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Caterpillar, Continental: les vannes vont-elles céder ?

Militant *

Le quotidien en ligne Mediapart, le 22 avril 2009, soulignait que: «Le désastre «Continental» s'inscrit dans un marasme départemental. L'Oise, département historiquement industriel, est touché de plein fouet par la crise. Et si l'avenir des salariés de l'usine Continental est si préoccupant, c'est aussi parce que, autour d'eux, tout s'écroule: sorti de l'univers du pneu, rien ne laisse espérer que la roue tourne. «On a 23 mois de chômage devant nous. Et dans 23 mois, on bouffera tous des cailloux», pronostique amèrement Xavier Mathieu, délégué CGT de l'usine. «Prenez mon fils, poursuit-il. Il a 22 ans. Il est parti bosser en Bulgarie après des mois de chômage en France. Il travaille par téléphone dans une boîte de recouvrement qui a été délocalisée. Il réclame du pognon à des pauvres gens. Lui est malheureux comme tout. Il a dû quitter sa famille, ses amis. Mais tout le monde lui téléphone en lui disant: "Surtout, reste là où tu es!" A son âge, il n'a pas trouvé en France. Alors quand on a 40-45 ans comme moi, comment voulez-vous espérer quoi que ce soit?».

C’est dans ce cadre social et politique que se situent les mobilisations actuelles contre les fermetures d’entreprises en France. Pas inutile à mettre en relief pour des lectrices et lecteurs de Suisse, par exemple. (Réd.)

Caterpillar à Échirolles à côté de Grenoble : les limites des fermetures du «boîte par boîte» sont atteintes et les salariés refusent ses conséquences. Les représentants syndicaux doivent se plier à leur volonté ou ne  plus être leurs représentants. Donc, à Caterpillar, il y a refus majoritaire, massif, collectif, d'une «négociation» qui donne 600 licenciements à l'arrivée, les mêmes qui étaient prévus au départ par les patrons.

L'intersyndicale a du refuser d'organiser un «référendum» dans l'entreprise pour faire accepter ce plan inique par ses victimes. La préfecture a proposé d'organiser le vote dans ses locaux : tout un programme !

Continental à Clairoix dans l'Oise : comme prévu, la «justice» qui condamne les occupations d'usines par ceux qui refusent d'être licenciés en les appelant «entraves à la liberté du travail»  et les séquestrations de patrons par leurs victimes en les appelant «atteintes à l'intégrité des personnes», a validé le «plan de sauvegarde de l'emploi» c'est-à-dire le plan de 1120 licenciements. Les salariés ont saccagé la sous-préfecture de Compiègne.

On présente cet acte comme une «violence regrettable» due au désespoir. Nous contestons cette position. Les salariés de Continental ont depuis plusieurs jours voté en assemblée générale que leur revendication est qu'il n'y ait aucun licenciement, avec la garantie des contrats de travail jusqu'en 2012 et que l'État au lieu de refiler aux banques l'argent des contribuables garantisse leurs salaires. C'est donc avec un sentiment clair de ce sur qui il faut se diriger que, sortant de l'usine,des travailleurs se sont dirigées contre la sous-préfecture.

• Les travailleurs de Caterpillar ont raison de refuser le "plan de sauvegarde de l'emploi.

• Les travailleurs de Continental ont raison de se diriger vers la sous-préfecture,  siège de l'État qui  organise et valide tous les licenciements nécessaires aux profits patronaux.

Signalons aussi que les salariés de Molex à Villemur sur Tarn (Haute-garonne, région Midi-Pyrénéées) ont séquestré leurs patrons qu'ils accusent d'avoir bluffé sur les commandes pour leur faire croire qu'il y avait un espoir de ne pas fermer la boite alors qu'ils préparaient leur licenciement. Qui  sont les violents, qui sont les victimes ? N'est-ce pas clair ? Il y a des violences ? Ceux qui agissent sont les premières victimes de la violence sociale du patronat et de l'État.

La réaction de ceux de Caterpillar, et celle de ceux de Continental, porte un message fort qui exprime ce que tous pensent dans les branches sinistrées : ils N'ACCEPTERONT PAS LE SACCAGE, ils ne se contenteront pas de «plan de sauvegarde de l'emploi» négociés boite par boite avec des primes plus ou moins faibles de perte d'emploi.

S'ils sont parfois violents, c'est qu'ils y sont contraints pour secouer la chape de plomb que constitue leur isolement boite par boite entre deux très grandes journées de mobilisation comme le 29 janvier, le 19 mars et le prochain 1° mai.

Oui il faut tous se retrouver le 1° mai 2009, et il faut se retrouver pour se grouper, pour aller là où ça se décide empêcher et bloquer leurs décisions. Assez de dispersion ! Ce sont les préfectures dans les départements et les régions, c'est l'Élysée pour toute la France, qui sont les centres organisateurs de la violence sociale, les ennemis du vrai droit, le droit à la vie, au travail et à l'avenir de toute la société.

Pendant ce temps, Sarkozy y va d'un nouveau discours sur l'insécurité, avec en point d'orgue l'annonce d'une loi interdisant les cagoules dans les manifs. Comme l'ont fait remarquer les organisations de policiers, appliquer une telle loi signifierait «aller au contact» très vite en cas de manifestation. C'est bien cela que Sarkozy cherche à préparer, en s'aidant des événements récents de Strasbourg [manifestation contre l’OTAN] que ses services ont cultivé dans ce but. Sarkozy applique la stratégie de la périphérie vers le centre : il sait qu'une prise d'assaut policière de travailleurs victimes déclencherait une réprobation de masse active, mais il n'en est pas moins en train de se doter de moyen légaux et techniques pour un tel affrontement.

Tel est aussi le sens de la ratonnade organisée contre les sans-papiers à Sangatte et de la répression violence d'une manifestation pacifique de Tamouls le lundi 20 avril 2009 protestant contre les bombardements et les crimes dont leur peuple est victime au Sri Lanka. L'intoxication sur les «cagoules» et les agressions contre les sans-papiers et les Tamouls n'ont d'autre sens pour Sarkozy que de préparer un affrontement plus ample. C'est pour cela qu'il faut défendre ces personnes persécutées dès maintenant. Si  nous voulons gagner, il  faut aller à l'affrontement rassemblés.

*Militant-Lettre de Liaisons est un réseau de militants qui, entre autres, publie une lettre régulière. Pour information, nous portons à connaissance de nos lecteurs et lectrices cet article paru dans sa dernière lettre du 21 avril 2009.

(22 avril 2009)

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