Brésil


Olivio Dutra, ministre de la ville, a cherché à ce que Heloisa Helena ne soit que suspendue du PT,
à la différencedes trois autres parlementaires exclus. Cette médiation a échoué.

Expulsion du Parti des travailleurs
Un coup porté à l'unité de la gauche et aux luttes sociales

Nous publions ci-dessous la résolution du Courant de gauche du Front ample d'Uruguay. Le Front ample réunit l'ensemble des forces de la gauche uruguayenne et a traduit, à sa façon, la rupture du système bipartidaire bourgeois (blancos et colorados). Le Front ample est né dans le cadre de la lutte contre la dictature (installée en 1976) et a pris son essor dès  1984. Le candidat à la présidence du Frente Amplio, le médecin Tabare Vazques, a toutes les chances de s'imposer, en 2004, à la présidence de la république.

Le Courant de gauche représente une force qui met en question l'orientation de la diretion du Frente Amplio vers une option d'unité nationale et de projet «de développement dans le cadre d'une alliance productive». La crise économique qui frappe l'Uruguay est des plus brutales. Cette crise est utilisée pour jouer la carte d'une unité nationale et d'une alliance avec des secteurs du capital uruguayen. Or, une perspective sociale et politique pour les masses paupérisées d'Uruguay repose non seulement sur leur propre mobilisation, mais sur une jonction organique avec les forces et mouvements qui remettent en question aussi bine la domination impérialiste que les structures de pouvoir de bourgeoisies nationales qui sont, au mieux, des partenaires juniors du capital international.

Le vote contre le projet de privatisation de l'entreprise publique d'énergie (ANCAP) a manifesté l'ampleur de la résistance populaire. 62,15% des votants se sont prononcés contre la privatisation; le taux de participation, le dimanche 7 décembre, a été de 80%.  Cette victoire dessine la défaite politique des deux partis bourgeois (Partido colorado et Partido nacional) et de leur représentant à la présicence, Jorge Batlle.

Etant donné la structure pluraliste du Frente Amplio et les perspectives d'une victoire du FA à l'élection présidentielle, les débats stratégiques au Brésil, les décisions du PT et la politique du gouvernement Lula ont un impact immédiat dans ce pays. CAU

1.Le dimanche 14 décembre 2003, le Conseil national du PT (Parti des travailleurs) s'est érigé en tribunal suprême de l'Inquisition. Par 55 voix pour et 27 contre, le Conseil (directoire) national a décidé d'expulser les camarades Heloisa Helena et Luciana Genro [qui sont respectivement sénatrice de l'Etat d'Alagoas et membre du courant Démocratie socialiste; députée fédérale, Rio Grande do Sul, membre du mouvement La gauche socialiste], ainsi que les camarades Joao Batista Araujo «Baba» et Joao Fontes. Ils ont été sanctionnés pour s'être montrés fidèles à l'histoire de lutte du parti [PT] né dans le sein de la classe ouvrière [référence aux luttes ouvrières du Grand Sao Paulo qui ont formé l'humus sur lequel le PT s'est développé]; pour ne pas avoir capitulé devant les ordres du FMI et devant les diktats des «marchés financiers»; et pour avoir refusé de voter contre les droits légitimes des masses laborieuses brésiliennes.

2. Cet acte bureaucratique d'intransigeance mesquine adresse, à la fois, un message à tous les non-conformistes et les rebelles à l'intérieur et à l'extérieur du Brésil. Pour cette raison, la presse de droite, y compris en Uruguay, a salué la mesure «responsable» prise par la direction du PT. Une mesure qui ne fait pas autre chose que de confirmer l'abandon de tout principe démocratique et de toute conception pluraliste de la part du PT. La purge politique qui vient d'être appliquée constitue un coup sournois à la gauche.  Ses conséquences vont bien au-delà des frontières dans la mesure où le PT a été, au cours de plus de vingt ans, une référence politique incontournable pour les militant.e.s classistes, révolutionnaires et socialistes d'Amérique latine et du monde.

3.C'est aussi une décision qui affecte la lutte des mouvements sociaux et politiques au Brésil même ainsi qu'en Amérique latine et dans la Caraïbe. Et cela au moment même où se renforcent les résistances sociales anti-néolibérales, comme le démontrent l'insurrection bolivienne [voir sur ce site les articles ayant trait à la Bolivie], la mobilisation démocratique et bolivarienne au Venezuela, la victoire du référendum en Uruguay [en décembre 2003, contre la privatisation de la société de raffinage et distribution du pétrole et du gaz - ANCAP], les grèves à Panama et en République dominicaine, la marche de centaines de milliers de manifestants au Mexique, les campagnes et les plébiscites populaires [un référendum populaire parallèle a un réel impact actuel en Argentine] contre le projet recolonisateur de l''ALCA placé sous la direction de l'impérialisme nord-américain.

4.La conversion social-libérale du PT et son alliance avec la bourgeoisie industrielle, financière et propriétaire terrienne représente la victoire idéologique principale de la droite et des réactionnaires de tout poil. Pour cette raison, ces derniers saluent le comportement «exemplaire» du gouvernement Lula et l'application des «réformes» qu'imposent le FMI, la Banque mondiale et les entreprises transnationales. Cette soumission a été confirmée par le paiement ponctuel des intérêts d'une dette extérieure scandaleuse et par les «réformes» de la prévoyance sociale ainsi que du régime fiscal; et enfin, par le décret qui donné la voie libre à la production de soja transgénique.

5.Le Courant de gauche [du Front ample d'Uruguay, front qui obtiendra sans doute la présidence de l'Uruguay] manifeste son rejet catégorique des expulsions du PT. Il continuera à s'exprimer pour le principe de l'unité sans exclusion dans la gauche. Il appelle toutes les organisations du camp populaire, la gauche démocratique, radicale, révolutionnaire et socialiste à exprimer de manière inconditionnelle leur solidarité avec les camarades Heloisa Helena, Luciana Genro, Joao Batista Araujo «Baba» et Joao Fontes; ainsi qu'avec les forces politiques et sociales comme avec les intellectuels et militants qui, au Brésil, se sont engagés en faveur de la construction d'une alternative anticapitaliste et anti-impérialiste.

Commission politique du Courant de gauche

Montevideo, 15 décembre 2003

 

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