Palestine


Une guerre contre les Palestiniens. http://www.monde-diplomatique.fr19 décembre 2001

C'est désormais de manière ouverte que M. Ariel Sharon récuse M. Yasser Arafat - président élu par les Palestiniens - comme partenaire. Sur le terrain, l'armée israélienne utilise tous les moyens de répression - blindés, hélicoptères et même F-16 - ainsi qu'un blocus sévère pour écraser les Palestiniens. L'élimination de l'Autorité palestinienne semble être le but stratégique du premier ministre israélien, qui proclame avec force que les accords d'Oslo sont la plus grande catastrophe qui soit arrivée à Israël. Le gouvernement israélien bénéficie, pour mettre en oeuvre cette politique, de la complaisance persistante de l'administration Bush, du silence de l'Europe, mais aussi de la passivité des régimes arabes.
La seconde Intifada, qui dure depuis septembre 2000, exprimait pourtant une revendication simple: mettre fin à l'occupation israélienne de la Cisjordanie, de Gaza et de Jérusalem-Est. Les Palestiniens demandent, comme M. Yasser Arafat l'a répété dans son discours du 16 décembre, la création d'un Etat indépendant, dans les frontières d'avant juin 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, aux côtés de l'Etat d'Israël.
Il est vrai que les dossiers en suspens (statut final et frontières, colonies, Jérusalem et statut des Lieux saints, droit au retour des 3,6 millions de réfugiés palestiniens, eau), sont complexes, comme l'ont montré l'échec des négociations entre le gouvernement de M. Ehoud Barak et l'Autorité palestinienne en 1999-2000. De profondes divergences séparaient les deux parties, mais des progrès sensibles avaient été accomplis, notamment lors de la rencontre de Taba en janvier 2001. Ces avancées restent la seule base sur laquelle pourrait s'esquisser une solution politique. Sinon, la région risque de sombrer dans un affrontement sans fin. Le peuple palestinien d'abord, mais aussi le peuple israélien paieront un prix terrible pour cette folie.
L'impasse dans la solution du conflit israélo-palestinien - marquée aussi par le gel des négociations entre Israël et la Syrie - coïncide avec l'accession au pouvoir en Jordanie, en Syrie, à Qatar, et demain en Arabie saoudite ou en Palestine, d'une nouvelle génération de dirigeants. Une page se tourne au Proche-Orient confronté à des défis économiques, politiques et sociaux sans précédent. Dans ce contexte, une nouvelle logique de guerre est-elle possible ? Assiste-t-on à un effondrement de ce que l'on a appelé " le processus de paix " ? Un conflit religieux va-t-il remplacer l'affrontement politique entre Arabes et Israéliens

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