Irak

Raffinerie de pétrole à Bassorah

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«Les Forces occupantes doivent quitter le pays»

Discours prononcé par Hassan Jumaa Awad *à la Conférence internationale pour la paix
organisée à Londres par la coalition Stop the War, le samedi 10 décembre 2005

Au nom de Dieu le Miséricordieux, le Compatissant,
Chers amis, activistes contre la guerre et amis de la paix,

Permettez-moi de vous remercier chaleureusement pour votre invitation à me joindre à cette conférence contre la guerre et en faveur de la paix. Comme vous le savez, l'occupation de l'Irak est actuellement une des questions les plus importantes à l’échelle internationale. Je suis convaincu que des conférences de ce genre sont importantes et très utiles pour informer l'opinion publique des derniers développements dans le domaine des actions militaires des forces d'occupation.

Comme vous le savez aussi, nous vivons dans un monde dans lequel les forces  du mal  visent à dominer et à usurper les droits et la propriété. Pour que la paix puisse régner sur le monde entier, nous devons résister constamment contre ces forces du mal, unifier nos protestations et pratiquer la solidarité, car c'est l'unité des peuples qui intimide les forces du mal. C'est dans ce contexte que je vous transmets les salutations des travailleurs d'Irak, et en particulier celles des travailleurs du pétrole, qui, par leur résistance, ont malmené les forces du mal représentées par l'Amérique et ses alliés.

Ils ont résisté contre les forces d'occupation et les ont affrontées, les empêchant de s'approprier les installations pétrolières. Ils ont opposé une résistance aux compagnies étrangères. Les travailleurs du pétrole ont été les premiers à s'opposer à ces compagnies, en résistant aux firmes monopolistiques qui ont été introduites en Irak par l'Amérique [Etats-Unis] deux mois après le début de l'occupation, sous la protection des chars étatsuniens. La première action de notre syndicat a été d'expulser KBR [ c’est-à-dire le groupe Halliburton, dont l’un des dirigeants était Dick Cheney, le vice-président des Etats-Unis – voir ci-dessous l’évolution de l’action de Halliburton depuis le début de la guerre établie par Halliburton Watch] de nos sites pétroliers, marquant ainsi une victoire des travailleurs irakiens contre les forces du mal.

Chers Amis,

Notre syndicat a été reconstitué onze jours après l'arrivée des forces d'occupation à Bagdad, le 20 avril 2003. Toute une série de militants se sont attelés à cette tâche, rendue particulièrement ardue par l'état de chaos et d'insécurité prévalant dans le pays. Les principaux objectifs de la recomposition de notre syndicat étaient bien connus: le premier était de sauvegarder les droits des membres du syndicat alors que l'administration irakienne tombait sous le contrôle étatsunien. Le deuxième but était de sauvegarder l'appareil de production pétrolière, car le but de l'Amérique était le contrôle du pétrole de l’Irak. Si le syndicat s'est recomposé dans le secteur pétrolier, c'est donc parce que nous étions conscients des intentions américaines, puisque le pétrole était une des principales raisons de provoquer la guerre contre l'Irak.

Comme vous le savez, frères et sœurs, les réserves de pétrole de l’Irak sont considérées comme se plaçant au second rang, en quantité, à l’échelle mondiale. C'est pour cette raison que la guerre a été déclarée contre le pays des deux fleuves [Euphrate et Tigre].

Permettez-moi de dire quelques mots sur l'attaque vicieuse que les Etats-Unis et leurs alliés ont lancée contre notre cher pays, l'Irak. Les raisons invoquées face au monde pour entrer en guerre étaient d'abord que l'Irak posséderait des armes de destruction massive. Bush, ce criminel, a délibérément ignoré le fait que des commissions d'inspection (de l'ONU) avaient sillonné l'Irak du Nord au Sud depuis 1991 à la recherche de telles armes, sans les trouver.

La deuxième raison invoquée était la guerre contre le terrorisme, alors que Bush et l'administration étatsunienne savaient très bien où se trouvaient en réalité des bases du terrorisme. Nous disons donc que si la guerre a été déclenchée contre l'Irak, ce n'est pas pour ces raisons, mais pour celles que j'ai déjà mentionnées. Il faut ajouter qu'une des principales raisons était aussi que l'Irak constituait une menace majeure pour la sécurité d'Israël.

Nous connaissons, et tout le monde ici connaît, les véritables intentions américaines. L'Amérique est prête à annihiler le monde entier pour ses propres intérêts, et son intérêt dans ce cas est de contrôler le pétrole irakien et à conserver ces ressources à sa disposition.

Nous savons, frères et sœurs, que les objectifs de cette guerre sont très clairs: l'occupation militaire n'est que le premier pas, qui devrait être suivi d'une occupation économique. Les Etats-Unis ont détruit les infrastructures de l'Irak - écoles, universités, hôpitaux, usines, entreprises, et violé les droits humains. Parmi ces violations il y a également le fait de la Transitional Administrative Law [TAL: loi administrative transitionnelle promulguée par le proconsul des Etats-Unis, Paul Bremer] ne permettait pas la constitution de syndicats ou d'autres associations. Les politiciens américains et britanniques prétendent établir la démocratie en Irak, puisqu'il n'y avait pas de démocratie dans notre pays, qui vivait sous un régime dictatorial. Mais malheureusement, leur prétendue démocratie se traduit par le fait que des citoyens (irakiens) doivent s’arrêter chaque fois que passe une colonne militaire américaine ou britannique, de peur d'être tué. Comme tout le monde le sait, la voilà, leur démocratie. La TAL considère les manifestations comme un crime punissable par la loi.

Dans notre expérience, l'Amérique ne s'est pas montrée honnête dans quelque domaine que ce soit. De temps en temps, les Etats-Unis déclarent que la responsabilité pour la sécurité a été déléguée aux Irakiens, mais nous continuons à voir des forces d'occupation un peu partout. Nous sommes convaincus que l'Amérique crée de temps en temps délibérément des crises dans des régions qui sont un peu plus stables et sûres. La raison en est évidente: les crises justifient ensuite d'étendre la présence des forces d'occupation. Si la stabilité et la sécurité prévalaient, ces forces devraient partir. Or, l'Amérique ne veut pas se retirer maintenant, car elle n'a pas encore mené à bien son opération. En effet, la deuxième phase de l'occupation, à savoir l'occupation économique de l'Irak, n'est pas encore achevée. C'est la raison pour laquelle l'administration étatsunienne met en avant des projets économiques qui comprennent la privatisation des secteurs pétrolier et industriel, et le projet d'accord sur le partage de la production (PSA).

Depuis ce podium, j'aimerais clarifier les prises de position de notre syndicat, qui sont connues par le peuple irakien:

1) Les forces occupantes doivent quitter le pays immédiatement et sans conditions.

2) Nous nous opposerons fermement et résolument à tous ceux qui cherchent à manipuler la sécurité et le pouvoir du peuple irakien.

3) Nous condamnons les attaques terroristes contre notre peuple, et nous insistons sur l'importance de respecter les droits humains.

4) Nous donnons notre appui à la résistance honorable qui vise et frappe les forces militaires étrangères et vise à chasser les occupants.

5) Nous ne permettrons pas l'intrusion de compagnies étrangères (dans le secteur pétrolier) et la conclusion d'accords sur le partage de la production, et nous nous opposerons de toutes nos forces aux firmes monopolistiques telles Halliburton-KBR, Shell et d'autres.

6) Nous demandons aux forces patriotiques, au mouvement anti-guerre et aux amis de la paix, de soutenir notre syndicat dans sa campagne contre les privatisations et les PSA.

7) Nous exigeons l'annulation sans conditions des dettes (étrangères) de l'Irak, vu que ces dettes n'ont jamais bénéficié au peuple irakien mais ont servi le régime enterré.

En conclusion, je vous souhaite bonne chance et succès, et je me réjouis de vous rencontrer dans un Irak libre, démocratique et unifié, qui pourrait être un atelier pour tous les citoyens libres du monde. Je transmets encore mes remerciements et ma reconnaissance aux organisateurs de cette conférence.

Que la paix et la miséricorde de Dieu et les bénédictions soient avec vous.

* (Hassan Jumaa Awad est le président du Syndicat Général des travailleurs du pétrole à Bassorah). Ce discours a été traduit en langue anglaise de l'arabe. La version originale se trouve sur le site du syndicat général des employés du pétrole de Bassorah.


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