France PCF: un désastre annoncé Et maintenant? Yvan Lemaitre (Rouge, hebdomadaire de la LCR, 25 avril 2002) Comme le montre l'effondrement du PC [Parti communiste], la politique menée par ses dirigeants est un échec dramatique pour les travailleurs, comme pour le PC lui-même. Au soir du premier tour, Robert Hue ·commentait ainsi les résultats et son propre score: «J'éprouve tristesse et colère, non pas seulement en raison du faible score qui m'est annoncé -j'en suis profondément affecté, comme tous les communistes, mais c'est loin d'être ce soir pour moi l'essentiel.» Il y a là une pose commode pour minimiser la défaite du PC en la relativisant au regard du choc provoqué par la présence de Le Pen au deuxième tour. 3,39% des voix, c'est le score le plus bas de toute son histoire. Car pour les militants du PC -et plus largement pour tous les militants du mouvement ouvrier- il est nécessaire de comprendre les causes de la défaite de leur parti et la relation entre cette défaite et les points marqués par l'extrême droite et aussi par la droite. Robert Hue préfère dramatiser et se poser en victime pour masquer ses propres responsabilités dans une politique qui a désarmé non seulement les militants du PC, mais aussi l'ensemble des travailleurs en leur laissant croire qu'il y avait un espoir hors de leur mobilisation. Il accuse «l'abstention et le vote protestataire»: mais n'est-ce pas sa politique qui détourne ses propres électeurs? Le recul du PCF est l'aboutissement d'une longue déroute commencée lors des élections européennes de 1984. Le PCF passait alors de 15,3% des voix à 11,2%, sanction de sa participation au gouvernement Mitterrand. Depuis, c'est un recul constant que les facéties de Robert Hue ont été bien incapables d'enrayer. C'est une politique qui a perdu toute crédibilité. C'est là la cause de l'effondrement du PCF. De plus en plus nombreux sont les travailleurs qui pensent à présent qu'il n'était pas possible de défendre leurs intérêts tout en participant au gouvernement. Par sa campagne, Robert Hue les a convaincus lui-même en mettant en cause -à juste titre- le bilan du gouvernement auquel son parti participait. Il voulait convaincre qu'il pourrait faire demain ce qu'il n'avait pas réussi à faire durant les cinq dernières années: infléchir la politique social-libérale de Jospin. C'est une illusion dangereuse parce qu'elle présente des mesures antiouvrières comme des avancées. Cette défaite, c'est aussi la fin du parti issu du stalinisme, le constat de la «mutation» impossible engagée il y a deux ans par Robert Hue. Il s'agissait de faire de l'ancien parti stalinien un nouveau parti social-démocrate. Sauf qu'on ne crée pas un nouveau parti social-démocrate -pas plus, soit dit en passant, qu'un nouveau parti communiste- par la seule force de volontés réformatrices. La social-démocratie a entraîné le PC dans sa dérive social-libérale sans même lui laisser le temps de faire sa «mutation». De capitulation en capitulation, la direction du PC n'a plus qu'à se rallier au vote Chirac. Les dirigeants du PC sont en «dépôt de bilan» selon l'expression d'un de leurs députés. Aucun des expédients qu'ils pourront imaginer n'offrira la moindre perspective honnête aux classes populaires. Nous disons aux militants et aux sympathisants du PC: tirons les leçons de vingt années durant lesquelles le PC a été associé directement, et par deux fois, à la gestion des affaires de la bourgeoisie. Cette politique est un échec dramatique pour les travailleurs, comme pour le PC lui-même. De cette longue déroute, l'élément positif est que le désaveu de la politique de Hue se soit exprimé pour une large part par le vote extrême gauche, pour les candidats de deux organisations trotskystes. Il y a là une rencontre qui pourrait être féconde. Pour sauver le capital militant que représente encore une fraction du PC, il faut tirer les leçons des vingt dernières années, solder les comptes et rompre avec une politique qui a failli. Rompre, c'est-à-dire renouer avec les idées et principes de la lutte de classes pour, ensemble, créer un nouveau parti démocratique et révolutionnaire qui représente réellement le monde du travail.
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