Chez certain·e·s, ce ne sont pas tant les slogans qui comptent, que la manière de les présenter

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Plus de deux millions dans la rue

 

Nous reproduisons ici tout d'abord un article paru le 19 mars 2009 dans le quotidien en ligne Mediapart. La lecture de quelques informations fait ressortir une certaine dimension de grève politique à cette mobilisation du 19 mars 2009. Ensuite, nous reproduisons un «descriptif» des mobilisations en France, selon l’Agence France Presse (AFP). (Réd).

 

Nouveau coup de semonce anti-Sarkozy.

À l'issue de la journée de grève de jeudi 19 mars, dont le taux de participation a été semblable, à celui du 29 janvier dernier, le nombre de manifestants a sensiblement augmenté, dépassant les 2 millions de personnes (3 millions selon la CGT, 1,2 selon la police), soit environ un quart de plus que fin janvier.   Selon le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, il y a «plus d'arrêts de travail dans le secteur privé et le soutien de l'opinion publique s'accroît», tandis que les perturbations dans les transports ont relativement épargné les usagers. François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, a, de son côté, estimé que le «silence complet tant du gouvernement que du patronat ne doit pas être la réponse à cette journée réussie. On a fait des propositions concrètes et le gouvernement doit y répondre très sérieusement».   Les syndicats ont prévu de se réunir dès vendredi matin au local de SUD pour évoquer la suite des événements, puis de laisser passer le week-end avant de réfléchir davantage aux conditions d'une éventuelle poursuite du mouvement. Si la journée du 1er mai, à l'occasion de la fête du travail, est déjà dans toutes les têtes, la réponse du gouvernement pourrait changer la donne, dans un sens ou dans l'autre.   Reste que ce jeudi 19 mars, l'intersyndicale a largement réussi sa mobilisation dans la rue qui a une nouvelle fois affiché une tonalité très "anti-Sarkozy", dans ses slogans et ses banderoles. Comme le 29 janvier, les manifestants ont mis l'imagination au service de leurs exacerbations. Cette fois-ci encore, les banderoles ne servent pas à seulement demander du pouvoir d'achat ou la fin des licenciements, elles affichent aussi des humeurs, de l'esprit, un savoir-faire. Voici quelques astuces de confection.

Chez certain·e·s [photo ci-dessus], ce ne sont pas tant les slogans qui comptent, que la manière de les présenter. Comme ces modistes retraitées, qui, outre leur banderole cousue avec un calendrier et du tissu récupéré, ont fabriqué des chapeaux à message. «C'est une façon de porter notre ancien métier, la couture, de montrer qu'on résiste», expliquent Tina, 64 ans et Nicole, 63 ans. Pour leurs chapeaux, elles se sont fait aider par Christiane, 75 ans, ancienne chef d'atelier et meilleure ouvrière de France. Sur les plumes, les revendications traditionnelles des retraités : «Défense de la protection sociale, pour une retraite digne, revalorisation : 200 euros... ». Mais aussi du «dégoût», et un ras-le-bol propre à leur secteur, «entre l'augmentation de la mutuelle et la Sécu qui rembourse de moins en moins. Alors qu'on a travaillé dans un métier où les yeux ont souffert, éclairés au néon toute la journée, c'est dur d'acheter des lunettes. Il y a des anciens de la couture qui sont obligés de quémander aux Restos du cœur, parce que leur retraite est trop basse.»  

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SNCF:
La direction de la SNCF a indiqué que le taux de grévistes chez les cheminots s'élevait à 35,9% à 10 heures du matin, un taux voisin de celui atteint le 29 janvier. Ce taux était de 36,7% à 11H00 le 29 janvier lors de la précédente journée d'action. La CGT évoque, pour sa part, un taux de 41% à 10H30, identique à celui enregistré par le syndicat le 29 janvier à 11h00.
Plus tôt dans la matinée, Didier Le Reste (CGT), avait estimé que le mouvement à la SNCF devrait être du «même niveau» que celui du 29 janvier.
Quid des autres journées interprofessionnelles ? Le 22 mai 2008, pour la défense des retraites, la SNCF avait compté 24,9% de grévistes, le 28 mars 2006, contre le contrat première embauche (CPE), 27,7%, et en 1995, au plus fort du conflit contre la réforme des régimes spéciaux de retraite et le plan Juppé sur la Sécurité sociale, 67%.
Enfin, le 18 octobre 2007, les cheminots étaient 73,5% à être en grève pour la défense de leur régime spécial.
La direction de la RATP (métro parisien) a indiqué que le taux de grévistes chez les agents de la RATP s'élevait à 12H00 à 12% sur la base des prises de service prévues dans la matinée. Pour cette journée d'action interprofessionnelle, quatre syndicats de la RATP - CGT, CFDT, FO et Sud - ont appelé à la grève, les quatre autres ayant seulement appelé à manifester, comme lors du 29 janvier. En janvier, la direction avait estimé le taux global de grévistes à 25%. Toujours en janvier, le taux de grévistes s'était élevé chez les conducteurs du métro à 40% selon la direction, et à 50% selon la CGT. Chez les conducteurs de RER, ce taux avait été de 97%, toujours selon la CGT.

Education:
Les enseignants en grève étaient jeudi 35,10% dans le primaire et 24,59% dans le secondaire, selon le ministère de l'Education, des chiffres en baisse par rapport aux 47,92% (primaire) et 28,03% (secondaire) communiqués par le ministère lors de la journée du 29 janvier.

Aérien:
A 09H30, il y avait 12% de grévistes parmi les contrôleurs aériens, et 26% dans les autres corps techniques, a annoncé la Direction générale de l'aviation civile.

La Poste:
Un peu plus de 20% de postiers étaient en grève jeudi à la mi-journée, contre 24,89% le 29 janvier, a indiqué la direction de La Poste.  Le syndicat Sud-PTT a estimé de son côté que le mouvement serait "du même niveau" que le 29 janvier, où il avait comptabilité 40% de grévistes. La Poste a précisé qu'elle avait "mis tout en oeuvre pour assurer l'accueil de ses clients et la continuité du service".

Audiovisuel:
Le nombre de grévistes dépassait 25% à France 3 et à Radio France à la mi-journée, selon les chiffres communiqués à l'AFP par la chaîne et par la direction de groupe public. A France 3, le nombre de grévistes était de 26,41% à la mi-journée. Les éditions régionale et nationale du journal télévisé, le "12-13", ont été perturbées et remplacées par un "tout image".
A Radio France, le taux de grévistes en fin de matinée était de 27,65%. Toutes les antennes étaient perturbées et diffusaient de la musique. Seule la matinale de France Musique a été maintenue. "Alors que la loi (sur l'audiovisuel public) vient d'être promulguée par le président de la République, le service public audiovisuel est plus que jamais fragilisé", avaient écrit les syndicats de Radio France dans leur appel à la grève.

Fonction publique:
Quelque 19,5% des fonctionnaires étaient en grève jeudi à la mi-journée, contre plus de 23% à la même heure le 29 janvier, a annoncé le ministère de la Fonction publique. Dans le détail, la Fonction publique d'Etat (FPE) mobilisait 25,1% de grévistes, dont 20,5% hors Education nationale, contre 29,6% le 29 janvier. Dans la Fonction publique hospitalière (FPH), le taux de grévistes était de 18,2% à la mi-journée, contre 21,3% le 29 janvier. Enfin, le taux de grévistes était de 11,2% dans la Fonction publique territoriale (FPT), contre 15% le 29 janvier à la même heure.
L'Etat emploie plus de 5 millions de fonctionnaires: 2,5 millions dans la FPE, 1,6 million dans la FPT et 1 million dans la FPH.

France Telecom:
La direction de France Telecom a dénombré 25% de grévistes à 12 heures jeudi, à l'occasion de la journée interprofessionnelle. Le 29 janvier lors de la précédente journée de mobilisation, elle avait compté plus de 26% de grévistes.

EDF:
Quelque 17,5% des salariés d'EDF étaient en grève jeudi en fin de matinée, à l'appel des syndicats FO, CGT, CFDT, CFTC et CFE-CGC, a indiqué la direction, un taux inférieur aux 23% de grévistes enregistrés à la même heure le 29 janvier.

Météo France:
Environ 34,6% des salariés de Météo-France étaient en grève jeudi à la mi-journée, a-t-on appris auprès de la direction. "Il s'agit d'un chiffre provisoire qui sera affiné dans la journée", a précisé la direction. Selon une estimation du syndicat Spasmet-Solidaires, qui appelait à la grève avec le SNM-CGT et le Snitm-FO, "la moitié des personnels était en grève" jeudi matin.
Les syndicats, qui dénoncent depuis plusieurs mois la fermeture annoncée d'une cinquantaine de centres météorologiques départementaux, ont par ailleurs accusé jeudi la direction d'avoir mis en place des bulletins de prévisions météo automatiques, afin de suppléer aux grévistes.

Le 29 janvier, le taux définitif de grévistes s'établissait en fin de journée à 40%. Aucun chiffre n'avait été publié à la mi-journée.

(20 mars 2009)

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