Irak-Etats-Unis


Mouvement pour la socialisme (MPS)

Stop the war!

15 février 2003

L'administration américaine de Bush veut la guerre. Elle tient à ce que l'Irak devienne une colonie de TexacoChevron et ExxonMobil. Elle désire renforcer le contrôle de la puissance impérialiste des Etats-Unis sur tout le Moyen-Orient et sur l'Asie centrale, cela dans le sillage de la guerre en Afghanistan.

Dans l'hebdomadaire Welt am Sonntag (9 février 2003), Henry Kissinger, un intime des puissants des Etats-Unis, écrit: «Aucun gouvernement qui s'est entretenu avec le Président Bush ou ses conseillers, depuis que la résolution 1441 de l'ONU [devant soumettre l'Irak à une inspection sans limites des sites militaires et civils] a été votée en novembre 2002,ne pouvait avoir le moindre doute que dans un délai de quelques mois les Américains annonceraient une violation substantielle [qui justifie donc une action militaire] de cette résolution...»

Dans le même hebdomadaire, le général Wesley Clark - ancien patron de l'OTAN qui a dirigé la guerre en Yougoslavie - est encore plus net. Il affirme: la décision d'envahir l'Irak a été prise déjà en fin 2001; une administration militaire américaine sera mise en place au moins durant deux ans en Irak; les cibles futures seront la Syrie, puis l'Iran.

La propagande de l'autocratie

Ce n'est pas de la science-fiction. C'est une façon, toute militaire, de décrire les projets impérialistes des cercles dirigeants des Etats-Unis. Autrement dit, pour eux le déploiement des inspecteurs de l'ONU devait servir de paravent et de justification à la préparation de l'invasion puis de l'occupation de l'Irak.

Toutefois, au cours des dernières semaines, la propagande mensongère de Washington et de Londres s'est dégonflée.

Le gouvernement de Tony Blair copie sur Internet un mémoire d'un étudiant de Californie, datant de 1991, pour le présenter, le 30 janvier 2003, comme «preuve du danger pour le monde»des armes de Saddam Hussein ! Tout le cynisme des discours de Blair est ici résumé. Powell, devant l'ONU, le 5 février, fait les louanges de ce document britannique ! S'éclairent ainsi la vraie nature de ce personnel politique comme celle des intérêts qu'il représente.

D'ailleurs, Colin Powell, dans ses Mémoires (My American Journey, Ed. Mass Market Paperback, 1996), avoue que l'Etat-major américain avait envisagé, en 1991, lors de la Guerre du Golfe, de bombarder des barrages en Irak. Cela aurait conduit à inonder Bagdad, avec ses 4 millions d'habitants ! Le chef des armées américaines - que la conseillère fédérale social-démocrate Micheline Calmy-Rey a trouvé «si sympathique»lors de sa rencontre avec lui à Davos - a dirigé le bombardement de quatre des plus importantes stations de pompage d'eau d'Irak. Ce qui a conduit à un désastre sanitaire (eau polluée): des milliers et des milliers d'enfants sont morts d'infections gastriques.

Voilà les «dirigeants du monde» qui prétendent «défendre la liberté et la démocratie». Combien de personnes peuvent leur accorder un milligramme de confiance ? De moins en moins.

Des millions et des millions de citoyennes et citoyens ne croient plus ces serviteurs politiques et militaires des vrais maîtres de la planète: les quelques milliers de grands groupes financiers et industriels qui disposent d'une influence déterminante sur les choix des gouvernements et institutions internationales. Ce sont eux qui instaurent l'autocratie du Capital, qualifiée frauduleusement de «mondialisation démocratique».

Une vaste prise de conscience

L'ample mouvement international contre une escalade massive de la guerre en Irak - car l'Irak est, déjà, tous les jours bombardé - traduit une double prise de conscience.

• Tout d'abord, cette guerre contre l'Irak est un élément d'une politique de subordination des peuples des pays dominés (tiers-monde) pour mieux contrôler leurs ressources naturelles comme le fruit de leur travail et nier leur droit à une autodétermination sociale, économique et politique.

• Ensuite, ceux et celles qui dirigent ces projets impérialistes sont les mêmes qui, dans les pays développés:
licencient des milliers de travailleurs et travailleuses;

organisent une guerre concurrentielle entre les salarié·e·s d'un pays et d'un autre, au nom de la compétitivité, avec comme but: la baisse des salaires, l'augmentation de la précarité de l'emploi, le stress accru au travail;

privatisent les services publics et attaquent la sécurité sociale;

rendent l'école plus sélective socialement, etc.

Stopper la guerre et se réapproprier l'avenir

Stopper cette guerre est donc décisif aux plans éthique et politique. Il faut sauver des dizaines de milliers de vies. Notre mobilisation en Suisse est aussi un soutien aux centaines de milliers de citoyennes et citoyens américains qui ne croient plus dans la démagogique «croisade antiterroriste» de Bush et veulent stopper cette guerre.

Les mobilisations d'aujourd'hui et de demain sont un signal fort donné pour agir, sur la durée, contre des guerres «planifiées» ayant pour but d'accroître l'hégémonie de la plus grande puissance impérialiste du moment: les Etats-Unis.

Les manifestations d'aujourd'hui et de demain sont aussi une expression de la volonté de millions de personnes dans le monde de ne plus se laisser exproprier du droit de décider de leur avenir et de celui du monde.

Bush rejette toute alternative

Une question est souvent posée: Saddam Hussein n'est-il pas un dictateur et ne dispose-t-il pas d'armes de destruction massive ?

• Saddam Hussein est un dictateur. Son régime - celui du parti Baas - est un régime de terreur. Tout le monde le savait.Chirac, en 1974-1975, a tout fait pour aider Saddam Hussein: les richesses pétrolières étaient déjà convoitées. Les Etats-Unis (avec Donald Rumsfeld, l'actuel ministre de la «défense») ont armé Saddam Hussein au cours de la guerre meurtrière entre l'Iran et l'Irak, de 1980 à 1988. Le «socialiste» Mitterrand a fait de même. Les firmes suisses ont livré du matériel militaire à l'Irak de Saddam.

• Les inspecteurs de l'ONU, au cours de leur première mission (Unscom) ont détruit plus d'armes irakiennes que durant toute la Guerre du Golfe.

• L'ancien directeur de la première mission des inspecteurs de l'ONU en Irak, Rolf Ikeus, a indiqué que la double tâche de contrôle du non-réarmement de l'Irak et de destruction de possibles armements nécessite deux ans... et pas quelques semaines ! Washington le refuse. Car Bush cherche un prétexte pour envahir l'Irak.

• La résolution 1441 du Conseil de sécurité de l'ONU, permet de visiter les résidences privées de Saddam Hussein, sans avertissement et à n'importe quelle heure. Rien n'empêcherait l'ONU de prendre des mesures pour assurer des élections vraiment libres en Irak, dans un délai de temps raisonnable, en plus des inspections.

Pourquoi, les Etats-Unis rejettent une telle mesure ? Pourquoi aucun pays impérialiste ne la réclame ? Parce que le peuple irakien n'élirait pas un gouvernement qui servirait de valet aux Etats-Unis et accepterait de livrer les richesses de l'Irak aux compagnies pétrolières américaines, françaises, britanniques, russes...

• Des alternatives à la guerre existent, même dans le cadre des mécanismes prévus par l'ONU. Ainsi, le peuple irakien pourrait choisir librement son destin. Mais ce n'est pas ce que veulent les Etats-Unis et les puissances impérialistes. Elles désirent un gouvernement à leur service qui s'appuie sur une partie de l'armée de Saddam Hussein et sur des spéculateurs mafieux qui ont prospéré grâce à l'embargo qui a tué un demi-million d'enfants et a épuisé un peuple.

Des oppositions pétrolières

La presse s'étend sur les divergences entre Bush et le président français Chirac comme le chancelier allemand Schröder.

Cinq remarques à ce sujet:

Chirac et Schröder ne s'opposent pas à ce que l'Irak soit un protectorat et que son pétrole soit une ressource contrôlée par l'Occident. Leur opposition se limite à dire: Bush ne doit pas s'emparer de la totalité des avoirs pétroliers irakiens.

Si Schröder voulait entraver vraiment cette guerre, il devrait empêcher les Etats-Unis d'utiliser l'Allemagne comme la base militaire la plus importante, après l'Arabie saoudite, pour leur guerre.

Si Chirac ne voulait pas la guerre, alors il devrait utiliser son droit de veto de membre permanent au Conseil de sécurité de l'ONU: cet organisme des potentats permanents du monde. Mais, il prendrait alors le risque que TotalElfFina voie ses contrats irakiens annulés par Washington. Chirac le sait. Il sera prudent et faux-cul. Chirac devrait aussi retirer le porte-avions Charles-de-Gaule qui manœuvre déjà avec l'US Navy.

Quant à Micheline Calmy-Rey elle doit ouvertement proclamer que la Suisse ne laissera pas les Etats-Unis utiliser l'espace aérien helvétique. Voilà une initiative «humanitaire» concrète.

Enfin, une action internationale déterminée visant à assurer tous leurs droits légitimes aux Palestiniens concrétiserait ces dits projets de paix.

Ces simples remarques conduisent à une seule conclusion: il faut élargir la mobilisation contre la guerre. C'est la seule façon de contraindre les gouvernements à ne plus vouloir se risquer dans cette aventure criminelle. 15 février 2003

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