UE- «libre circulation»

 

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Des maçons polonais payés 4 euros l'heure

Alexandre Nasri *

«On» attend toujours les décisions concrètes concernant les «mesures d’accompagnements» suite au vite su la libre circulation du 25 septembre. Pendant ce temps, la vie et le travail, en France, de «maçons polonais», bien réels ceux-là, illustrent les pratiques de «dumping salarial» et la férocité de l’exploitation dans une Union européenne élargie et dérégularisée. A méditer. Réd.

En rejetant la Constitution européenne, les opposants au projet voulaient faire barrage au «plombier polonais». Las. Ils n'ont pas arrêté le maçon de Varsovie. Ce week-end à Marseille, la brigade financière a mis au jour les activités d'une entreprise qui employait des salariés venus de Pologne pour travailler au tarif défiant toute concurrence de 4 euros l'heure [soit 6,20 francs suisses]

 Deux gérants d'une société située dans la cité phocéenne et trois de leurs associés ont été interpellés. Depuis vendredi soir, un homme de 35 ans, dort en prison. Il est poursuivi pour «travail dissimulé, abus de biens sociaux et conditions d'hébergement incompatibles avec la dignité humaine». Les quatre autres prévenus ont été mis en examen pour les mêmes raisons mais laissés en liberté.

Ils travaillaient 60 heures par semaine

 Cette fine équipe est soupçonnée d'avoir recruté pendant un an une trentaine de jeunes Polonais sans véritable qualification comme manœuvres sur des chantiers de construction de villas. La société, dont le siège avait pignon sur rue dans le quartier résidentiel de Saint-Barnabé, faisait venir illégalement les jeunes travailleurs par l'entremise d'une agence pour l'emploi polonaise. Une «société», structure fictive établie en Angleterre, permettait de rendre opaque le trajet de ces immigrés illégaux vers la France.

 Ce système a permis à l'entreprise de proposer à ses clients des tarifs inférieurs de 30% à ceux de la concurrence pour la construction d'une villa avec des salariés employés en respectant les lois françaises. Outre un salaire de misère, ces ouvriers étaient réduits à des conditions de vie proches de l'esclavage. Selon le quotidien La Provence, qui a révélé l'affaire, les Polonais, qui travaillaient soixante heures par semaine, étaient logés au siège même de la société et parfois directement sur les chantiers en cours. Comble du cynisme, le coût de leur «logement», de leur nourriture et les frais de transport entre les différents lieux de chantiers ainsi que leur voyage depuis la Pologne étaient retenus sur leur salaire mensuel. C'est la plainte d'un chef d'équipe écœuré qui a permis à la brigade financière de Marseille et au groupe d'intervention régional (GIR) de démanteler le système.

* Publié dans le quotidien de droite Le Figaro du 5 décembre 2005

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