L'Argentine et impérialisme suisse
Charles-André Udry
L'échec de l'élève modèle du FMI et la rébellion populaire en marche en Argentine sont l'occasion de décrire la présence de l'impérialisme suisse en Argentine. Pour celles et ceux qui croient que la Suisse est «fermée», il est utile de connaître comment banquiers et industriels placent leurs pions sur la planète. La mondialisation du capital est un processus concret.
La présence du capital suisse en Argentine est ancienne. Aux côtés du Brésil, du Mexique, puis du Chili, l'Argentine est un des pays de la périphérie où des secteurs significatifs de l'industrie, de la banque, des assurances helvétiques ont investi le plus depuis la seconde guerre mondiale.
Certes, au cours des vingt dernières années, les pays du Sud-Est asiatique - et actuellement la Chine - sont devenus un autre centre de gravité pour ce qui est des investissements dans les pays de la périphérie. Par contre, la crise en Indonésie a déstabilisé les avoirs du capital helvétique qui s'étaient régulièrement développés sous la dictature de Suharto, particulièrement depuis les années 1972-73.
Dans les milieux d'affaires suisses, le coup d'Etat militaire argentin de 1976 a été bien reçu. La seule lecture de la Neue Zürcher Zeitung de l'époque le démontre. La politique économique de la dictature militaire - celle des généraux qui se succèdent: Jorge Rafael Videla, Roberto Viola, Leopoldo Fortunato Galtieri, et enfin Reynaldo Bignone qui marque la crise ouverte de la junte militaire après la guerre des Malouines en 1982 - représente une première étape dans l'ouverture libérale et la désindustrialisation de l'Argentine.
epuis 1983, la politique du radical Raoul Alfonsin Foulkes poursuit la même tendance. L'arrivée au pouvoir, en 1989, du péroniste Carlos Saul Menem va aiguiser la contre-réforme néolibérale. La dernière phase d'expropriation du pays commence; l'endettement extérieur constitue un bras de levier pour les privatisations et, simultanément, est le résultat de l'application du «modèle» néolibéral.
Un modèle soutenu par les entreprises suisses et leur porte-parole politique actuel: Pascal Couchepin.
Une «mission économique» suisse s'est rendue au Chili et en Argentine du 19 au 25 novembre 2000. Comme l'indique le communiqué de presse du Département fédéral de l'économie: «La mission, intervenant dans les deux pays sud-américains parmi les plus avancés dans la restructuration et l'ouverture de leur économie, témoigne de la volonté de la Suisse d'intensifier ses échanges avec cette région. La participation d'entrepreneurs permettra de concrétiser le dialogue avec des partenaires de longue tradition et d'explorer de nouveaux champs de collaboration industrielle.»
Effectivement, l'Argentine était parmi les plus avancés dans la «restructuration et l'ouverture de [son] économie»:c'est ce que les chômeurs argentins, les salariés paupérisés, les classes moyennes expropriées savent fort bien. Avec leurs casseroles (pour beaucoup vides), ils envoient un message aux «amis argentins» de Monsieur Couchepin.
Le mentor de Pascal Couchepin, lors de ce voyage - comme au cours d'autres - était Andres F. Leuengerber, président d'economiesuisse, la Fédération des entreprises suisses. Andres F. Leuengerber vit dans la banlieue chic de Bâle: à Riehen.
Lors de ce voyage en Argentine, Leuenberger était au conseil d'administration de SAirGroup (qui tout seul s'est écrasé, à la différence d'Aerolineas Argentinas qu'Iberia a jeté dans le fossé) et à la tête du conseil d'administration de Givaudan Roure (multinationale sise à Vernier, contrôlée par Roche, spécialisée entre autres dans les arômes). Il siégeait aussi à la vice-présidence de Roche Holding, au conseil d'administration du groupe d'assurances Schweizerische Lebensversicherungs und Rentenanstalt. Avec Leuenberger, une vingtaine de représentants des principales branches de l'industrie s'assuraient que le «petit télégraphiste» Couchepin transmet, avec empressement, leurs messages. Entre autres, ceux concernant la protection des investissements, la propriété intellectuelle et la fiscalité (éviter toute double imposition).
Les investissements directs suisses
L'ouverture au capital impérialiste de l'Argentine se combine avec son déclin par rapport à d'autres économies du continent telles que celles du Brésil ou du Mexique. Néanmoins, l'Argentine reste en troisième position pour les investissements directs helvétiques dans la zone géographique allant du Mexique à la Terre de Feu.
Par investissements directs, on entend des investissements qui peuvent influer directement et durablement sur l'activité d'une entreprise. Cela implique que l'investisseur participe au moins à hauteur de 10 à 15% du capital d'une entreprise sise à l'étranger ou fonde une filiale ou succursale d'une entreprise suisse à l'étranger. Cette définition renvoie à la définition officielle adoptée par le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco) et par la Banque nationale suisse (BNS).
Les investissements directs suisses se dirigent dans l'ordre d'importance, au cours des quinze dernières années, vers le Brésil, puis vers le Mexique, et enfin vers l'Argentine et le Chili.
La répartition de ces investissements directs, fin 2000, était la suivante: 1,4% du total du stock des investissements directs suisses à l'étranger - qui, rappelons-le, vont prioritairement vers l'Union européenne (48%) et l'Amérique du Nord (25,2%) - résident au Brésil; 1,2% au Mexique; 0,5% en Argentine; et 0,2% au Chili
Le total du personnel employé dans des entreprises manufacturières ou de services contrôlées par le capital helvétique s'élève, fin 2000: à 13'300 en Argentine. Pour comparaison, 71'500 personnes travaillent dans des firmes suisses au Brésil, 27'400 au Mexique et 9500 au Chili.
Les transnationales suisses
Un rapide survol des transnationales suisses établies en Argentine donne toutefois une idée de l'importance qu'a constituée, y compris au cours des années 90, ce pays comme plate-forme d'investissements.
• Commençons par le secteur du ciment.Autrement dit, par Holcim, la société de Thomas Schmidheiny: La Fondation Schmidheiny distribue des prix pour adhésion complète aux thèses néolilbérales à des économistes et intellectuels; elle récompense les disciples de la Société du Mont-Pélerin. Holcim contrôle la société Corcemar SA à Buenos Aires. Elle est liée à la société Juan Minetti SA, productrice de ciment, béton, etc. Cette dernière réside à Malagueño, province de Córdoba. Juan Minetti (et donc Holcim) contrôle la société Hormix SA.
ans la chimie de la construction on trouve Sika Finanaz AG. sise à Baar (Zoug). C'est une multinationale présente dans 58 pays et contrôlée par la famille Burkard-Schenker. En Argentine, ce groupe contrôle Sika Argentina S.A.I.C.
• Passons aux banques. Le Credit Suisse Groupest implanté avec la Banco General de Negocios. Une représentation du Credit Suisse est installée à Buenos Aires à Av. Leandro N. Alem 855, Torre Alem Plaza, Piso 16, Buenos Aires. Pour servir les clients (ceux vraiment riches) qui veulent exfiltrer leur fortune et la faire gérer en Suisse, le Credit Suisse Private Banking est membre de la Chambre de commerce suisse en Argentine (Camara de Comercio Suizo Argentina). Le Crédit Suisse a des liens solides avec l'establishment argentin, de l'époque glorieuse d'Electrowatt..
United Bank of Switzerland(UBS) possède une représentation à Buenos Aires (Tucumán 1 Piso 16, Buenos Aires). Elle est liée à l'entité américaine UBS Securities LLC, sise à Delaware (Etats-Unis). Cela facilite certaines transactions dans un pays où le dollar était (quasi) la monnaie nationale et les Etats-Unis fonctionnaient comme aimant pour les capitaux argentins en fuite!
es banques «plus modestes» - mais certainement efficaces pour le rôle qui leur est dévolu: avant tout la fugue des capitaux qui était légalisée - sont implantées en Argentine. On y trouve la Banca del Gottardo(contrôlée par la Schweizerische Lebensversicherungs und Rentenanstalt) à l'adresse suivante: Carlos Pellegrini 1069 Piso 13, Buenos Aires. Cette base lui sert pour tout le Conosur. Piso 16, C1003ABD Buenos Aires) La Banca della Svizzera Italiana, sise à Reconquista 144 Piso 16, Buenos Aires), absorbée dans un premier temps par la SBS, est aujourd'hui gouverné par le grand opérateur international de la finance et des assurances qu'est Assicurazioni Generali (Italie). Cela a l'avantage de mêler la tradition helvétique (la place financière tessinoise) et les rapports étroits entre l'Italie et l'Argentine liés à la composante d'origine italienne de la population de ce pays. La Banque Hofmannde Zurich a une représentation en Argentine. Clariden Bank(siège à Zurich et contrôlée par le Credit Suisse Group) est présente avec Clariden Argentina, à Buenos Aires.
• La cousine de la banque est l'assurance. Pas de quoi s'étonner si les assurances helvétiques assurent les Argentins contre les risques (à l'exception de tous ceux qui découlent de la paupérisation). La Zurich Financial Services y est enracinée avec Zurich Argentina Compañía de Seguros S.A., sise à San Martín 442, Buenos Aires. Elle possède aussi Eagle Star International Life et Zurich Iguazu Com, sises à Buenos Aires. Sa branche de réassurance est établie avec Zurich Reaseguros (Buenos Aires).
La Schweizerische Rückversicherung Gesellschaft (géant de la ré-assurance où le Credit Suisse Group dispose d'une position de force) contrôle Suiza de Reaaseguros SA.
La Winterthur Schweizerische Versichererungs-Gessellschaft (aux mains du Credit Suisse Group) est représentée par la Winterthur International Argentina S.A. à Buenos Aires.
ans un domaine connexe, on trouve la SGS (Société Genérale de Surveillance), dont le siège est à Genève. Cette société opère comme contrôleur, dans le domaine de la qualité et de la quantité, du négoce mondial des matières premières, des produits agricoles, des biens d'équipement. Elle développe, depuis quelques années, ses activités dans le contrôle des véhicules (on se rappelle la proposition de lui confier le service des automobiles du Canton et de la République Genève) ou la certification de standards de communication, de commerce électronique. La SGS est un champ de bataille entre des familles fondatrices (Goldsttüch& Salmanowitz), l'ex-figure de proue de la frime: Elisabeth Salina Amorini, la famille allemande von Finck et la Schweizerische Lebensversicherung und Rentenanstalt. Le patron actuel, Max D. Amstutz, est un très vieil ami et collaborateur de la famille Schmidheiny. La SGS est installée depuis longtemps en Argentine avec SGS Argentina S.A., rue Moreno 2038, Buenos Aires, qui chapeaute deux sociétés: Itevaba SA et Iteveco SA.
• Examinons le secteur industriel de pointe en Suisse, la pharma et la chimie. Novartisest représenté par Novartis Argentina SA (Ramallo 1851, Buenos Aires); par sa société de génériques Novartis Generics (Autriche), le groupe guide la société Labinca SA à Buenos Aires. De plus, Novartis est aussi présent par le biais de Ciba Geigy Argentina.
Ares Serono, dont le siège est à Coinsins (Vaud), est propriété de la famille italienne Bertarelli qui vit à Chéserex (Vaud). Cette société s'affirme comme une puissance montante dans les médicaments dit de pointe. Elle possède: Laboratorio Serono Argentina S.A. à Buenos Aires (Thames 158, San Isidro Pcia.) et les Laboratorios Filaxis à Parana.
Rochedispose d'une société Productos Roche S.A qui produit du Redoxon, de la Supradyn, du Berocca (les vitamines nécessaires pour faire face à une crise), mais aussi du Lexotanil (utile pour résister à l'anxiété provoquée par la crise). Cette société dépend de la firme, contrôlée à 100% par Roche, Sapac Corp. Ldt..qui a son siège en Uruguay. C'est-à-dire dans la Suisse du Conosur où l'entrée de capitaux est aussi aisée qu'en Helvétie. Selon la presse uruguayenne, des millions de dollars arrivent tous les jours de l'Argentine après le 19 décembre 2001.
Givaudan(contrôlé par Roche) est installé à Munro sous la dénomination Givaudan Argentina.
ans la chimie, Sygenta (aux mains des vieilles familles bâloises Geigy, Iselin, Von Platta, Vischer...), spécialisée dans l'agrochimie, est présent sous le nom de Norvartis Agrosem et avec Zeneca SAIC.
Ciba-Spécialités chimiques est représentée par Ciba Especialidades Químicas S.A.
Firmenich, dont le siège est aux Acacias, Genève, appartient à la famille Firmenich. Cette firme est spécialisée dans la production d'arômes et de parfums. Elle détient la société Firmenich S.A.I.C.
e Suisse - où leur holding(société financière contrôlant d'autres) est fiscalement protégé - un groupe chimique comme Clariant AG (ayant comme actionnaire de poids: Aventis) est présent en Argentine. Il en va de même avec Merck - dont siège du holding est installé à Altdorf (Uri) - qui de façon comptable gère Merck Quimica Argentina. La présence en Argentine, par le biais de holding installé en Suisse, concerne des firmes telles que le Weleda (cosmétique, pharma, diététique: allemand) ou Pirelli (pneumatique, fibre optique: italien) et bien d'autres.
• Dans la branche des machines-outils et l'appareillage se profile le grand groupe helvético-suédois ABB(Asea Brown Boveri) avec Asea Brown Boveri S.A. (Buenos Aires). Par sa succursale américaine ABB Vetco Gray (Houston), ABB est aussi présent avec ABB Vetco Gray Argentina, ainsi que Danco Talleres Metalurgico SA (Buenos Aires). Enfin ABB est aux commandes de deux sociétés, en liaison avec Galileo la Rioja SA: ABB Medidores SA et ABB Elster SA, les deux ayant leur siège à Buenos Aires. Il faut y ajouter Tubio y Compania SA (Buenos Aires) qui, à son tour, contrôle Tubeco à Moron, Talleres Tubo à Haedo et Tubio Tucuman à Bella Vista.
Ascom(famille Mühler-Möhl) - qui fait dans l'alimentation électrique; la transmission de données avec réseau électrique; les systèmes de péage... - est établi en Argentine avec Ascom Argentina SA (Buenos Aires).
Bühler Holding SA de Uzwil (Argovie) - un des premiers fabricants au monde de machines pour l'industrie alimentaire - possède Buhler SA (Buenos Aires).
Endress+Hauser Holding (aux mains de la famille Endress de Reinach- BL), firme qui est, entre autres, active dans les appareils de régulation et de mesure contrôle Endress+Hauser Argentina (Buenos Aires)
Rieter Holding AG est un producteur connu mondialement de machines textiles et de pièces d'isolation sonore et thermique pour l'industrie automobile. C' est une firme où le groupe BZ (de Martin Ebner) et le Credit Suisse Group sont bien installés dans le capital. Rieter possède Rieter Automotive Argentina à Cordoba (un des sites de production de voitures en Argentine).
Schindler Holding AG est le deuxième constructeur d'ascenseurs et d'escaliers roulants au monde. Leur filiale: Ascensores Schindler S.A. (Buenos Aires).
SIG Société industrielle Suisse Holding est aujourd'hui une société axée sur l'emballage et les machines d'emballage. Dans certains secteurs, elle est en concurrence avec Tetrapack (le géant mondial de l'emballage) dont le siège social est à Pully (Vaud). SIG dispose d'une société: SIG Technologia para Plasticos à (Buneos Aires)
Sulzer possède la filiale Sulzer Argentina SA (Buenos Aires)
• Dans l'alimentaire, on trouve évidemment Nestléavec sa représentation centrale: Nestlé Argentina S.A., sise rue Carlos Pellegrini 887, Buenos Aires. La firme Nestlé est présente, outre toutes les sociétés qu'elle contrôle à l'échelle mondiale, avec des firmes telles que: Eco de los Andes (Buenos Aires); Galderma Argentina (produits cosmétique de L'Oréal, qui est contrôlé à hauteur de 50% par Nestlé) et Cargill SACI (à Saladillo). On trouve aussi Hero (dont le siège est à Lenzburg - AG) avec Hero Argentina SA.
Le holding FTR ont le siège social est à Neuchâtel et qui est aux mains du géant de la cigarette Philipp Morris International Finance Corporation (Etats-Unis), possède Kraft Suchard Argentina (San Luis), Massalin Particulares SA (San Luis)
• Enfin, si nous laissons de côté les transporteurs internationaux (Danzas, Kühne&Nagel), il faut mentionner deux grands courtiers. L'un Glencore, un des plus grands courtiers en commoditiesdont le siège est à Baar (Zoug), avec Oleaginosa Moreno Hermanos, Oleoginosa Oeste SA et Poysa Investments. L'autre, qui coule comme l'Argentine: André& Cie (Lausanne) avec Planta Cereal et La Plate Cereal.
La mobilisation impérialiste
epuis l'éclatement de l'Argentinazo, un souci se manifeste dans les pays dont les firmes ont le plus investi en Argentine, l'Espagne venant en tête. Cette préoccupation se réume sans difficulté: comment protéger les investissements effectués et récupérer les créances (les prêts). Les pays impérialistes, leurs transnationales (qui ont toujours une base dans un pays d'origine) et leurs institutions financières internationales ne sont pas prêts à accepter que, sous la pression d'une rébellion populaire, le gouvernement argentin cède et qu'il soit contraint d'adopter des mesures qui toucheraient les intérêts des investissements et des banques des pays impérialistes.
Ainsi, le Financial Times du 23 janvier 2002 écriit. «L'Argentine se trouvait, hier, mise sous une pression internationale renouvelée afin de protéger les investissements étrangers et les sociétés des retombées d'une dévaluation.»Les ministres des Finances des 15 pays de l'UE ont fait une déclaration dans laquelle ils demandaient fermement au gouvernement de Duhalde: «...d'adhérer aux principes d'une économie fondée sur le marché et d'éviter toutes mesures discriminatoires à l'encontre des investisseurs directs et des créditeurs.»
Les firmes impérialistes - dont les dirigeants ne cessent d'avoir le terme risque à la bouche pour justifier leurs revenus - s'opposent à une possible loi sur les faillites qui rendrait plus difficile pour les prêteurs de récupérer leurs créances.
Le chantage à un étranglement financier de l'Argentine et à un désinvestissement se fait aucune gêne. Emilio. Botin, de la dynastie des banquiers espagnols - n'hésite pas à affirmer: «Nous ne pouvons pas continuer à demander à nos actionnaires d'accepter des pertes en Argentine...». Les actions de Santander Central Hispano ont baissé sous les effets de l'Argentinazo. Il en a été de même pour l'autre grande banque de l'Etat espagnol: BBVA (Banco Bilbao Vizcaya Argentaria). Il est donc patent que le bien-être des actionnaires de ces banques passe avant la possibilité des femmes et des hommes, en Argentine, de se nourrir, d'avoir un emploi, de récupérer leurs petites épargnes. Pourtant, il ne fait pas de doute que SCH et BBVA - comme les banques suisses - ont, de fait, collaboré au saccage financier du pays et à la paupérisation de sa population.
La parité garantie au plan de la Constitution entre le peso et le dollar avait stimulé les prêts. Le risque de pertes par dévaluation était nul. Aujourd'hui, les banques prêteuses veulent être certaines de ne pas perdre dans le passage du dollar au peso(pesification): les avoirs en dollars ne seront accessibles aux Argentins que sous forme de pesos, avec une décote importante (d'au moins 40%). Cette «règle» ne doit pas concerner les banques impérialistes et leurs filiales clament banquiers et leurs ministres de finances. C'est un précédent inacceptable. Le gouvernement Duhalde fera tout pour les rassurer. Il a déjà nommé à la banque centrale, la semaine passée, Mario Blejer, un haut cadre du FMI, il y a encore quelques mois (23 janvier 2002).