Palestine
Un
an après l'arrestation du député Hussam Khadr
Les
plans pour faire taire la voix courageuse échouent
Isolement complet et des moyens d'interrogatoire extrêmement
durs
tout au long de douze mois d'emprisonnement
Nadi al-asir, 13 mars 2004
Un an déjà que le député, la voix téméraire
qui est devenue la voix de tous les opprimés et des délaissés.
C'est le député prisonnier Hussam Khadr, membre du
conseil législatif palestinien et président du comité
de défense des droits des réfugiés palestiniens.
Une voix qui a été occultée par les barreaux
de la prison mais qui est restée vive parmi les millions
de Palestiniens et d'Arabes, une voix poursuivant à transmettre
ses positions courageuses à travers les murs de la prison,
pour apporter un peu de chaleur à ses amis, et faire échec
aux plans de ceux qui ont planifié son arrestation pour faire
taire sa voix.
Les milieux des médias, les journalistes et les politiques,
que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur
du pays, ont ressenti son absence, comme l'ont ressentie les gens
pauvres et les gens du labeur pour qui il était une référence
chaque fois qu'ils faisaient face à une épreuve, et
il est devenu un appui pour les milliers de prisonniers dans les
prisons israéliennes qui ressentent le poids de l'injustice
qui pèse sur eux.
Les ruelles du camp de Balata, elles aussi, ressentent son absence,
ces ruelles dans lesquelles il a vécu et a grandi, alors
que ses photos décorent les rues du camp. Les couloirs de
l'université nationale an-Najah, où il a terminé
ses études universitaires, sont tristes aussi à cause
de son absence. Mais ce sont surtout les masses de réfugiés
dans les c„urs desquels il a semé le ferme attachement au
droit au retour sur la terre des ancêtres, malgré tous
les complots et les hostilités, qui ressentent durement son
absence.
Le soutien et la solidarité avec lui ne sont pas limités
aux frontières du pays, ils se sont étendus à
toutes les parties de la terre, traversant les mers et les langues,
marquant ainsi une attitude noble qui renforce les positions courageuses.
Des efforts bénévoles se sont mis au service de sa
cause pour faire apparaître le degré d'attachement
au député courageux, aucune prison n'ayant réussi
à couper les liens entre lui et ses amis.
Le kidnapping
Le soir du 17 mars 2003, une opération de l'armée
israélienne vise la maison du député Hussam
Khadr. Des bruits d'explosion accompagnent l'entrée en force
dans la maison. De nombreuses forces encerclent la maison, au milieu
des cris des soldats, des coups de feu nourris dans la maison et
les maisons avoisinante, tout cela aboutit à l'arrestation.
Des traces de l'agression sont visibles dans toute la maison, des
balles vides sont éparpillées partout, ces balles
que le fils du député, Ahmad, rassemble rapidement
pour qu'elles soient des pièces témoins de l'agression
en pleine nuit.
Bien que la maison de Hussam Khadr ait été agressée
plusieurs fois les années précédentes, ce fut
l'agression la plus violente, avec l'utilisation d'explosifs pour
faire sauter l'entrée de la maison, avec les tirs des coups
de feu, avec l'entrée de dizaines de soldats pour une opération
qui a commencé en pleine nuit pour finir avec le lever du
soleil.
Après le retrait des forces israéliennes de la maison,
les habitants du camp et des quartiers voisins ont accouru à
la maison pour apporter du réconfort, et tous se sentaient
tristes d'avoir perdu une voix courageuse qui porte leurs sourcis.
Dans les caves des interrogatoires
90 jours, il ne s'agit pas seulement d'un simple chiffre, que Hussam
Khadr a vécu dans les caves des interrogatoires fascistes,
90 jours qui n'étaient pas suffisants, pour l'occupant, pour
semer sa haine sur le corps de cet homme libre, au moment où
pour Hussam, rien ne pouvait le faire dévier de ses positions,
de sa force, de sa fermeté face aux interrogateurs de l'occupation.
Autant les interrogatoires devenaient plus durs et apportaient plus
de souffrances, autant Hussam Khadr devenait plus ferme, plus partient
et plus fort face à l'oppression de la prison et du geôlier.
La prison de Petah Tikva fut le début de son long parcours
d'interrogatoire, que Hussam a vécu dans toutes ses conditions
difficiles, où l'occupant a exercé toutes formes de
torture physique et psychique, à commencer par la privation
de sommeil au cours de longues périodes, par la privation
ensuite de nourriture, à l'exception de ce qui pouvait le
garder en vie, en passant par la position du shabeh et d'autres
moyens de torture, et souvent, il était installé sur
une petite chaise, dont la base faisait à peine 25 cm2, de
30 cm de hauteur, et ses mains étaient attachées à
l'arrière, pour de longues périodes.
Quant à l'interrogatoire dans la prison de Akka, le comportement
était différent avec Hussam Khadr, l'équipe
des interrogatoires ayant complètement changé. Khadr
subissait un interrogatoire poussé, jusqu'à un interrogatoire
d'une durée de 96 heures, sans s'arrêter et où
plus de dix interrogateurs se relayaient, sans pourtant obtenir
un quelconque aveu. Le Shabak a dû demander l'intervention
de son responsable Avi Dekhter, qui a commencé lui-même
à l'interroger. Mais Hussam est resté solide face
à toutes les méthodes utilisées. Il fut ensuite
transféré à la prison d'al-Jalama, pour une
période de quatre jours, qui furent également très
éprouvants, les moyens étant les mêmes sauf
en ce qui concerne la pression psychologique. Puis il fut de nouveau
envoyé à Petah Tikva. Ensuite à la prison secrète
qui porte le chiffre 1391, et dans cette prison, les interrogateurs
ont exercé, à l'abri du regard, toutes formes de torture
sauvages, étant donné qu'il s'agit d'une prison qui
n'est pas sous le contrôle de la direction des prisons israéliennes,
et où les interrogateurs exercent un interrogatoire militaire,
le prisonnier ne pouvant même pas savoir l'identité
de l'interrogateur pendant toute la période où il
se trouve dans cette prison.
Après l'interrogatoire, le député Hussam Khadr
a été transféré à plusieurs prisons,
dont Ramlé, Bir Saba', Haddarim, Shatta, pour revenir à
Bir Saba'. Dans toutes ces prisons, Hussam a connu l'isolement dans
des cellules dépourvues de toutes les possibilités
de vie humaine.
Des accusations mais
Le tribunal militaire a accusé Hussam Khadr de plus de dix
accusations, parmi lesquelles le fait de faire partie d'une organisation
ennemie, telle que cela est décrit dans le chef d'accusation,
qu'il est également en relation avec des forces ennemies
à l'étranger, qu'il a reçu de l'argent pour
mener des opérations militaires pour le compte des Brigades
d'al-Aqsa. Et malgré toutes les accusations dont il est faussement
accusé, il n'a reconnu aucune, et c'est pourquoi les interrogateurs
ont essayé d'obliger d'autres prisonniers d'avouer leurs
relations militaires avec Hussam Khadr, mais les témoins
ont renié leurs aveux pour lesquels ils avaient été
contraints, au cours de la dernière séance du tribunal.
Le comité populaire
Il fallait bien qu'un comité puisse prendre en charge la
campagne de soutien au député Hussam Khadr, et ce
fut la naissance du comité populaire de solidarité
avec le député Hussam Khadr et les prisonniers palestiniens,
au cours d'un rassemblement populaire auquel ont participé
des représentants de toutes les formations et institutions
populaires et civiles.
Tayseer Nasrallah, membre du conseil national palestinien, et coordinateur
du comité explique qu'il s'agit d'un comité populaire
qui regroupe des membres des deux conseils, national et législatif,
des personnalités et des hommes de religion, des cadres féminins,
des universitaires, des gens des médias, des avocats, des
membres des institutions juridiques et des représentants
des forces nationales et islamiques. Le comité a pour but
d'organiser la solidarité et de mener des actions de protestation
contre l'arrestation du député Hussam Khadr et de
tous les prisonniers qui se trouvent dans les prisons de l'occupation.
La solidarité n'est pas uniquement le fait des Palestiniens
de l'intérieur, mais elle est aussi celle des Palestiniens
de l'exil, au Liban, en Syrie, en Jordanie, en Europe, aux Etats-Unis,
au Canada, en Australie et dans d'autres parties du monde, car Hussam
Khadr, tout en étant membre du conseil législatif,
est l'une des personnalités dirigeantes les plus populaires
pour les réfugiés, il est président de l'un
des comités les plus importants de défense du droit
au retour et c'est le comité de défense des droits
des réfugiés palestiniens, qui s'est distingué
par ses attitudes claires et courageuses, et toujours actif pour
défendre les réfugiés et leurs droits.
Le comité s'est réuni pour la première fois
dans le bureau du député Hussma Khadr, dans le camp
de Balata, le samedi 22 mars 2003, jour de la naissance du comité.
Tayseer Nasrallah ajoute que le comité a mené plusieurs
activités de solidarité avec le député
Khadr au cours de l'année passée, dont un sit-in devant
le siège de la Croix-Rouge et la remise de pétitions,
l'organisation de rassemblements populaires, de manifestations de
protestations contre la politique des arrestations dans plusieurs
régions palestiniennes et ailleurs, ainsi que la publication
de tracts d'information sur les conditions des prisonniers, les
mauvais traitements qu'ils subissent dans les prisons. Il a indiqué
que le comité est parvenu à faire connaître
la situation des prisonniers dans les réunions publiques,
les rencontres, les journaux et au cours de la rencontre avec les
délégations officielles.
Privations
Umm al-Abed, mère du prisonnier Khadr, dit que c'est
la première fois que Hussam est prisonnier et qu'elle ne
peut le voir pendant un an, elle l'a aperçu une seule fois
dans le tribunal, plusieurs mois après son arrestation. Elle
poursuit: «Je me lève toutes les nuits, et je dirige
mes invocations pour que Dieu soit satisfait de lui, lui permette
de réussir, et c'est le fils le plus cher». Elle indique
qu'elle attend son jugement, heure après heure, pour qu'elle
puisse le voir, mais en regrettant de ne pouvoir le faire que de
loin, et que ses enfants ne puissent pas le saluer, ou entrer dans
le tribunal.
Sa sur Daad se rappelle la première fois qu'elle a
aperçu Hussam, cent dix jours après son arrestation.
Il sortait de l'intrrogatoire, les mains et les pieds durement attachés,
et là, elle a éclaté en sanglots, et a failli
se disputer avec le gardien.
L'absence de Hussam a des répercussions profondes sur les
enfants de Hussam. Ahmad s'était habitué à
se faire raconter tous les soirs une histoire par son père,
et il pleure parfois quand il a besoin de ses histoires. Daad raconte
qu'Ahmad se tient plusieurs fois devant la photo de son père
et se met à lui envoyer des baisers. Il se lève parfois
la nuit et dit: j'ai rêvé que j'ai joué avec
mon père ;
Quant à Amira, qui a neuf ans, elle se rappelle comment tous
les vendredis, leur père les emmenait en promenade et qu'il
leur achetait des jouets, alors qu'Amani, qui a 12 ans, elle a perdu
l'être à qui elle pouvait raconter tous ses secrets.
Le jour de la remise des diplômes est durement ressenti par
les trois enfants, car ils sont privés des cadeaux de leur
père, et il en est de même pour les jours de fête
;
Des attitudes héroïques
Tous ceux qui connaissent Hussam, le connaissent grâce à
ses attitudes politiques nationales qui n'ont pas changé
avec le changement des situations. Il a toujours été
celui qui appelait à assumer la responsabilité, disant: la responsabilité est sensation, sentiment, pensée,
disponibilité, don non la prétention d'un menteur
Elle est conviction et foi en un principe et un message, une capacité
à se vouer pour un but élevé et immense. Il
n'y a pas de plus élevé que l'homme palestinien, le
citoyen qui ploie sous les soucis, qui est enchaîné
par l'absence de loi, d'institution et de responsabilité
collective envers lui.. Il n'y a pas de plus immense que l'appartenance
à la patrie, la Palestine, la terre, l'histoire occultée
et occupée par des ennemis qui veulent nous ôter toute
lumière, nous empêcher de faire un pas, et c'est pour
cela que personne n'a le droit d'abandonner la dignité humaine,
ou un seul grain de la Palestine».
Hussam est l'une des plus personnalités les plus importantes
réclamant la nécessité de reformes dans l'Autorité
palestinienne, et la nécessité d'agir de manière
professionnelle dans les structures de la sécurité.
Il réclame de mettre chacun à sa place appropriée
et de demander des comptes à ceux qui manquent à leur
devoir au service du peuple palestinien. Il est l'un des critiques
les plus virulents contre les interventions étrangères
dans les affaires intérieures palestiniennes. Il dit: «la responsabilité nécessite d'activer les institutions
de notre autorité nationale palestinienne comme l'une des
réalisations matérielles les plus importantes de notre
peuple, de demander des comptes aux corrompus, de renforcer et de
maintenir l'esprit de la résistance légale contre
l'occupation».
Hussam est ainsi apparu comme un homme, un dirigeant et un défenseur
des droits des réfugiés. Il a critiqué toute
solution ne prenant pas en compte leur question, affirmant qu'elle
n'aurait aucun avenir, mais qu'elle ne ferait que susciter de nouvelles
tensions. Il mettait en garde contre le fait de ne pas écouter
les points de vue des réfugiés concernant les solutions
proposées et a considéré que l'occupation et
la corruption ne sont que les deux faces d'une seule monnaie.
En prison, Hussam n'a pas modifié ses opinions, mais au contraire,
la prison l'a rendu encore plus fort et plus ferme, plus capable
de porter la responsabilité et d'exprimer les soucis des
détenus et de défendre leur cause. Il faisait état
de la situation catastrophique des prisonniers par l'intermédiaire
de son avocat Riad al-Anis. Il insistait sur le fait que tous les
prisonniers et les détenus dans toutes les prisons et les
centres de détention israéliens vivaient des conditions
de détention insupportables, et demandait l'intervention
des institutions internationales pour sauver la vie des prisonniers,
ainsi que celle des institutions populaires pour les aider. Il avait
lancé un appel au gouvernement d'Abu Mazin et ensuite au
gouvernement d'Ahmad Qorei' de faire de la question des prisonniers
une priorité, disant: le gouvernement palestinien ne doit
pas signer d'accord avec Israël qu'après la libération
de tous les prisonniers et prisonnières».
Quant à l'accord de Genève, Hussam Khadr l'a considéré
comme une atteinte claire aux constantes palestiniennes, et notamment
en ce qui concerne la question des réfugiés, disant: cet accord ne représente pas la position des réfugiés,
mais plutôt celui de ceux qui l'ont signé, uniquement,
il représente un recul net vis-à-vis des décisions
des conseils nationaux» et a appelé à ce moment
à faire échouer et à résister contre
cet accord, à refuser de le signer et de s'accrocher aux
constantes nationales et aux droits du peuple palestinien.
L'arrestatoin pour des motifs politiques
Tayseer Nasrallah, membre du conseil national et coordinateur du
comité populaire de solidarité avec le député
Hussam Khadr et les prisonniers palestiniens voit que cette arrestation
est une arrestation politique et est une violation flagrante de
l'immunité parlementaire dont jouit tout membre du conseil
législatif.
Concernant la personnalité de Khadr, Tayseer Nasrallah affirme
que la vie et les conditions dans lesquelles a vécu Hussam
ont forgé sa personnalité, ajoutant: «Hussam
a vécu avec le Fateh depuis sa plus tendre enfance, puis
il a mené sa vie d'étudiant, ayant un rôle distinctif
dans le mouvement de la jeunesse estudiantine, il a ensuite été
déporté hors de la Palestine, puis emprisonné,
tout ceci a forgé une personnalité capable de connaître
les sources des failles et comment les réformer.
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