Nucléaire et climat
Minuit moins cinq: une mise en garde !
Recrudescence de la course à l’arme atomique, réchauffement climatique, redémarrage des programmes d’énergie nucléaire. Une
déclaration du Bulletin of the Atomic Scientists. Commentée et présentée par Robert Lochead. (Réd.)
En novembre 1945, un groupe de savants qui avaient participé à la mise au point de la première bombe atomique – mais s’étaient dès juin 1945 opposés à son lancement sur le Japon en déroute – avait fondé à Chicago The Bulletin of the Atomic Scientists.
Avertissant contre les dangers de la course aux armements nucléaires et plaidant pour un système international pour en protéger la civilisation humaine, le Bulletin et son symbole de
l’ «Horloge de la fin du monde» disposent depuis lors – et en particulier durant toute la Guerre froide – d’une autorité morale et scientifique dont la compétence et l’indépendance font référence.
Le 17 janvier 2007, The Bulletin of the Atomic Scientists , alarmé par les développements de la dernière période, publiait une déclaration solennelle. Après consultation de son comité de parrainage, comprenant 18 prix Nobel, le Bulletin ramenait l’aiguille de son horloge de minuit moins sept à minuit moins cinq. [1] Cette déclaration n’a pas reçu de la part ni des médias ni du public informé l’attention qu’elle méritait. Il y a là, sans doute, une mesure de la mode du cynisme ou de la façon dont les médias «décentrent» l’attention de thèmes pourtant essentiels pour l’avenir de l’humanité.
Les uns (à Tel-Aviv, Washington ou Paris) considèrent le programme nucléaire iranien comme la «principale menace» pour l’Occident. D’autres considèrent que leur «anti-impérialisme» leur commande à juste titre de combattre «leur» impérialisme (en France, aux Etats-Unis, en Suisse), mais de se prononcer pour que l’Iran dispose de la bombe atomique (en faisant référence au fait que le Pakistan, Israël et d’autres l’ont).
Qui se souvient encore de l’urgente nécessité pour la survie de l’humanité d’une mobilisation internationale pour exiger le désarmement nucléaire général de tous, à commencer par celui des puissances nucléaires, impérialistes entre autres ?
Un article de l’hebdomadaire allemand Die Zeit [2], un des rares médias qui a repris la déclaration du Bulletin, décrivait comment les cinq grandes puissances nucléaires, Etats-Unis, Russie, Royaume-Uni, France et Chine, sont toutes en train de perfectionner leurs armements nucléaires et en particulier de les miniaturiser pour des usages tactiques nouveaux.
Avec une multiplication de nouvelles puissances nucléaires engagées dans des guerres nouvelles, cela pourrait préfigurer, pour la première fois depuis 1945, de subits recours à l’arme nucléaire puis sa possible banalisation en une descente incontrôlée dans de nouvelles barbaries.
La dramatique déclaration de The Bulletin of the Atomic Scientists – du 17 janvier 2007 – formule de manière inégalée la mise en garde qui s’impose aujourd’hui en face au triple danger, dont il fait remarquer une interconnexion à laquelle peu sont attentifs, de la subite accélération de la course à la bombe atomique, du redémarrage des programmes de centrales nucléaires et du réchauffement climatique.
La recrudescence de la course aux armements nucléaires
«Nous sommes au seuil d’une deuxième époque nucléaire. Jamais depuis que les premières bombes atomiques ont été lâchées sur Hiroshima et Nagasaki, le monde n’a affronté des choix aussi terribles. Le récent essai par la Corée du Nord d’une arme nucléaire, les ambitions nucléaires de l’Iran, une insistance renouvelée des Etats-Unis sur l’utilité militaire des armes atomiques, l’échec du projet de mettre adéquatement à l’abri les matériels nucléaires, ainsi que la présence toujours encore de quelques 26'000 armes nucléaires aux Etats-Unis et en Russie, sont symptomatiques de l’échec plus ample des tentatives de résoudre les problèmes posés par la technologie la plus destructrice qui existe sur Terre.
Comme dans nos délibérations passées, nous avons examiné d’autres menaces pour la civilisation du fait de l’activité humaine. Nous avons conclu que les dangers causés par le changement climatique sont presque aussi lugubres que ceux des armes nucléaires. Les effets peuvent en être moins dramatiques à court terme que les destructions qui pourraient être provoquées par les explosions nucléaires, mais durant les prochaines trois ou quatre décennies, le changement climatique pourrait causer des dommages drastiques aux milieux naturels dont dépendent les sociétés humaines pour leur survie.»
(…)
«Les armes nucléaires présentent le défi le plus grave à l’humanité, permettant le génocide en pressant un bouton. En 1945, des savants ont mis en garde le monde contre le pouvoir destructeur presque inimaginable des bombes atomiques qu’ils avaient créées. Comme l’écrivait Eugène Rabinowitch, un des cofondateurs du Bulletin: ” L’horloge du Bulletin n’est pas une jauge pour calibrer les hauts et les bas de la lutte internationale pour le pouvoir ; elle sert à refléter les changements fondamentaux dans le niveau du danger continuel dans lequel vit l’humanité dans l’époque nucléaire et dans lequel elle va continuer de vivre jusqu’à ce que la société ajuste ses attitudes et institutions fondamentales.” En tant qu’héritiers et administrateurs de l’Horloge, nous cherchons à avertir le monde que ce niveau de danger s’est précipitamment accru.»
La déclaration du Bulletin remarque que la période actuelle de dite globalisation voit se désagréger les contraintes et normes convenues dans le Traité de non-prolifération des armes atomiques (TNP) entré en vigueur en 1970 et qui avait contribué à éloigner durant la Guerre froide le spectre de la guerre nucléaire. Elle constate avec inquiétude les ambitions nucléaires de l’Iran, l’explosion de la première bombe atomique de la Corée du Nord, l’activité du réseau basé au Pakistan qui a fourni des technologies nucléaires à la Libye, à la Corée du Nord et à l’Iran ainsi que l’échec dans la confusion de la Conférence internationale des signataires du TNP en 2005. Mais elle souligne la responsabilité des cinq principales puissances nucléaires, les Etats-Unis, la Russie, le Royaume-Uni, la France et la Chine:
«Les cinq puissances reconnues par le TNP comme dotées d’armes nucléaires ont failli à leur obligation de réaliser de sérieux progrès vers le désarmement, principalement les Etats-Unis et la Russie qui possèdent toujours encore 26'000 des 27'000 têtes nucléaires du monde. De loin le plus grand potentiel de calamité réside dans l’état de préparation des forces des Etats-Unis et de la Russie à combattre une guerre nucléaire totale. Que ce soit par accident ou par un lancement non-autorisé, ces deux pays sont en mesure de déclencher des grandes frappes en quelques minutes. Chaque tête possède le potentiel destructeur de 8 à 40 fois celui de la bombe atomique lâchée le 6 août 1945 sur Hiroshima au Japon. Par cette explosion nucléaire relativement petite, 100'000 personnes ont été tuées et une ville détruite ; 50 des armes nucléaires d’aujourd’hui pourraient tuer 200 millions de personnes.»
Même si la possibilité d’un lancement intentionnel de ces armes paraît très éloignée, le Bulletin fait remarquer que les experts des Etats-Unis et de la Russie eux-mêmes s’inquiètent des dysfonctionnements techniques et humains qui peuvent provoquer des lancements par erreur, par malentendus ou communications défectueuses, étant donné l’état de préparation à des lancements massifs à chaque instant pour riposter à une éventuelle attaque d’en face. Quatre fausses alarmes ont été rendues publiques, qui ont vu les forces atomiques soit de la Russie, soit des Etats-Unis mises en alerte et leurs équipages recevoir des avertissements de lancement imminent: en 1979, 1980, 1983 et 1995.
«Seize ans après la fin de la Guerre froide, après des réductions substantielles de leurs armes nucléaires par les Etats-Unis et par la Russie, les deux grandes puissances ont aujourd’hui calé dans leurs démarches visant à des réductions plus profondes de leurs arsenaux. Tout aussi préoccupante est la déclaration par les Etats-Unis dans leur Nuclear Posture Review de 2002 que les armes nucléaires ”offrent des options militaires crédibles afin de dissuader un large éventail de menaces, ” y compris des armes chimiques et biologiques, ainsi que des ”développements militaires surprenants”. Au début de 2004, ce nouveau concept, qui envisage l’utilisation rapide d’armes même nucléaires dans le but de détruire des ”objectifs urgents dans le temps” a été mis en vigueur. Que les Etats-Unis, un pays qui jouit d’une supériorité inégalée en armements conventionnels, placent une insistance renouvelée sur le besoin d’armes nucléaires suggère à d’autres pays que de tels arsenaux sont nécessaires à leur sécurité.
Au vu de la confiance que les grandes puissances continuent de placer dans les armes nucléaires, d’autres pays suivent le mouvement. Depuis la fin de la Guerre froide, trois pays ont annoncé qu’ils possédaient des armes nucléaires: L’Inde, le Pakistan et la Corée du Nord. Israël possède des armes nucléaires mais choisit de ne pas les déclarer. Le directeur de l’AIEA, Mohamed El Baradei, considère que jusqu’à 30 pays ont la capacité, et de plus en plus la motivation, de développer des armes nucléaires dans un délai très bref.
De tels développements ont amené certains à déclarer le TNP un ”échec”. Mais une telle évaluation néglige le succès du Traité durant plusieurs décennies en réussissant à endiguer la prolifération nucléaire. En 1963, le président John F.Kennedy mettait en garde contre la possibilité que les Etats-Unis affrontent un monde ”dans lequel 15 ou 20 pays” posséderaient des armes nucléaires. Durant les décennies qui ont suivi l’entrée en vigueur du TNP, seulement six pays se sont lancés dans des programmes d’armes nucléaires et beaucoup d’autres ont interrompu leurs programmes, dont l’Argentine, le Brésil, la Libye et l’Afrique du Sud.»
Alors que durant toute la Guerre froide, les administrations qui se sont succédé à Washington ont été généralement plutôt hostiles à l’armement atomique de leurs alliés, le Bulletin fait remarquer que ces dernières années, Washington se préoccupe apparemment de dénier l’armement atomique seulement à ses ennemis, mais pas à ses «amis». Or les amis peuvent devenir des ennemis comme le montrent les ambiguïtés du Pakistan, un allié traditionnel privilégié des Etats-Unis devenu un centre de dissémination illicite de matériels et technologies nucléaires.
La déclaration du Bulletin souligne que la réduction des arsenaux nucléaires existants, et d’abord chez les grandes puissances, est la précondition décisive d’un effort international pour brider le marché noir des matériaux nucléaires et empêcher que certains tombent dans les mains d’organisations terroristes. Alors que dans les années 1990, la coopération entre les Etats-Unis et la Russie avait réussi à sécuriser la moitié en tout cas des bombes et matériels fissiles de la Russie, dont on craignait que les personnels russes paupérisés les vendent de manière sauvage, ces programmes internationaux se sont enlisés dans des petites querelles et un manque de financement. Mais la Déclaration du Bulletin fait remarquer qu’il ne s’agit pas que des matériels russes qui pourraient procurer, avec une facilité inquiétante à des groupes qualifiés de terroristes de l’uranium suffisamment enrichi pour faire des bombes sinon vraiment nucléaires explosives, mais radiologiques c’est-à-dire capables de contaminer de grandes surfaces de territoire. «Plus de 1400 tonnes d’uranium hautement enrichi et approximativement 500 tonnes de plutonium sont réparties à travers le monde dans environ 140 sites, dans des centrales nucléaires civiles non gardées et des réacteurs de recherche universitaires, en plus des installations militaires.»
La relance du nucléaire civil
La Déclaration du Bulletin s’inquiète également du redémarrage des programmes civils de centrales énergétiques nucléaires:
«La perspective du développement de l’énergie nucléaire civile dans de nombreux pays partout dans le monde suscite des préoccupations supplémentaires. On s’attend à un accroissement particulièrement élevé en Asie, où le Japon prévoit de mettre en service cinq nouvelles centrales nucléaires en 2010 tandis que la Chine a l’intention de construire 30 réacteurs nucléaires d’ici à 2020. Durant les cinq prochaines années, ce sont quelque deux douzaines de centrales nucléaires qui sont prévues d’être remises à neuf ou reconstruites dans le monde entier et des pays aussi divers que le Nigeria, la Pologne ou le Vietnam ont exprimé leur intérêt dans l’énergie nucléaire. En novembre 2006, l’AIEA annonçait que quatre pays du Proche-Orient: l’Algérie, l’Egypte, le Maroc et l’Arabie Saoudite, avaient déclaré leurs intentions de s’embarquer dans des programmes d’énergie nucléaire.
Plusieurs facteurs motivent le tournant vers l’énergie nucléaire: le vieillissement des réacteurs nucléaires, les besoins croissants d’énergie, un désir de diversifier la panoplie des sources d’énergie et de réduire la dépendance à l’égard des combustibles fossiles, ainsi que le besoin de réduire les émissions de carbone qui causent le changement climatique. Mais l’expansion de l’énergie nucléaire accroît les risques de prolifération nucléaire. Les installations d’enrichissement qui produisent l’uranium faiblement enrichi pour le combustible des réacteurs peuvent facilement être modifiées pour produire de l’uranium hautement enrichi utilisable pour des armes. Qui plus est, le plutonium des combustibles usagés de réacteurs est, après retraitement, apte à être utilisé pour des armes. Il ne faut pas beaucoup de matière nucléaire pour construire une arme fissile:1 à 3 kg de plutonium ou 5 à 10kg d’uranium hautement enrichi, c’est tout ce qu’il faut pour faire une bombe.»
Les dangers du réchauffement climatique
«La communauté internationale est devant un dilemme: Comment atténuer le changement climatique sans augmenter les dangers de la prolifération des matériels nucléaires ? Le réchauffement global du climat représente une terrible menace pour la civilisation humaine qui n’est dépassée que par les armes nucléaires. Le groupe de scientifiques spécialisé dans ces questions qui jouit de la plus grande autorité, le Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC/IPCC) a formulé ainsi ses conclusions: «La plus grande partie du réchauffement observé durant les 50 dernières années peut être attribué aux activités humaines.» Le dioxyde de carbone, dégagé principalement par la combustion des combustibles fossiles, s’est accumulé dans l’atmosphère où il agit comme un écran qui garde la chaleur de la Terre et réchauffe sa surface, l’océan et l’atmosphère. En conséquence, le niveau actuel de gaz carbonique dans l’atmosphère est plus haut que n’importe quand durant les derniers 650'000 ans.
Les observations des changements dans l’atmosphère, sur la terre ferme, dans les océans, dans les glaciers, et dans des carottes de forage de la calotte de glace polaire ont conduit à un consensus scientifique mondial à propos des causes du changement climatique. Les institutions scientifiques les plus distinguées des Etats-Unis, parmi elles l’Académie nationale des Sciences, la Société Météorologique ainsi que l’American Association for the Advancement of Science sont arrivées à des conclusions similaires à celles du GIEC. Il apparaît que les perturbations du climat se manifestent déjà dans certaines régions plus rapidement que ce qui était prédit auparavant. Dans certaines régions, le réchauffement a bouleversé les situations normales, les insectes ont pu se répandre dans des nouveaux milieux, y transportant des maladies et y détruisant la flore et la faune dans des zones que l’évolution n’avait pas doté de protections. Par les inondations et la désertification, le changement climatique menace les milieux naturels et les ressources agricoles dont les sociétés dépendent pour leur survie. Les récifs de corail vont disparaître, les feux de forêts seront plus intenses et plus fréquents, et les vagues de chaleur et les tempêtes feront plus de dommages. Dans les années à venir, les villes côtières supporteront le gros du choc de la hausse du niveau des mers, comme nous l’avons déjà vu se passer à la Nouvelle Orléans, contraignant à des déplacements majeurs de la répartition des peuplements humains. Ainsi, le changement climatique va probablement aussi contribuer aux migrations massives et même provoquer des guerres pour les terres arables, l’eau et d’autres ressources naturelles.
Un scénario du «laisser faire» («Business as usual»), c’est-à-dire si nous ne prenons pas de mesures particulières pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, verrait monter la température moyenne à la surface de la Terre de 2,8 degrés Celsius d’ici à l’an 2100, ce qui causerait une montée du niveau des mers d’environ 20m. Les Etats-Unis perdraient la plupart de leurs villes de la Côte Est: Boston, New York, Philadelphie, Washington et Miami, et presque la totalité de l’Etat de Floride. La Chine aurait 250 millions de personnes déplacées, l’Inde 150 millions.
Parce que le changement climatique est un problème mondial, il exige une action mondiale. Tandis que la Chine et l’Inde développent leurs économies, pour considérer leur exemple, elles auront besoin de trouver des manières de réduire ou neutraliser leurs contributions aux émissions de gaz carbonique dans l’atmosphère. Pour le moment, néanmoins, les Etats-Unis sont le plus grand producteur de gaz carbonique au monde. Des efforts aux Etats-Unis mêmes auraient d’une manière disproportionnée un effet bénéfique énorme sur le climat mondial. Etant un pays riche et technologiquement avancé, les Etats-Unis sont bien placés pour réduire leurs émissions de carbone.»
On a pu entendre ces derniers mois des voix autorisées du capitalisme occidental, à commencer par le président Chirac, puis par son successeur Sarkozy, proposer l’énergie nucléaire comme une alternative aux combustibles fossiles que le réchauffement climatique imposerait comme solution de bon sens. Un nouveau client a été trouvé: la Lybie, qui va siéger au «Conseil de sécurité» de l’ONU, ce qui révèle les contours complexes de ladite diplomatie internationale. Il est frappant de voir que The Bulletin of the Atomic Scientists est beaucoup plus réservé à ce sujet, lui qui a pourtant lutté depuis ses débuts pour l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire au lieu de son utilisation militaire.
«De telles réductions n’exigent pas nécessairement un recours à l’énergie nucléaire qui serait comme une panacée. Les émissions de carbone peuvent être réduites en imposant des limites aux émissions des automobiles, en réduisant les subventions à la production de pétrole et de charbon, en soutenant des systèmes de bourses du carbone, en accroissant les taxes sur la benzine, en augmentant le rendement énergétique et instituant des standards industriels pour les appareils électroménagers et les ampoules électriques, en subventionnant le développement des énergies solaire et éolienne, et en plantant plus d’arbres, entre autres possibilités d’action. Financement gouvernemental et investissements privés sont requis pour développer des technologies innovatives, telles que les piles à combustibles, la biomasse et la séquestration du carbone. Si nous ne prenons pas des mesures dans les prochaines années pour réduire les émissions de carbone, les coûts des perturbations causés par le changement climatique pourraient s’élever jusqu’à 5% du PIB mondial chaque année, selon le rapport d’octobre 2006 de l’économiste britannique Nicholas Stern. Alors que les coûts de l’atténuation du changement climatique pourraient être limités à environ 1% du PIB mondial chaque année.»
Quelques propositions
La déclaration se termine par une liste de 10 propositions pratiques. Toutes sont judicieuses et importantes mais nous citerons seulement 6 des 7 premières (en gardant leur numérotation):
1°«Réduire l’état de préparation au lancement des forces nucléaires des Etats-Unis et de la Russie, et retirer complètement les armes nucléaires des opérations quotidiennes de leurs armées.»
2°«Réduire le nombre des armes nucléaires en démantelant, stockant et détruisant plus de 20'000 têtes nucléaires durant les dix prochaines années.»
4°«Désavouer le développement de nouvelles armes nucléaires et ratifier le Traité d’interdiction totale des essais nucléaires (Comprehensive Test Ban Treaty, CTBT). A ce jour, le traité CTBT a été ratifié par 137 pays, mais les exceptions notables incluent les Etats-Unis, la Chine, l’Inde, le Pakistan, la Corée du Nord et Israël .»
5°«Arrêter la production de matériel pour des armes nucléaires, y compris l’uranium et le plutonium hautement enrichis, que ce soit dans des installations militaires ou civiles. Le projet de Traité pour un arrêt total de la production de matériel fissile (Fissile Material Cutoff Treaty) devrait être adopté par les puissances nucléaires comme un pas important vers la réalisation de cet objectif.»
6°«Engager une discussion sérieuse et franche à propos de l’expansion potentielle de l’énergie nucléaire à travers le monde entier. Parmi les moyens de faire face aux menaces du changement climatique, l’énergie nucléaire devrait être considérée une source d’énergie alternative. Mais si la production d’énergie nucléaire ne produit pas de gaz carbonique, elle soulève d’autres préoccupations significatives, telles que les dangers pour la santé et pour l’environnement des déchets nucléaires, la production de matériels nucléaires qui peuvent être détournés vers la production d’armes, et la sûreté et la sécurité des centrales nucléaires elles-mêmes. C’est pourquoi toute idée d’expansion de l’énergie nucléaire doit être conditionnée à un examen approfondi des garde-fous technologiques et législatifs nécessaires pour réduire ces risques.»
7°«Fournir des combustibles nucléaires pour la production d’énergie de manières à réduire drastiquement le risque de prolifération des armes nucléaires. Un bon nombre de tels arrangements ont été proposés, à commencer par le Plan Acheson-Lilienthal de 1946. Des projets plus récents ont envisagé des consortiums internationaux qui surveilleraient la production, la distribution, le stockage et l’élimination des substances fissiles.»
1. www.thebulletin.org
2. Die Zeit , 1er février 2007
(24 octobre 2007)
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