France

Quelques thèmes de la plate-forme d'Olivier Besancenot sous le thème général de

«Nos vies valent plus que leurs profits !»

Site Internet: http://www.olivierbesancenot.org /

Interdiction des licenciements

Quand la Bourse va bien, les licenciements servent à faire grimper les actions. Quand elle va moins bien, il faut encore licencier. Après LU-Danone, AOM-Air Liberté et les 40000 licenciements du printemps, ce sont maintenant de nouvelles charrettes de suppressions de milliers d'emplois qui se préparent: à Alcatel, à Moulinex. Le transport aérien prend prétexte des attentats pour supprimer des emplois par milliers: 80000 aux USA et 15000 en Europe. Le gouvernement avait promis de tout faire pour aider les salariés de Moulinex. Mais il laisse fermer les usines et jeter à la rue les salarié / es dans une région déjà dévastée par le chômage. L'interdiction des licenciements par la loi est une urgence absolue. C'est aux salariés de disposer d'un droit de veto sur tout ce qui concerne leur avenir et du contrôle sur la situation réelle des comptes permettant de déterminer qui doit assumer le maintien de l'emploi et des salaires: l'entreprise, la branche, les donneurs d'ordre. Et si les actionnaires déclarent ne plus pouvoir payer, l'entreprise doit être mise sous contrôle public pour préserver l'emploi et les droits des salariées. Le droit à l'emploi passe avant le droit de propriété, avant la toute-puissance des actionnaires.

Un emploi, c'est un droit

Pendant la reprise, la baisse du chômage a été en grande partie due à l'explosion du travail précaire. Aujourd'hui qu'elle bat de l'aile, ces emplois sont les premiers menacés: fin des missions d'intérim et des CDD... Dans la fonction publique, les emplois jeunes et autres emplois "aidés" viennent pallier des manques criants d'effectifs. Il n'est pas possible de vivre en sursis: tous les emplois précaires doivent être reconvertis en emplois stables. De même le travail à temps partiel, imposé d'abord aux femmes, c'est du chômage à temps partiel avec un salaire minable et la perspective d'une retraite misérable: tous les temps partiels doivent être passés à temps pleins sur simple demande de la (ou du) salarié / e. Une réduction radicale du temps de travail, à 32 heures, voire 30 heures, par semaine, est urgente. Tant que le chômage existe, la réduction du temps de travail doit se poursuivre jusqu'au retour au plein emploi. La loi Aubry, comme son application dans la fonction publique, en calculant le temps de travail sur l'année, généralise la flexibilité, intensifie le travail et remet en cause les améliorations acquises au fil des luttes. A l'inverse, toute réduction du temps de travail doit s'accompagner de son équivalent en embauches, pour travailler toutes et tous, moins et autrement, avec moins de fatigue, de stress et d'accidents du travail.

La sécu: elle est à nous !

Le patronat veut remplacer la Sécurité sociale publique par le marché des assurances privées: seuls les riches se soigneront bien, les autres n'auront que le minimum. Le prétendu "déficit" de la Sécu provient du chômage depuis 20 ans. Quand celui-ci baisse (ces dernières années), il y a retour à l'équilibre. Pour assurer nos retraites, le maintien d'une santé publique de qualité, et des revenus décents aux chômeurs, il faut une politique de relance économique: augmentation générale des salaires, et donc des cotisations sociales ; créations massives d'emplois par une nouvelle réduction du temps de travail sans flexibilité ; non à l'entrée des assureurs privés dans la Sécurité sociale !

La retraite, c'est un droit

37,5 annuités pour une retraite à taux plein, c'est déjà beaucoup ! Les 40 annuités imposées aux salariés du privé par Balladur en 1993 empêcheront de nombreux salariés de bénéficier de cette retraite pleine. Non seulement il faudrait avoir commencé à travailler à 20 ans, mais en plus il faudrait avoir échappé au chômage et à la préretraite par plans sociaux pour jouir de ce droit. Lionel Jospin propose l'alignement des retraites fonction publique (37,5 annuités) sur celles du privé (40 ans). Au nom de "l'équité" bien sûr ! Mais justement, l'égalité et la solidarité exigent le contraire: 37,5 annuités pour tous ! Tous les salariés doivent pouvoir bénéficier d'une retraite pleine et entière à 60 ans.

Imposer une autre répartition des richesses

La logique de la spéculation boursière, de la course aux dividendes pour les actionnaires aboutit, aujourd'hui à un ralentissement de la croissance voire à une récession. L'argent qui alimente les grandes fortunes est très légalement volé sur la part des richesses qui revient aux salariés et à la population. Il y a 15 ans, quand 100 F de richesses étaient produits, 70 F allaient aux salariés et 30 aux actionnaires. C'était certes déjà injuste, mais ce rapport est aujourd'hui de 60 à 40. C'est pourquoi les 500 plus grandes fortunes ont augmenté de 450 milliards de Francs en un an alors que dans le même temps le nombre de ceux qui vivent des minima sociaux ou avec le Smic n'a cessé d'augmenter.

Jospin et Fabius en appellent au "patriotisme économique", c'est-à-dire qu'ils demandent aux salariés d'accepter de nouveaux sacrifices et multiplient les cadeaux aux patrons. Leur "plan de consolidation de la croissance", revient à continuer la politique qui l'a étouffée. C'est l'inverse qu'il faudrait faire. Il n'est pas acceptable que plus de 5 millions de personnes soient condamnées à vivre avec les minima sociaux, alors que près de 3 autres millions doivent se contenter du Smic.

Il n'y a qu'une seule mesure qui puisse relancer l'économie, en la mettant au service des classes populaires pour satisfaire les besoins sociaux, imposer la hausse générale des salaires, des retraites et des minima sociaux: 1500 F pour tous ! Ce n'est pas dans ce sens qu'agit le gouvernement. Il bloque les salaires des fonctionnaires et distribue une rallonge de la prime pour l'emploi pour 2001. Cette prime "électorale" vise à faire accepter le refus du patronat d'augmenter les salaires. L'Etat, une fois de plus, assume à sa place, paye pour lui. C'est inacceptable.

Fabius et Jospin nous disent aussi qu'ils vont diminuer les impôts. Mais cette diminution ne concerne pas la moitié de la population exonérée d'impôts par la faiblesse de ses revenus, et elle profite globalement aux plus privilégiés. Toute l'économie est une machine à fabriquer les inégalités, l'injustice. Là encore, tout marche à l'envers ! Pourtant, l'argent qui pourrait être investi pour mettre l'économie au service du plus grand nombre ne manque pas. Il faut d'abord en finir avec les mille et une subventions dont l'Etat arrose le patronat. L'impôt sur la fortune ne rapporte pas plus que la redevance télé, alors que les 15 plus grandes fortunes de ce pays représentent, à elles seules, le tiers du budget de l'Etat !

C'est là où il est qu'il faut prendre l'argent, en taxant les profits et les grandes fortunes. Oui, il faut remettre l'économie à l'endroit, au service et sous le contrôle du plus grand nombre !

Services publics accessibles à toutes et tous

Depuis 20 ans, les politiques libérales privatisent à tour de bras. Le gouvernement Jospin met les bouchées doubles, il a plus privatisé à lui seul que Juppé et Balladur réunis. Et il continue, aujourd'hui avec la Poste. Les services publics, quand ils ne sont pas purement et simplement privatisés, sont de toute façon de plus en plus soumis à la logique du marché. Les personnels sont de moins en moins nombreux, les bureaux de poste, les gares et les hôpitaux ferment. Ceux qui ont les moyens sont invités à se payer des services privés. Résultat: un service mini pour les usagers, et des profits maxi pour les actionnaires. Les besoins élémentaires comme la santé, l'éducation, l'eau, les transports ou l'énergie ne peuvent être soumis aux requins que sont Vivendi, TotalFinaElf, les trusts pharmaceutiques ou la Générale de santé. Il faut stopper cette logique qui fait de tous les aspects de notre vie des marchandises. Il est vital de faire avancer l'égalité sociale: par la gratuité des médicaments et des soins, la gratuité réelle de la scolarité ; un parc de logements agréables et pas chers ; pour l'écologie en développant des transports en commun non polluants, confortables et bon marché, ainsi que le ferroutage des marchandises ; de faire le choix de l'autonomie des femmes en construisant des crèches et en donnant les moyens aux centres pour la contraception et l'avortement. Ces exigences ne seront prises en compte que par des services publics échappant totalement à la loi du profit, sous contrôle des salariés et des usagers.

Pour une unification des droits sociaux et démocratiques en Europe

L'euro arrive, mais à quoi sert-il ? Depuis que la récession s'accélère, que le chômage remonte, les ministres européens ne font rien pour relancer une dynamique sociale et économique. Ils ne se réunissent que pour renforcer la police européenne, s'engager vers une armée, défendre les intérêts des multinationales européennes. C'est le contraire qui est urgent: construire l'Europe par les droits sociaux, des services publics européens, un développement écologiquement durable, une démocratie authentique avec respect des identités culturelles et nationales, avec des droits politiques indépendants des origines nationales. L'Europe de la finance, nous n'en voulons plus ! Le Pacte de stabilité, imposé par la Banque centrale et le traité de Maastricht, est un carcan dépassé. Par une action européenne coordonnée, nous proposons d'imposer aux chefs d'Etat un pacte social pour le progrès, la création de services publics (postaux, ferroviaires, télécommunications...), et une unification des droits sociaux en s'alignant sur les plus favorables aux salariés.

Un autre monde, solidaire et pacifique

Avec le mouvement social qui résiste en France comme à l'échelle internationale, nous défendons une alternative à la globalisation du libéralisme prônée lors des sommets des puissants, du commerce ou de la Banque mondiale (G7, OMC, FMI). Lever le secret bancaire, fermer les paradis fiscaux, taxer les mouvements internationaux de capitaux (taxe Tobin), c'est le meilleur moyen de réduire la fracture sociale mondiale, d'éradiquer la puissance des marchés financiers et des économies parallèles mafieuses, dont se nourrissent aussi les financiers de la terreur.

Annuler la dette du tiers-monde, déjà remboursée plusieurs fois aux banques privées et aux états riches: ce sont en effet les peuples qui en subissent le fardeau, détruisant les services publics, la santé, le simple droit à la vie. Défendre sans exception le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, notamment dans les dernières colonies françaises. Cesser de soutenir les régimes non démocratiques, en Afrique et ailleurs, qui servent les intérêts des multinationales du Congo à la Birmanie, pillent les ressources et développent la corruption.

Une vraie politique de gauche se devrait d'enclencher un mouvement mondial pour le désarmement nucléaire, l'arrêt des ventes d'armes qui attisent les conflits. Le nombre de pays disposant de la bombe atomique ne cesse d'augmenter. Il faut mettre fin à une politique de prolifération nucléaire menée par les grandes puissances. La "dissuasion" nucléaire ne protège personne: arme de destruction massive de populations entières, elle augmente au contraire les dangers qui menacent l'humanité. Les milliards que coûte le maintien de l'armement atomique seraient mieux utilisés pour les hôpitaux, l'éducation, l'aide au développement du tiers-monde.

Nous proposons que soit organisé un grand débat démocratique, conclu par un référendum pour le désarmement nucléaire de la France.

Pour un projet de société féministe

La loi sur la parité a mis en évidence les inégalités qui touchent les femmes dans le domaine politique. Mais cette avancée ne doit pas masquer les profondes inégalités sociales et économiques qui perdurent.

• L'inégalité la plus visible est celle qui existe entre les salaires des femmes et des hommes: cinq ans après l'embauche, l'écart de salaire mensuel avoisine les 26 %, exactement comme au milieu des années 1970 !

• Les femmes sont toujours les premières touchées par le chômage qui est plus structurel que celui des hommes. Elles forment 85 % des salariés à temps partiel et ce type de sous-emploi les transforme en travailleuses pauvres: 80 % des pauvres sont des femmes. Les femmes, autant que les hommes, ont le droit à un travail à temps plein et correctement rémunéré.

• L'Etat et les collectivités locales doivent mettre en place un service public et gratuit de la petite enfance: tous les enfants doivent pouvoir bénéficier d'une place en crèche ! Mais ce n'est pas suffisant: une campagne publique et massive d'incitation au partage des tâches domestiques devrait être initiée en lien avec les associations féministes, en même temps qu'une véritable réduction du temps de travail, pour donner aux femmes du temps libre et non pas, comme c'est actuellement le cas avec les 35 heures, du temps «disponible» pour le ménage, les courses, les enfants, le mari…

• Le sexisme ordinaire revient en force alors même que les médias sensibilisent l'opinion sur la question des violences conjugales. Pourtant les statistiques sont là: une femme sur dix est victime de cette violence, soit près de deux millions. Le problème des viols reste toujours aussi préoccupant. 70 % des viols le sont au sein de la famille.

• Une véritable politique en faveur des droits des femmes passe aussi par une politique de santé publique à la hauteur des besoins sociaux. Les modifications positives de la loi concernant l'avortement et la contraception sous la pression des mouvements féministes n'ont cependant pas levé tous les obstacles pour accéder pleinement à ces droits. Aujourd'hui, le manque de moyens pèse encore sur les délais et des femmes sont contraintes d'avorter à l'étranger pour ces raisons.

Ecologie: la Bourse ou la vie

La firme TotalFinaElf apporte la preuve à chaque catastrophe que la logique du profit menace l'environnement, la prévention et la sécurité sont sacrifiés pour diminuer les coûts et assurer les bénéfices déjà considérables des actionnaires: 50 milliards de F de profit pour l'année 2000. Avec l'«Erika», bateau hors d'âge, Total a pollué les côtes bretonnes, sans payer les dégâts, sans que les Parlements français et européens ne prennent de mesures législatives contre les armateurs et les pollueurs. Avec la catastrophe d'AZF à Toulouse, c'est l'irresponsabilité totale dans l'exploitation d'usines dangereuses: ses salariés, une ville et ses habitants sont sinistrés et comptent leurs morts et leurs blessés. Mais les pouvoirs publics laissent courir... Le gouvernement Jospin, avec les Verts, a montré la même incapacité que ses prédécesseurs de droite à prendre les mesures de protection indispensables, il est resté fidèle à la logique libérale, pourtant incompatible avec la protection de l'environnement et la sécurité publique.

Ainsi, pour une autre politique des transports et de lutte contre la pollution, il faut refuser les exigences du patronat routier, et investir dans le ferroutage et la mise en place d'un service public européen des transports.

Face à la production croissante d'organismes génétiquement modifiés, dans les mains des industries agro-alimentaires et des laboratoires pharmaceutiques, le principe de précaution maximal doit être respecté: les recherches et expérimentations en plein champ ne protègent pas contre une prolifération incontrôlée.

La France est le pays du monde le plus nucléarisé. En 50 ans, on n'a trouvé aucune solution face à la multiplication de déchets nucléaires qui resteront nocifs pour des dizaines de milliers d'années. En déployant des missiles sol-air autour de sites nucléaires devant la menace d'attentats terroristes, les autorités font un aveu de taille: la chute d'un avion de ligne sur le centre de retraitement de la Hague produirait une catastrophe des dizaines de fois plus dramatique que celle de Tchernobyl ! C'est maintenant qu'il faut faire des choix radicaux, comme dans d'autres pays européens, pour diversifier les sources d'énergies, et pour sortir du nucléaire avant que ce ne soit irréversible.

Rassembler pour construire ensemble une nouvelle force politique 100 % à gauche

Les mesures 100 % à gauche que nous proposons conduisent à une rupture avec le libéralisme et un capitalisme de plus en plus sauvage vis-à-vis des salariés et des populations. Mais rompre avec le libéralisme et le capitalisme, qui creusent les inégalités et plongent dans la détresse des millions de salariés, nécessite une mobilisation de grande ampleur des travailleurs et de la jeunesse.

Un "Mai 68" contre les licenciements et le chômage, pour redistribuer les richesses.

Depuis les grandes grèves de novembre et décembre 1995 pour défendre la Sécurité sociale et les retraites, des luttes, des grèves, des manifestations sur différents terrains, montrent qu'une grande partie de la population ne s'est pas résignée face à la loi du profit. Les grèves des Moulinex, des Lu récemment en sont une première illustration et posent la question de l'interdiction des licenciements. La mobilisation des sans-papiers également qui, en demandant une régularisation qui leur avait été promise par la gauche, dénonce la surexploitation du travail clandestin. Le mouvement des femmes pour défendre et étendre leurs droits, les contre-sommets face aux chefs d'Etat les plus puissants de la planète ou les institutions financières internationales, déplacent des centaines de milliers de manifestants comme à Gênes en juillet dernier, sont autant de signes qui ne trompent pas. Des forces sont disponibles pour changer radicalement la donne. D'ailleurs, depuis quelques années, l'extrême gauche, en particulier la LCR et LO, a fait quelques percées électorales comme lors des dernières élections municipales.

Voter "100 % à gauche" à la présidentielle comme aux législatives, c'est exiger des mesures immédiates pour changer la vie, c'est déposer un bulletin de vote pour encourager et développer les luttes sur ces mêmes terrains.

Nous avons proposé à Lutte ouvrière, et à sa porte-parole Arlette Laguiller, de nous présenter ensemble comme aux élections européennes de 1999. Notre proposition a été malheureusement rejetée. Notre candidat portera cette exigence d'unité, dans les luttes, comme de rassemblement des forces anticapitalistes et révolutionnaires. C'est pourquoi nous proposons dans toutes les villes et les entreprises de former des comités de soutien 100 % à gauche, de discuter autour des mesures pour une autre politique, de ne pas seulement voter mais aussi de s'engager plus activement. Car au-delà des élections, c'est bien une nouvelle force anticapitaliste, un nouveau parti qu'il faudra construire. Nous savons que sont nombreux ceux qui sont écœurés par les politiques menées par les gouvernements successifs et qui ne votent plus. Ceux qui sont profondément déçus de la gauche au pouvoir. Les jeunes qui ne voient pas l'intérêt de ces campagnes politiques pour changer leur vie. A tous ceux-là nous disons qu'il est possible tous ensemble de remettre ce monde à l'endroit.

 

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