Irak-Etats-Unis 32 milliards de dollars La diplomatie américaine compte aussi en espèces sonnantes et trébuchantes Jean-Louis Doublet L'information publiée ci-dessous fournit une image des "négociations" qui s'effectuent entre la Turquie et les Etats-Unis avant que l'administration Bush lance sa guerre contre le peuple irakien. Ses bases en Turquie sont déjà utilisées et ce depuis des années. La débat porte sur l'ampleur de la présence de troupes américaines qui s'engagerait dans l'opération militaire contre l'Irak Toutefois, il faut souligner que les troupes truques sont déjà fortement présente dans le Nord de L'Irak comme la montré la BBC-Worl. En outre, la profondeur de la crise économique en Turquie, avec ses potentielles conséquences politico-sociales, est aussi un élément qui pousse les gouvernants turcs et les militaires d'Ankara - clé de voûte du système - de négocier au mieux avec le pouvoir américain. réd Les Etats-Unis n'hésitent pas à épauler leur diplomatie d'arguments sonnants et trébuchants, comme le montrent les négociations avec Ankara sur une aide économique en échange de l'utilisation du territoire turc par les troupes américaines pour lancer une offensive en Irak. Pour la Turquie, "on parle de 32 milliards de dollars. C'est quand même une somme assez importante quand vous songez que, depuis la signature des accords de Camp David (en 1978, entre Israéliens et Egyptiens sous l'égide des Etats-Unis), Israël et l'Egypte ont reçu à eux deux environ 50 milliards de dollars", souligne Youssef Ibrahim, expert sur le Moyen Orient auprès du Conseil des relations internationales à New York. Les Etats-Unis ne font pas mystère de la force de l'argument financier dans leurs relations avec les pays étrangers.L'ouverture récente d'une base américaine à Djibouti s'est accompagnée d'une aide financière. La vente récente à la Pologne de chasseurs américains F-16, qui étaient en concurrence avec des avions européens, s'accompagne aussi d'un "paquet d'investissements compensatoires", les sociétés américaines garantissant des investissements globaux de 6 milliards de dollars. La presse américaine a également rapporté qu'à l'automne 2001, alors que les Etats-Unis préparaient leur offensive contre le régime des talibans soupçonné de soutenir l'organisation terroriste Al-Qaïda, des émissaires américains se sont rendus en Afghanistan avec des valises remplies de dollars pour s'assurer le soutien des chefs des tribus du pays. Mais les demandes turques et les réticences américaines à les satisfaire soulignent les limites de la diplomatie du dollar. Alors que l'administration Bush comptait sur ce pays, membre de l'Alliance atlantique, comme base territoriale pour une offensive sur le nord du territoire irakien, l'ampleur de ses exigences financières remettent ce plan en question. Le porte-parole de la Maison Blanche a tenté jeudi 20 février de minimiser les conséquences d'un éventuel maintien par Ankara de son refus. "La Turquie joue un rôle, la Turquie a déjà autorisé les Etats-Unis à moderniser certaines bases aériennes et d'autres bases dans la région. La Turquie continuera de toutes les manières à jouer un rôle. La question est l'importance de ce rôle", a déclaré Ari Fleischer. Mais, selon Youssef Ibrahim, l'importance des demandes financières turques cache aussi des arrières pensées: "L'opinion publique turque est positivement contre la guerre, il y a un gouvernement islamique qui fait face à 95% des électeurs qui disent non, il y a aussi une crainte assez importante que les Kurdes irakiens créent un Etat autonome et que cela tente les Kurdes turcs", indique-t-il. "Il y a aussi un petit chantage sur les champs pétroliers de Kirkouk (dans le Kurdistan irakien) dont les Turcs aimeraient pouvoir tirer des revenus", ajoute cet expert qui dirige également l'Energy Intelligence Group, un institut spécialisé dans les questions pétrolières. Le ministre turc des Affaires étrangères a reconnu que l'argent n'était pas le seul thème des négociations avec Washington. "L'argent est l'une des mille questions que nous abordons. Nous ne nous livrons pas à un marchandage", a souligné M. Yasar Yakis. Selon des sources diplomatiques, les Turcs auraient demandé à pouvoir progresser de 150 kilomètres en territoire irakien en cas d'offensive américaine pour s'implanter dans le Kurdistan irakien et y débusquer les militants du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK). "L'armée turque est la seule qui peut trancher dans cette affaire et si elle tranche c'est un peu un sabotage de l'idée d'une démocratie turque", estime Youssef Ibrahim, pour qui "l'armée ne peut adopter une stratégie" qui irait à l'encontre de la volonté du gouvernement et du parlement.
(AFP - 21 février 2003)
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