on peut peser les avantages et les désavantages, pour l'approuver ou la rejeter. Une Constitution est un tout: elle fixe les lignes de forces d'une société, elle en codifie, dans la durée, les règles de fonctionnement. L'approuver, ce n'est pas seulement dire «qu'on peut vivre avec ce texte», c'est accepter - et faire accepter - cette société telle qu'elle est.
Or le projet qui nous est soumis sanctifie comme des droits fondamentaux, sans aucune réserve, la propriété privée et la liberté économique. A bien considérer l'état du monde et les périls qui le menacent, à bien mesurer la subordination dans laquelle se trouvent placés l'essentiel des citoyennes et citoyens face aux détenteurs du pouvoir économique - et donc socio-politique -, c'est au contraire la mise en cause radicale de ces deux prétendues libertés qui est à l'ordre du jour. Approuver ce projet de Constitution, c'est ainsi renoncer à contester sur un point essentiel l'organisation substantiellement non-démocratique de ce système capitaliste.
Nombreux sont ceux qui défendent la nouvelle Constitution au nom des importantes améliorations concrètes qu'elle apporterait dans la vie de la population. Pour les mettre en évidence, ils comparent le nouveau texte à celui de 1885. Mais c'est une auto-intoxication: le texte de 1885 n'est plus réellement en vigueur: tout un «tissu constitutionnel» (Constitution fédérale, accords et conventions internationales, etc.) l'a rendu obsolète. C'est à cela que le projet doit être comparé, ainsi qu'aux lois en vigueur et en cours d'élaboration, sur le plan cantonal comme fédéral. Mesurées à cette aune, les avancées qui surnagent sont rares, et, bien loin d'être des percées héroïques, entérinent le plus souvent des évolutions élémentaires, qui font consensus.
Parce qu'un autre monde est nécessaire, parce qu'un OUI est synonyme de résignation à l'inacceptable présent, nous nous efforcerons, dans la mesure de nos forces, de faire entendre dans cette campagne un NON de gauche, le NON de ceux qui se battent pour un autre monde.
Lausanne, le 3 juillet 2002
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