Irak-Etats-Unis

Déclaration d'exilés irakiens

Stop the Bombs !
Contre la guerre de conquête et d'annexion américaine !
Non à la colonisation américaine de l'Irak !
Pour une véritable démocratie en Irak !

Lausanne, 20 mars 2003,sindbad40@yahoo.com

A nouveau, la population d'Irak subit des bombardements. Les missiles qui se sont abattus sur Bagdad, ce 20 mars 2003, ne sont que le début de bombardements massifs qui interviendront dans les jours à venir.

Cette population a déjà dû affronter les souffrances et les traumatismes de guerres horribles: la guerre Iran-Irak (1980-1988), la guerre du Golfe (1991), l'embargo criminel, l'extorsion massive de richesses au nom de la compensation pour l'occupation du Koweït par le régime dictatorial de Saddam Hussein, les bombardements permanents, avec leur intensification en 1998 (opération «Renard du désert») et depuis la fin 2002. Ce même peuple a subi les pires répressions de la part régime sanguinaire de Saddam Hussein. Les victimes de ce régime, les hommes, les femmes, les enfants, se trouvent aujourd'hui écrasées par les forces de sécurité répressives de Saddam Hussein et par les «bombes libératrices, intelligentes, démocratiques» de l'administration Bush.

Cette guerre a été soigneusement préparée, depuis bien avant le 11 septembre 2001. Déjà sous l'administration Clinton, la loi intitulée The Liberation of Iraq créait les conditions politico-juridiques pour une offensive militaire. Cela est trop souvent oublié. Sur cette lancée, tout un secteur de l'administration républicaine (qui, dès le début des années 1990, préparait les arguments en faveur d'un redéploiement militaire de l'impérialisme américain), le puissant lobby, implanté dans le gouvernement des Etats-Unis, de industrie d'armement (une industrie puissamment concentrée: Raytheon, Lockheed Martin qui finance une fondation appelée «Libération de l'Irak», Grumman…) et les dirigeants des grandes sociétés pétrolières ont comme projet de s'emparer de l'Irak, de ses réserves pétrolières, et demain d'autres pays de la région.

Cette guerre impérialiste meurtrière va démanteler le régime baassiste en place. En effet, il est socialement isolé, il repose sur un clientélisme et un système mafieux. Il est tout à fait improbable qu'une résistance réelle, populaire, se développe. Le clan mafieux de Saddam Hussein et les mercenaires de son appareil policier sont les seuls qui seraient susceptibles de résister. Mais ce genre de personnel peut changer de côté s'il pense pouvoir en tirer des bénéfices et maintenir son statut de profiteur parasitaire. 

La victoire de la machine de guerre américaine ouvrira la porte à un contrôle de style colonial sur l'Irak. Une autorité militaire est déjà prévue à cet effet. On est bien loin des promesses «démocratiques» de Bush. Au même rythme où le pouvoir dictatorial de Saddam Hussein s'effondrera, les déclarations démocratiques de Washington s'effaceront et prendra forme un nouveau pouvoir qui expropriera les peuples d'Irak de leurs droits sociaux, économiques et démocratiques. 

Après les bombes, après les victimes causées par les «frappes chirurgicales», des bombes «expérimentales», après les effets mortifères de la destruction d'infrastructure (électricité, eau) et des tonnes d'uranium appauvri, la victoire américaine inaugurera une ère nouvelle sur cette terre promise à un clan choisi, celui de l'industrie pétrolière, telle que ExxonMobil, ChevronTexaco, BPAmoco et pourquoi pas le français TotalFinaElf…

Le paradis promis par Bush aux Irakiens sera, en fait, un protectorat sous administration militaire. A sa tête devait se trouver le seigneur de guerre: le général Tommy Franks. Une équipe pour ladite administration civile de l'Irak a déjà été nommée par le Pentagone. Belle concrétisation du rêve démocratique ! L'Irak sera divisé en trois secteurs: nord, sud et centre. Une division administrative similaire à celle choisie, récemment, par Saddam Hussein, qui s'y connaissait en contrôle de population. Il n'est pas impossible que cette administration utilise, demain, les services d'agents du boucher Saddam Hussein. Ce qui intéresse en priorité les organisateurs du protectorat, c'est l'ordre… pour mieux exploiter les ressources de l'Irak et en faire une base stable pour leurs projets à venir.

Chaque secteur sera gouverné par une sorte de préfet. Nouvelle illustration de la conception démocratique de Bush. On connaît déjà la personne qui gouvernera le secteur du centre: Madame Barbara Bodine. Ironie de l'histoire, à la fin de la première guerre mondiale, lorsque l'impérialisme anglais a construit un Irak à son service, il nomma Madame Gertrude Bell, afin de mettre en place l'Etat monarchique irakien, fidèle serviteur des intérêts britanniques.

Le général Jay Garner sera placé à la tête de l'Office of Reconstruction and Humanitarian Assistance. Garner est un proche de Donald Rumsfeld. Il est très lié au lobby israélo-américain ultraconservateur. Il a soutenu sans réserves, avec une centaine d'autres militaires, la politique de répression de l'armée israélienne, la présentant comme tout à fait «raisonnable» face au «terrorisme»  de la deuxième Intifada. De plus, Garner est lié à l'industrie d'armement (SY Technology en Californie) et et il a été partie prenante de la mise en place en Israël du système de défense antimissile Arrow. Si l'on ajoute à cela les contrats déjà signés, sous le contrôle du Pentagone, pour ladite reconstruction de l'Irak - contrats qui distribuent des centaines de millions de dollars à des firmes comme Bechtel (à la tête de laquelle on trouvait Caspar Weinberger, George Schulz, John Major, etc.) ou comme Kellog Brown & Root, une filiale d'Halliburton, dont Dick Cheney était le vice-président de 1995 à 2000 - on voit que se met en place en Irak un protectorat clientélaire impérialiste, qui cherchera quelques partenaires juniors irakiens. Encore une fois, quel fossé entre la terre promise démocratique de Bush et la réalité d'un Irak géré par les Etats-Unis et leurs serviteurs locaux.

Face à cette situation, assez rapidement, la population d'Irak sera confrontée à la nécessité et au droit de choisir son destin. Elle n'acceptera par le hold-up pétrolier. Elle réclamera un pouvoir démocratique. Un nouveau mouvement national de libération va renaître ; l'histoire de l'Irak ne sera pas effacée de la mémoire du peuple par des généraux à la Tommy Franks, à la Jay Garner ou par des escrocs à la Chalabi. 

L'impressionnant mouvement anti-guerre international va se solidariser avec cette lutte qui sera dure et longue. Elle va s'intégrer à un combat internationaliste de toutes les forces qui s'opposent à la domination planétaire de l'impérialisme américain et des impérialismes européens, qui ont déjà annoncé leur disponibilité à participer à cette prétendue «reconstruction» de l'Irak (déclaration de Dominique de Villepin, ministre des Affaiares étrangères de France). En réalité, peut prendre naissance en Irak un mouvement d'émancipation nationale et sociale qui se doit de rejoindre les revendications des peuples de la région, entre autres celles des Palestiniens et des Kurdes,  mais aussi celles des peuples opprimés par des régimes qui ont, une fois de plus, montré leur lâcheté face aux diktats de leurs maîtres impériaux.

La mondialisation du capital, qui traduit la violence avec laquelle s'impose le pouvoir des transnationales, prend aujourd'hui une forme de mondialisation armée. Cela exige un mouvement internationaliste qui ne lutte pas seulement aux côtés des peuples opprimés, mais qui mette en question toutes les formes de discrimination, d'oppression, d'exploitation à l'échelle planétaire.

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