Brésil

Deux pierres dans les souliers de Lula

Luís António Magalhães*

Une enquête publiée le 22 octobre, révèle de manière claire les deux grands problèmes que le gouvernement Lula doit affronter, dès à présent, avec beaucoup de courage. Réd. de CDD.

Hier, deux instituts de statistiques [1] ont publié une enquête qui constate l-existence d-un taux record de chômage dans la région métropolitaine de São Paulo [la plus grande des villes d'Amérique Latine; la population de la conurbation s'élève à 37 millions d'habitants; une urbanisation de 100 km est/ouest et 60 km nord/sud]. L-augmentation du chômage enregistrée entre août et septembre 2003 - le taux est passé de 20% à 20,6% de la population active - n-a pas été très forte. Toutefois, symboliquement, ce chiffre est significatif. Il s-agit, en effet, du taux le plus élevé depuis la création de cette statistique mensuelle en 1985. Les taux les plus hauts, jusqu'à aujourd'hui, avaient été enregistrés aux mois d-avril et de mai 2003. Ils atteignaient le même seuil, 20,6%. Selon cette enquête, le nombre de personnes au chômage dans cette région se situe à hauteur de 2,030 millions.

La création d-emplois a été une des promesses principales du candidat Lula lors de la campagne présidentielle de l-année passée. Elle a toujours constitué une des revendications historiques du Parti des travailleurs (PT). Le fait que le président n-ait pas encore réussi à mettre en pratique son programme et à stimuler une réduction de ce honteux taux de chômage honteux est tout à fait compréhensible. En effet, l-héritage reçu du gouvernement précédent [F. H. Cardoso] constitue un poids, une sorte de bombe à retardement qu-il faut essayer de désactiver de manière très précautionneuse. Jusqu-à maintenant, le gouvernement n-a fait que de corriger les erreurs du passé et préparer le terrain pour l-avenir. Pourtant, le problème est que l-avenir est juste là, devant nous. Et chaque jour qui passe, l-attente de résultats concrets augmente chez les électeurs de Lula. Par ailleurs, des petits pas ont déjà été faits. Hier encore, Lula a approuvé le programme «Premier emploi» qui, dès qu-il sera opérationnel, devrait garantir un emploi à des milliers de jeunes Brésiliens.

L-autre élément qui doit préoccuper le président, c-est la démission du secrétaire d-Etat à la Sécurité publique (dépendant du Ministère de la Justice), le sociologue Luiz Eduardo Soares. D-un côté, Lula peut souffler de soulagement suite à l-attitude de ce secrétaire d-Etat, qui a compris que dans un gouvernement PT, le népotisme [assurer des postes à son entourage] n-est pas une pratique admissible. En évitant des pressions supplémentaires exercées sur le président et sur le ministre de la Justice, Soares a agi  de manière correcte. Il a montré, malgré son erreur éthique grave, qu-il est intègre et capable de se racheter. D-un autre côté, la démission de Soares provoque un vide dans un secteur essentiel de l-administration gouvernementale contrôlée par le PT. En effet, la sécurité publique constitue un problème traité parallèlement par le Gouvernement fédéral, les Etats et les Municipalités. Néanmoins, les Etats [le Brésil est un Etat fédéral] assument l'essentiel des responsabilités en la matière. Le poste occupé par Soares représentait une tentative du gouvernement de donner un minimum de cohérence et de coordination au combat contre la criminalité qui sévit au Brésil. Malgré des erreurs dans ses choix, le secrétaire d-Etat Soares était considéré comme un professionnel compétent et capable d-assumer la tâche qui lui incombait.

Avec la question du chômage, la sécurité publique, particulièrement dans les grandes métropoles sera l-une des questions les plus débattues lors des élections municipales de l-année prochaine. Si le gouvernement fédéral de Lula peut montrer qu-il aura fait des pas en avant dans ces domaines, sa tâche deviendra plus facile. Si ce n-est pas le cas, les conséquences peuvent être graves. 25 octobre 2003.

* Editeur-adjoint de l-Observatoire de la Presse; article publié dans le Correio Da Cidadania, du 25. 10.2003 au 1.11.2003, hebdomadaire dirigé par  Plinio Arruda San Paio.



[1] Fundação Sistema Estadual de Análise de Dados (SEADE) -São Paulo

Departamento Intersindical de Estatítica e Estudos Socio-Económicos (DIEESE)

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