Brésil

Les marchés fêtent. Mais pas l'aile gauche du PT

Lula a désigné l'ex-président international de BankBoston des Etats-Unis à la tête de la banque centrale du Brésil. Lula a ouvert le parapluie Henrique de Campos Meirelles - Meirelles fut le premier étranger en 1996 à diriger la banque nord-américaine BankBoston - face aux marchés financiers, pour les calmer, en choisissant Meirelles pour diriger la banque centrale du Brésil. Meirelles était un député du PSDB, le parti de Fernando Henrique Cardoso.

Les marchés peuvent rester tranquilles. L'aile gauche du Parti des travailleurs (PT) l'est moins. Les analystes financiers s'étaient accoutumés à expliquer les turbulences du real [la volatilité du real et surtout son déclin face au dollar], les hauts et bas de la Bourse de Sao Paulo et les débats sur l'impossibilité de payer la dette [défaut] à partir du manque d'orientation définie du président fraîchement élu du Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva, sur qui devait diriger, dans le futur, la banque centrale. Finalement, le 12 décembre, il fut annoncé que la charge de président reviendrait à Henrique Meirelles, ex-président mondial de BankBoston, député du Parti de la social-démocratie brésilienne, le parti de F. H. Cardoso. Les industriels, les banquiers et les politiciens ont bien accueilli cette nouvelle, alors que des dirigeants du PT la déploraient. Lula a nommé simultanément, comme chef de cabinet, José Dirceu [dirigeant de l'appareil du PT, puis dirigeant du noyau de la campagne de Lula, homme clé de la réorientation du PT gestionnaire]. Le mardi 10 décembre, Lula avait désigné comme ministre des Finances Antonio Palocci [un médecin de 43 ans, maire d'une ville près de Sao Paulo, qui a privatisé dans des secteurs du service public et qui est considéré comme un ultra-modéré]. Pour ce qui est du Ministère de l'environnement, Lula l'a attribué à Marina Silva qui avait critiqué la politique environnementale américaine.

Henrique de Campos Meirelles est âgé de 57 ans. Il est entré au BankBoston en 1974. Il y a fait toute sa carrière jusqu'à son poste de président-directeur de la banque à l'échelle internationale en 1996. Depuis lors, jusqu'en août 2002, il a occupé ce poste. Puis, il s'est présent comme candidat à la députation fédérale pour le PSDB, à l'occasion des élections législatives d'octobre 2002, dans son Etat d'origine, Goias. Il a gagné les élections et a été le député le plus élu [les enquêtes ont montré que ce fut la campagne électorale la plus chère de tous les députés brésiliens, dit autrement le matraquage télévisuel et la politique clientélaire la plus développée]. Membre depuis des années du PSDB, Meirelles a cultivé de bonnes relations avec des secteurs du PT. C'est un dirigeant protéiforme: il est conseiller du «projet Travesia», dirigé de façon conjointe par des entreprises, des banques et des syndicats et qui a pour but d'aider les enfants des rues de Sao Paulo. Mais, en même temps, il est à la tête de diverses institutions académiques internationales, parmi lesquelles la Harvard School of Economics et la Fondation Adolfo Ibanes [qui a joué un rôle dans la transition Pinochet, démocratie chrétienne, social-démocratie du Chili]. Pour présider la banque centrale, Meirelles devra renoncer à son mandat de député et devra se désaffilier officiellement du PSDB.

«En ce moment, je crois que Meirelles à la tête de la banque centrale sera plus important que lorsqu'il assumait son noble mandat de député», a déclaré Lula lorsqu'il annonça sa nomination, nomination qui doit être ratifiée par le Sénat.

«Il va disposer de tout l'appui de notre côté», signala le futur ministre des Finances, Antonio Palocci. A son tour, Meirelles affirme que l'invitation de Lula est «un énorme honneur». Il met l'accent sur la question de la croissance économique. «La finalité principale de quelque politique économique que ce soit est la croissance. Tout le reste constitue des moyens pour atteindre cet objectif», a affirmé Meirelles qui s'est refusé à annoncer toute mesure qu'il pourrait adopter. Il a expliqué que, durant les vingt-deux années où il fut employé de la BankBoston, il avait suivi de près la crise de la dette extérieure au cours des années 1980 et de l'hyperinflation au cours des années 1980-début 1990. «A partir de cette base, je crois que la situation actuelle est absolument viable. Les fondamentaux de l'économie brésilienne sont solides et nous disposons donc des conditions pour stimuler la croissance.»

Les dirigeants de l'économie de Sao Paulo [le coeur économique de l'ensemble de l'économie brésilienne] ont fêté la nomination de Meirelles. «C'est un connaisseur du système financier international et des mécanismes de crédit et financement; il va certainement aider le pays», a déclaré Horacio Lafer Piva, président de la Fédération des industriels de l'Etat de Sao Paulo, l'organisation patronale la plus influente du pays. «C'est un homme reconnu par les marchés internationaux et cela est très important pour restaurer la crédibilité extérieure de l'économie brésilienne», a souligné le président de la Bourse de Sao Paulo, Raymundo Magliano Filho.

A l'aile gauche du PT, cette nomination n'a pas été reçue avec le même enthousiasme: «C'est une personne qui au cours de la longue histoire a servi le système financier international et n'a pas servi les intérêts nationaux», a dit la sénatrice Heloisa Helena, qui est membre du comité des questions économiques du Sénat. Ce comité devra approuver la nomination de Meirelles. Il y a quelques jours, des membres du comité avaient dit qu'ils pourraient se prononcer contre le nouveau président si celui-ci provenait des milieux financiers. «Je suis un peu frustré. Réellement, cela ne nous plaît pas. Nous espérions quelqu'un avec un autre profil», a déclaré le député fédéral Luciano Zica.

La main de fer qui devra maintenir le calme dans ce secteur de la gauche du PT sera précisément celle de Dirceu, le futur chef de cabinet de Lula, qui fut une des figures clés du virage au centre du PT, mais qui, à cause de son passé de gauchiste, a maintenu de bons rapports avec la gauche non conforme.

Article paru dans le quotidien argentin «Pagina 12».

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