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La mairie de Belgrade expulse les habitants des quartiers roms

Courrier de Serbie

Vendredi 3 avril, 28 baraquements illégaux du camp rom du Blok 67 à Novi Beograd ont été démolis pour faire place au chantier du village des Olympiades universitaires, qui auront lieu cet été à Belgrade. Après l’incendie du bidonville «Gazela», en février 2009, l’épisode du Blok 67 est un nouvel exemple du «dialogue de sourds» entre la communauté rom de Belgrade et les autorités communales. «Nous sommes roms. Nous aimons la Serbie mais nous voulons un toit !».

Vingt-huit baraquements rroms ont été démolis vendredi 3 avril 2009 à Novi Beograd. Les constructions illégales empiétaient sur le chantier de «Belville», le village de l’Universiade où la 25ème compétition internationale universitaire multisports aura lieu cet été.

Le chantier a commencé depuis un an. «Belville»: 16 immeubles, 1858 appartements 250.000 m² d’espace d’habitation et de bureaux. Du 24 juin au 15 juillet 2209, le «village» de 15 hectares accueillera 150 délégations de 45 pays.

«Nous les Roms, tout ce qu’on reçoit, c’est coups de pied au cul !», constate Nenad, 27 ans, coiffeur sans emploi. Le bidonville existe depuis une dizaine d’années. Beaucoup d’habitants sont des «personnes déplacées», réfugiés du Kosovo, ou des «réadmis», réfugiés rapatriés d’Europe occidentale. Ils peuvent être domiciliés à Belgrade ou à Zemun, ou bien à Niš ou à Vranje, dans le sud de la Serbie. Ou être sans domicile et sans papiers. Leur loyer peut s’élever à 30 euros par mois.

«Le petit Paris», comme l’appelle Nenad, n’a ni eau ni électricité. Pour avoir de l’eau chaude, il faut puiser l’eau dans la rivière, à une demi-heure de marche, la porter dans des bidons et la chauffer sur le feu, en plein air. Parmi les 28 baraquements rasés, 12 étaient habités. L’avis de l’Inspection communale de Novi Beograd avait été affiché la veille en début d’après-midi. Le lendemain à 6 heures, les bulldozers sont arrivés. La police a fait tampon. Les délogés ont installé une tente de fortune, posé les matelas à même le sol, et déroulé une banderole «Un toit sur nos têtes!»

Depuis une semaine, la commune de Novi Beograd ne sait que faire d’eux. Elle a proposé de placer temporairement les enfants dans un orphelinat, les vieillards et les malades dans des centres pour personnes âgées ou handicapées. La communauté rom à refusé. L’offre d’être relogés à Jakovo, à une trentaine de kilomètres de Belgrade, a aussi été refusée. «C’est trop loin, il n’y pas de travail. Et quand on vole dans les potagers, on se fait traiter de voleurs !»

Dans la nuit du 3 au 4 février, le bidonville «Gazela», sous le pont de l’autoroute, avait partiellement été détruit par un incendie. La mairie de Novi Beograd a annoncé sa fermeture d’ici fin août. Cette fois encore, les habitants seraient relogés loin du centre-ville.

La construction de «Belville» – Studenstki grad – est sur le point de s’achever. Les étudiants, sportifs (15 disciplines) et croyants (une chapelle est prévue pour les étudiants orthodoxes, catholiques, protestants, hindous, bouddhistes, musulmans et juifs), auront de quoi s’approvisionner. Au coin opposé du bidonville se trouve Delta City 67. 87.000 mètres², le plus grand centre commercial en Serbie inauguré en grande pompe en novembre 2007. On y compte 15 restaurants (plus les chaînes Mc Donald’s ou Kentucky Fried Chicken), 130 boutiques (Diesel, Mango, Nike, L’Occitane, Zara…), un supermarché «Super Maxi» et 8 salles de cinéma.

Le 8 avril 2009, qui était la journée internationale des Roms, les Roms du Blok 67 ont défilé dans les rues de Belgrade pour manifester leur mécontentement.

(10 avril 2009)

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