Palestine Les Palestiniens et leur combat interminable pour la liberté Les Palestiniens assiégés ont besoin de notre présence en Palestine
Partir en Palestine Une expérience unique au service dune cause juste Silvia Cattori Please come to Palestine... we need your help, répète Mustafa Barghouti depuis des mois (1)
Please be here with us... be here for us, renchérit Wafa Abdel Rahman (2)
Les Palestiniens souffrent atrocement. Ils ont plus que jamais impérativement besoin de nous. Les Palestiniens ont peur. Peur dêtre laissés à la merci de la politique dextermination de lEtat théocratique et raciste dIsraël. Un Etat, il faut le rappeler, gouverné par des hommes dangereux, des criminels tels Sharon, Mofaz, Netanyaou (que les communautés juives dans le monde soutiennent sans vergogne). Leur peur grandit à mesure que la guerre anglo-américaine contre lIrak - fortement encouragée par Israël mais catégoriquement refusée par les citoyens du monde épris de justice et de paix se précise avec les conséquences désastreuses que lon sait. En effet, trois partis racistes à lintérieur du gouvernement israélien envisagent ouvertement le transfert de Palestiniens et autres insanités comprenez purification ethnique, déportation en marge de cette guerre. Cest pourquoi les Palestiniens - lâchés par les Etats-Unis, peu soutenus par les responsables politiques européens, démunis face à la radicalisation violente des extrémistes israéliens - se tournent vers nous, simples citoyens du monde. Ils en appellent à la mobilisation internationale, afin que la venue de pacifistes en Cisjordanie et à Gaza soit suffisamment grande pour assurer leur défense. Après ce quils ont déjà essuyé de haine et de douleur sur le front fermé de lindifférence, nous ne pouvons pas rester inertes. Cest notre devoir moral de répondre à leurs appels, de leur apporter assistance. Ensemble nous pouvons faire la différence. En échange de notre soutien solidaire les Palestiniens nous offrent, en même temps que leur généreuse hospitalité, une ouverture sur un autre monde, la chance dune réflexion profonde sur nous-mêmes, sans quoi on ne peut avancer
Ne laissons pas les Palestiniens seuls, sans protection Il y a plusieurs façons de soutenir les Palestiniens dans leur quête désespérée vers une paix juste. Lune dentre elles consiste à se rendre nombreux en Palestine pour protéger le peuple Palestinien. Une autre est de mener la guerre contre la désinformation des médias. Et aussi dexercer des pressions sur nos responsables politiques pour quils dénoncent les violations des droits humains par Israël. Cest cela que veulent les Palestiniens. Pas de charité. Pas de leçons. Des actes concrets qui peuvent contribuer à briser le silence et le blocus qui les étouffe. Partir en Palestine - une, deux, trois semaines se tenir à leurs côtés en toute légalité, cest dire non à loccupation illégale de lEtat dIsraël, non à lapartheid, non aux assassinats denfants, non aux destructions de maisons, non à lextermination lente dun peuple qui a déjà trop souffert. Ne laissons pas les Palestiniens seuls face à la brutalité des Israéliens. Poursuivons les actions commencées par les premiers membres de la société civile qui ont jeté les fondements, avec les Palestiniens, dun mouvement de résistance non violente qui sest avéré capable, malgré la violence israélienne, de résister efficacement durant cette période de vide forcé. Décrits par la BBC comme des militants des droits de lhomme qui ont à cur de se livrer aux côtés des Palestiniens opprimés à des actes de désobéissance civile et de protestation contre les violations de loccupant israélien en Cisjordanie et à Gaza, pour attirer lattention des médias qui se taisent sur ses abus, les pacifistes internationaux sont devenus les ennemis de larmée israélienne qui les arrose régulièrement de gaz toxiques, de grenades assourdissantes, les arrête, avec pour certains lexpulsion et linterdiction de retour durant 10 ans. «Laissez-nous continuer le travail que nous avons commencé ensemble. Laissez-nous travailler dur pour mettre fin à cette vilaine occupation...» écrivait une militante du FPLP de Gaza durant ces nuits terribles où larmée israélienne bombardait son quartier et elle croyait son heure comptée. Oui, nous devons continuer daller nombreux en Palestine pour empêcher larmée israélienne de tuer encore plus de Palestiniens, de détruire plus de maisons, de déporter plus de villageois loin des regards extérieurs. Cela dit, on ne va pas en Palestine comme on va en vacance. Si côté Palestinien on est merveilleusement bien entourés, leur territoire nen demeure pas moins entièrement occupé par une soldatesque terrifiante, cest le mot, et des colons juifs haineux qui tirent à tout va. Il convient donc de bien se préparer, pour savoir prendre en compte les attentes des gens qui nous accueillent et sont seuls à même de décider ce quil y a lieu de faire en priorité, pour ne jamais rien faire qui puisse heurter leur sensibilité, les mettre en danger, etc. Le contexte de guerre unilatérale, le veut. Cette préparation peut se faire dans le cadre de lInternational Solidarity Movement où rien nest laissé au hasard, tout est minutieusement pensé. LISM, fondé il y a deux ans - sous limpulsion de Ghassan Andoni, un personnage remarquable, professeur de physique à lUniversité de Bir Zeit, depuis longtemps engagé à promouvoir la lutte de résistance pacifique dans le cadre du Palestinian Center for Raprochement between people (PCR) - a été crée en réponse aux exactions croissantes de larmée israélienne en Palestine et pour répondre à la nécessité davoir des témoins extérieurs qui puissent observer et dénoncer ces violations. Cest sous la pression de la terreur que ce mouvement de résistance non violente travaillant la main dans la main avec des pacifistes internationaux a pris corp. 2000 fut une année noire pour les Palestiniens ce qui ne préfigurait rien de bon pour lavenir. Il y a eu quantité dépisodes malheureux. La marmite à vapeur était en passe dexploser, la frustration des Palestiniens à son comble, aussi bien contre loccupant israélien qui renforçait son appareil de répression et consolidait le régime dapartheid, que contre lautorité palestinienne, qui navait rien obtenu de concret après les accords dOslo pour améliorer les conditions de vie de son peuple. Les Israéliens nattendaient que cela, lexplosion des Palestiniens, pour ensuite resserrer encore un peu plus la vis, couper des têtes, grignoter plus de terres, étendre leur politique du fait accompli. Cette stratégie qui consiste à pousser les Palestiniens à cran, la toujours grandement profité aux Israéliens. Ils en ont usé et abusé. Encore aujourdhui les gens vous parlent avec émotion de ces jours terribles de septembre 2000 où larmée israélienne avait massacré des dizaines de jeunes Palestiniens en quelques heures, rasé 160 maisons dun trait à Bethléem, déporté 240 personnes. Quand la population est revenue sur ces lieux annexés par larmée israélienne, les soldats, surpris par ces manifestants qui marchaient sans peur sur eux, sur les tanks, se sont retirés. Oh, ce nétait quune demi victoire ; mais pour ces hommes et femmes jetés au désespoir prêts à se battre jusquà la mort pour la vie contre la mort, cette image dune armée qui se disloquait, renforça lidée que la non violence pouvait avoir raison du plus fort. Cest ainsi que en 2001, des pacifistes américains, émus par la brutalité des mesures mises en place par Sharon pour effrayer et faire partir les Palestiniens, sont arrivés en Palestine pour commencer. Puis dautres volontaires internationaux se sont peu à peu joints aux actions menées par lISM. Ce mouvement, na cessé de samplifier et de senrichir de lexpérience des uns et des autres, depuis les évènements tragiques de mars 2002. Quelques milliers de personnes se sont rendues en Palestine en une année. Cétait une goutte dans locéan de lhorreur absolue. Il en aurait fallu bien davantage. Néanmoins, pour les Palestiniens, que la machine de guerre de Sharon Perez maintenait sous blocus total, même ce peu était déjà mieux que rien. Si Arafat et les 400 hommes retranchés dans les bureaux présidentiels sont encore en vie, pour ne parler que de cette action connue de tous, cest sans doute en partie grâce à ces internationaux qui se sont offerts comme boucliers humains pour les protéger des attaques israéliennes. Leur présence aux côtés des victimes de la répression sest avérée chose utile un peu partout. Depuis, les Palestiniens nont cessé de demander leur venue, pour sassurer quil y ait toujours plus de gens disposés à se rendre là où les militaires israéliens les persécutent particulièrement. Aujourdhui il y a des pacifistes reliés à lISM palestinien, depuis quils ont fait leur baptême du feu en Palestine, dans tous les continents. LISM, est devenue une ONG parmi dautres, qui agit de concert avec le GPPI, organe qui réunit toutes les ONG palestiniennes. Aussi lISM travaille en étroite coordination avec quantité de groupes de paix internationaux. Ces pacifistes, majoritairement anglo-saxons (Américains, Anglais, Danois, Suédois, Irlandais) ont apporté un soutien moral certain aux plus démunis. Mais surtout, depuis les semaines où les massacres des populations se poursuivent, ils se sont révélés des témoins irremplaçables, là où larmée israélienne aime agir en toute impunité. Il est fréquent de voir les Palestiniens pleurer de gratitude en présence de ces jeunes étudiants suédois, ou autres retraités américains, qui ont fait le geste de venir jusquà eux, partager leur douleur, leurs peurs. Mona, une femme médecin de Gaza, dont je noublierai jamais le visage de tendre bonté enveloppée de fatigue, exprimait fort bien ce que les Palestiniens peuvent éprouver de réconfort, quand une nuit sous une avalanche de bombes elle écrivait ceci en pensant à ces gens qui dans le monde sengagent à les défendre:«Malgré le fait que les gouvernements du monde ferment les yeux sur notre souffrance quotidienne, je pense à votre solidarité, et je me sens plus forte.» Nous sommes en décembre 2002. La Palestine est à lagonie. Les Palestiniens nen peuvent plus. Une année terrible sachève. Les conséquences de loccupation israélienne sur la santé, sur lemploi, sur léducation, sur le quotidien des Palestiniens sont incalculables. Un quotidien terrifiant intimement partagé Il est important daller sur le lieu de ce désastre. Déjà pour y voir plus clair soi-même, et ensuite pour pouvoir corriger la désinformation des autorités israéliennes et des journalistes peu scrupuleux, qui par bêtise, par parti pris, par malhonnêteté intellectuelle, empêchent la vérité de triompher. Mais aussi pour redonner un peu despoir aux Palestiniens qui redoutent de retomber dans lindifférence, lisolement connu par le passé. Malgré tout cela Bush continue de blâmer les Palestiniens et de glorifier Sharon, ce boucher. Et lopinion continue dêtre victime dune mortelle duperie. Ce ne sont ni Arafat, ni les bombes humaines, ni les islamistes, qui menacent Israël. Cest Israël, avec son arsenal de guerre qui menace tout un peuple. Les punitions collectives quil leur inflige sous prétexte quelles sont nécessaires à la sécurité dIsraël sont destinées à pousser les Palestiniens à la révolte, pour ensuite les écraser dans le sang et entretenir un cycle de violence. Si les Israéliens se retiraient et leur rendaient ce quils leur ont volé, les Palestiniens nauraient plus aucune raison de se révolter. Or les Israéliens, ne veulent pas de cette pacification. Ils veulent gagner du temps pour étendre leurs colonies juives de peuplement. Ce sont elles, ces villes casernes hideuses, impénétrables, inhumaines, qui avalent les plus beaux paysages de lhistoire humaine et mettent la vie des Palestiniens en péril. Une expérience humaine émouvante Partir dun pays comme la Suisse, lAustralie ou les USA pour atterrir dans cette partie occupée de la Palestine qui nen finit pas de saigner, sur quoi lon simagine déjà tout savoir mais dont on ne sait rien en vérité, ce nest pas un geste anodin. Cela peut devenir le point de départ dune réflexion qui ne vous laissera pas inchangé. Et après avoir contemplé ces paysages splendides que la méchanceté des hommes a mutilés ceux que larmée occupante veut bien vous laisser approcher - vous aurez vite fait de comprendre que la Palestine résume à elle seule toutes les injustices et les lâchetés du monde. Je le répète. Les soldats israéliens sont terrifiants avec leur arsenal impressionnant, leur mobilité, leur capacité destructive. Vous nêtes pas venu ici pour prendre le parti de lun contre lautre, cependant on ne peut pas rester neutre là devant. En 1967, quand la guerre du kippour éclata, je me suis rangée à leur côté, réjouie de leur victoire. Grisés, ils nont cessé depuis, de poursuivre leur folle avancée et de faire parler, parallèlement aux armes, leur machine de propagande. Jai longtemps cru ce quils affirmaient: quils étaient menacés. Mais dès 1987 et cela a continué jusquà ce jour - quand les images fugaces de soldats israéliens tirant sur les enfants palestiniens se sont imposées à la vue du monde, jai éprouvé des sentiments de répulsion, de douleur, de révolte. Savoir démêler le vrai du faux Cest ainsi que, pour en avoir le cur net, par un petit matin davril, jai atterri à laéroport Ben Gourion à Tel Aviv. On ma rangée sur le côté, tandis que dautres passaient tout droit. Interrogée par des gardes frontières dont je ne comprenais pas larrogance ni le mépris, scrutée avec suspicion, traînée de bureaux en bureaux, fouillée de manière humiliante, jusque dans les parties les plus intimes, jai compris quici, rien nest gratuit, rien ne vous sourit, rien ne se passe comme partout ailleurs. Lattitude peu aimable des jeunes officiers de police me révolte, mais je mécrase. Jai compris que cela peut les rendre fou de rage lidée que vous puissiez vous sentir en sympathie avec les Palestiniens. Il faut surtout ne rien leur dire. Rester évasif. Tout cela pour dire que sils vous suspectent daller en Palestine, vous savez ce qui vous attend. Ils les répètent à linfini, de façon mécanique, leurs questions absurdes. Il y avait ce tampon qui indiquait que jétais allé au Maroc deux ans plus tôt, qui posait problème. Ici cest la religion qui commande. Si un quelconque pays sétait avisé de traiter toute personne non juive qui se présentait à sa frontière de pareille façon, cela ce serait su, aurait déjà soulevé un vrai tollé, des polémiques, des sanctions. Est-ce la peur dêtre taxé dantisémite par de puissantes organisations juives qui a jusquici étouffé toute critique ouverte contre les comportements ouvertement racistes dIsraël ? Je navais rien à cacher. Mais je craignais dêtre empêchée daller en Palestine, renvoyée. Ils voulaient me montrer leur force. Je devais louvoyer. Quand jai quitté le bureau de limmigration et jai vu la porte de sortie jai tourné les talons en pensant que javais remporté-là une petite victoire. Dautres pacifistes avaient eu moins de chance que moi, qui se sont fait enfermer manu militari dans une cellule bunker en attendant dêtre remis dans le premier avion. Palestina mon amour Vous découvrez la Palestine telle que les Israéliens lont divisée, close à lintérieur de frontières mouvantes, de murs imaginaires ou en construction, morcelée en quantité de lopins coincés entre colonies juives et zones militarisées interdites. Vous découvrez quici cest lapartheid, que tout ce que le monde a refusé depuis longtemps ailleurs est ici en pleine expansion, et ne soulève pas de protestations internationales quand il sagit des Israéliens. Vous découvrez que les Palestiniens qui habitent la bande de Gaza - que les Israéliens ont définitivement coupée de son voisin égyptien - ne peuvent aller en Cisjordanie ; et que les Palestiniens de Cisjordanie ne peuvent se rendre à Gaza et que tout cela se passe ainsi depuis que les Israéliens lont décidé et que tout cela semboîte, senchaîne, se répète à linfini. Vous découvrez que les soldats israéliens sont là pour faire marcher les Palestiniens au pas, à la trique
Comme cela, séparés les uns des autres, engloutis dans des difficultés sans fin, rarissimes sont les chanceux qui peuvent obtenir lID qui permet aux Palestiniens de passer dune zone à lautre ou encore de partir à létranger. Tout est comme cela, ahurissant, horripilant. Impossible de sy retrouver entre zones A, B, C, où les Palestiniens sont cantonnés comme des bêtes. Vous ne savez jamais dans quelle zone vous êtes tombé. Où que vous alliez, vous vous trouvez forcement confiné derrière des barrières électrifiées, des montagnes de terres, des murs fortifiés. Inutile de vous repérer sur une carte. Les bulldozers creusent déjà la prochaine ligne de démarcation. Une seule chose est certaine: là où il y a des barbelés, des collines sauvagement lacérées, des avalanches de poussières, des bruits inhumains, il y a des colons juifs qui sactivent et grappillent. Ceci pour dire que cette Palestine qui soffre tristement à votre regard, avec ce quelle porte en elle de poignant et de beauté tragique, na pas dunité, ni de contours défini. Elle est découpée en camps de réfugiés, en marge de zones fermées, de décharges fumantes qui empestent les airs, damoncellements de terres que les camions militaires israéliens transportent par tonnes, partout où ils veulent empêcher les gens de circuler, partout où ils imposent leurs punitions collectives. La Palestine intacte nexiste plus que dans la mémoire de quelques survivants parmi les réfugiés palestiniens qui en ont été chassés en 1948 et qui nont jamais abandonné lidée utopique dy retourner. Israël en a déjà absorbé plus de trois quart et ce nest pas fini. Les colons juifs armés réputés pour leur état desprit extrémiste, foncent comme des brutes, sactivent à tout saccager - aidés par larmée qui les protège. Ils construisent à toute vitesse des colonies agressives sur les ultimes sommets, sous les yeux des Palestiniens impuissants. Cest difficile dimaginer ce que cest, ce pays quadrillé par larmée israélienne, tant quon ne la pas vu de ses propres yeux. On peut se représenter la Palestine actuelle comme une vraie prison ceinturée de hautes murailles, de barbelés électrifiés, de tranchées. Aller dun village prison à un autre village prison est un vrai casse-tête. Vous avez déjà entendu parler des road blocks, des check points, des routes de contournement à lusage exclusif des colons juifs et des militaires
bref, toute la palette quil faut pour infliger humiliations sur humiliations aux Palestiniens. Mais ici tout se complique encore. Si vous ne possédez ni la green card ni l orange card, alors là vous êtes fort mal barré ; vous nirez plus nulle part. Cest ainsi que le gouvernement raciste israélien sattaque dun check point à lautre, à lidentité palestinienne, à sa mémoire et fait comprendre aux Palestiniens qui saccrochent à leur territoire en miettes, quil ny a pas de place pour eux en Palestine. Les soldats israéliens se moquent de cette longue file silencieuse de Palestiniens qui grelottent, qui attendent sous la pluie, de passer de lautre côté du check point. Ils ont été programmés pour se conduire comme des tortionnaires. Rien ne les pliera. Même pas les implorations dune femme malade, enceinte jusquà la gorge, dans la nécessité impérieuse, daller à lhôpital. Vous intervenez pour tenter de les adoucir
Ils prennent votre supplication comme une provocation. Trois soldats enragés arrivent sur le côté ; ils sortent ostensiblement une grenade quils sapprêtent à dégoupiller. Vous leur dites, non pas cela ; vous reculez tétanisé par la peur, puis vous rentrez en vous-mêmes, écrasé dimpuissance. Voilà ce que cest un check point: un exemple frappant parmi dautres, du système dapartheid israélien. Dans cet espèce de couloir à bestiaux hérissé de miradors, rien ne ressemble à ce que chacun est en droit dattendre dun pays dit civilisé. Ce sont toujours eux, qui, sans mandat, sans façon, sans quaucune juridiction ne les y autorise, décident sils vont les laisser passer, les renvoyer ou les jeter en prison ceux quils ont regroupés là dans un coin. Ce sont des vieux paysans qui veulent aller labourer leur champ, des enfants qui doivent aller à lécole. Ils ne demandent pas la lune. Le plus surprenant cest quils se laissent bousculer sans se rebeller, alors quon touche à leur identité, à leur intégrité, à leur dignité. Vous les regardez avec amour. Ils vous regardent dun il vide qui vous remue en profondeur. Vous êtes parqué de lautre côté du couloir à bestiaux parce que non Palestinien. Mais que lon vienne des Etats-Unis, de Belgique ou de Suisse pour aller les protéger, cela ne vous ouvre pas non plus les portes de la prison où les Palestiniens sont enfermés. Cest insensé. Ils sont chez eux. Vous venez chez eux, sur leur sol, mais parce quils sont Palestiniens ils nont rien à dire, ils ne peuvent pas vous accueillir. Déjà ils nont pas plus de droits. Rendre à César
Violents les Arabes ? Les Israéliens ont longtemps cherché à faire croire quils étaient encerclé par des Arabes mauvais qui voulaient les jeter à la mer. Quelle duperie. Il suffit daller sur le terrain pour comprendre que cest tout le contraire qui se passe ; que ce sont eux, les Israéliens, fort dune armée écrasante qui jettent régulièrement les Palestiniens hors de chez eux, violent les vies, détruisent les maisons, brûlent les récoltes, tuent les enfants, déportent les villageois, torturent, etc. Ce que lon découvre dépasse limaginable. Une fois sur le terrain, on se dit que, si les Israéliens ont jusquici gagné la guerre de la communication et ont réussi à déshumaniser les Palestiniens jusquà les faire disparaître de notre humaine perception, ils ont définitivement perdu la bataille morale. Mustafa Barghouthi a lancé le 17 juin 2002, avec lappui de Edward Saïd, Haidar Abdul Shafi, Ibrahim Dakkar, une initiative durgence nationale qui avait pour objectif duvrer pour la défense des droits nationaux des Palestiniens bafoués et lobtention dune paix juste et durable. Tout était en panne, Arafat en quarantaine, le peuple laissé sans aucune perspective davenir. Cette initiative sinscrivait dans la foulée des réformes de structures institutionnelles, politiques et administratives programmées et les élections démocratiques qui devaient se tenir à tous les niveaux du système politique. Or, six mois plus tard, les Palestiniens nont rien vu venir, comme dhabitude. Même ils ont régressé de façon inquiétante. Et Barghouthi de déchanter amer: «Nous sommes revenu au point mort. Réduits, comme lors de la première Intifada, à devoir résister avec nos poitrines nues contre une armée dont les moyens destructifs sont sans limite». Cest pourquoi depuis plusieurs mois Barghouthi a pris son bâton de pèlerin pour aller alerter lopinion mondiale sur la gravité des opérations militaires dIsraël contre son peuple et aussi attirer lattention sur la gravité de la catastrophe humanitaire après les mois de punitions collectives illégales. Il a tenu par la même occasion à dire merci à ces internationaux qui se sont montrés capables dexprimer une nouvelle réalité: la capacité dhommes et de femmes, tout âge, tendances politiques et nationalités confondues, à saffirmer comme des témoins embarrassants, qui ne cèdent pas à la peur et qui nabdiquent pas leur devoir moral de dénonciation, pour signifier aux tortionnaires israéliens avec détermination, avec courage, quil devront répondre, demain, de leurs crimes de guerre, que nul ne peut sen prendre impunément à des civils, à des faibles
Aussi longtemps que les militaires et les colons juifs ne sont pas contraints à se retirer au delà de la ligne verte, les Palestiniens vivront lenfer
Violents par nature les Palestiniens ? Il y a en en réalité un oppresseur, Israël. Cest le combat de David contre Goliath. Il faut le crier haut et fort: il ny a jamais eu en Palestine de terroriste que les Forces de sécurité israéliennes et des colons fanatisés. Israël, n a jamais reconnu aux Palestiniens, le droit à lexistence en Palestine, le droit davoir un Etat souverain. Tandis que les Palestiniens ont reconnu dès 1993 lexistence de lEtat dIsraël. Les Palestiniens sont des êtres fondamentalement paisibles, ouverts à lamitié, qui se battent pour recouvrer leur liberté et non pas contre une ethnie. Le désir de paix, de dialogue, est, chez eux, très prononcé. Toute lhistoire de leur lutte depuis 1948 pour obtenir la liberté de vivre et de circuler sans entraves sur leur terre est marquée par des actions de résistance pacifique systématiquement réprimées dans le sang par les autorités israéliennes. Ceci pour dire que la violence, le désespoir, la mort, sont des penchants qui sont étrangers à leur culture, mais que les comportements agressifs israéliens ont largement induits. Les Palestiniens sont à dire vrai, des êtres attachants qui aiment beaucoup la vie. Mais voilà, quand par périodes, dans un sursaut de dignité ils se soulèvent pour venger leurs morts, tout le monde oublie que cela fait 50 ans que dure leur calvaire. A leur place nous aurions fait sûrement pire. Ce nest quaprès 1967, que des groupes armés palestiniens se sont constitués pour mener des actions militaires ponctuelles contre loccupant. Quant au peuple palestinien en son entier, il na jamais cessé de sengager dans la résistance non violente contre loccupation israélienne violente. Lexemple le plus connu est celui de la première Intifada qui a duré de 1987 à 1992. Là encore Israël, si prompt à anéantir toute chance de dialogue, a riposté avec la dernière brutalité, en envoyant comme à la guerre des bataillons de réservistes escortés de colonnes de tanks, pour se débarrasser des enfants qui échappaient à la garde de leurs parents. Des balles réelles contre les pierres inoffensives denfants qui voulaient venger leurs jeunes camardes tués. Cest ainsi, que toute une génération denfants, qui a grandi dans la violence de loccupation militaire, a qui on avait volé lenfance, le droit à aller à lécole, le droit à avoir un développement normal, une fois parvenu a ladolescence, a basculé dans la violence, la dépression, puis sest lancée dans la lutte à mort dès 1997, après une trêve unilatérale de cinq ans. De plus en plus de jeunes Palestiniens, terriblement déçus par la poursuite de la colonisation (en violation des accords dOslo) ont recommencé à jeter des pierres. Cela mérite dêtre souligné: renvoyer dos à dos loccupant et loccupé, sous prétexte quil y a des excès et des violations du droit humanitaire des deux côtés, crée une nouvelle injustice contre les victimes de loccupation, car cette fausse symétrie tend à occulter les souffrances imposées au peuple palestinien qui est, lui, placé dans une situation dinégalité. Les Palestiniens se battent légitimement pour se libérer dune occupation illégale, contre le terrorisme de lEtat dIsraël. Il faut reconnaître leur droit à lutter contre loppresseur. Et ne pas perdre de vue que les violences commises par un Etat sont infiniment plus graves que celle commises par des groupes non étatiques. Ceci pour désigner les vrais terroristes
Please come
we need your help. Les Palestiniens, sont des êtres étonnamment patients, des doux rêveurs à dire vrai. Ils ne rêvent que de pouvoir échapper à loccupation. Rêves, désirs, que la poursuite de la colonisation a définitivement brisés. Aucun peuple naurait jamais accepté de croupir durant 50 ans en exil après sêtre fait chasser hors de chez lui. Israël dispose dun Etat sur 78 % de la Palestine. Les Palestiniens se sont contenté du 22 % restant. Quont-ils reçu en échange de leurs concessions ? Les colonies juives illégales continuent de se propager. Effacée lardoise des longues années de négociations de paix auxquelles, de Madrid à Oslo, ils avaient accroché tant despoirs. Le réveil était rude. Larrivée de Sharon aux commandes de létat dIsraël, moins de vingt ans après les massacres de Sabra et Chatila, fut brutale. Dans ce contexte déprimant, la venue en Palestine dinternationaux est ressentie par les Palestiniens comme un cadeau du ciel. Savoir que des êtres sincères et désintéressés peuvent témoigner de leur souffrance, des crimes commis par larmée israélienne, les aide à résister, à tenir. Et pour les internationaux, la découverte dun peuple généreux dans laccueil, magnifique dans la détresse, digne dans son malheur, est une expérience humaine, certes infiniment dure, mais aussi très émouvante. Riches de ce vécu fait de peur et de difficulté partagées - qui peut donner une nouvelle orientation, un sens nouveau à leur vie, ils peuvent, une fois rentrés chez eux, témoigner des injustices quils ont vues et ajouter humblement un nouveau maillon à la chaîne de solidarité jamais rompue, par la grâce dautres camarades qui, comme vous demain, vont reprendre le flambeau
(1) Président de lUMPCR, Directeur du HDIP (2) Directrice du Palestinian Affairs Desk / Miftah Silvia Cattori.Journaliste,silviaverbier@smile.ch
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